JASON ET LES ARGONAUTES (2000)

Malgré ses nombreuses qualités, ce long téléfilm mythologique pâlit de la comparaison face au chef d’œuvre de Don Chaffey et Ray Harryhausen…

JASON ET LES ARGONAUTES

 

2000 – USA

 

Réalisé par Nick Willing

 

Avec Jason London, Frank Langella, Natasha Henstridge, Dennis Hopper, Derek Jacobi, Olivia Williams, Angus Macfayden, Jolene Blalock, Brian Thompson

 

THEMA MYTHOLOGIE

En 2000, la chaîne américaine Hallmark Entertainment, déjà rompue à l’exercice de l’adaptation mythologique avec L’Odyssée (1997), remet le couvert avec Jason et les Argonautes, ambitieuse mini-série réalisée par le britannique Nick Willing. Conçu pour occuper deux créneaux de 90 minutes sur la chaîne câblée, le projet bénéficie d’un budget conséquent – près de 30 millions de dollars – et d’un savoir-faire hérité de nombreuses productions précédentes de Hallmark, centrées sur les grands récits fondateurs. Mais comment ne pas penser au somptueux Jason et les Argonautes réalisé par Don Chaffey en 1963 et sublimé par les effets spéciaux révolutionnaires de Ray Harryhausen ? Cette version Hallmark, malgré ses trois heures de métrage, semble parfois s’y mesurer de manière trop frontale. Le scénario réutilise ainsi plusieurs moments marquants du film original, notamment les harpies persécutant le devin Phinée, le dragon gardien de la Toison d’or, le passage dans les « rochers broyants » ou encore l’incontournable combat contre les squelettes. À ces séquences s’ajoutent quelques autres pans du mythe non visités par Don Chaffey, comme le passage sur l’île de Lemnos ou l’épreuve du taureau cracheur de feu.

La mise en œuvre pâtit hélas d’un recours massif aux images de synthèse, alors en pleine démocratisation dans les productions télévisuelles. Les créatures, autrefois animées image par image par le maestro Harryhausen dans ce qui reste l’un de ses plus grands morceaux de bravoure, sont ici générées par ordinateur, avec des résultats très inégaux qui manquent fatalement de charme et de poésie. Le dragon cornu, par exemple, dont la morphologie sans ailes évoque celui du 7ème voyage de Sinbad, n’a rien de très convaincant. Et que dire du combat contre les squelettes, chef d’œuvre chorégraphique de 1963 mué ici en pantomime ratée dans laquelle s’agitent des adversaires numériques parfaitement intangibles ? En revanche, Nick Willing (révélé en 1997 avec le très remarqué Photographing Fairies) parvient à insuffler un vrai souffle visuel dans la scène des harpies, grâce aux talents du Henson Creature Workshop et à une mise en scène efficace.

Les aventuriers de la Toison d’or

Le film explore quelques pistes narratives inédites : Atalante (Olga Sosnovska), par exemple, développe un amour non réciproque pour Jason (Jason London), instaurant une tension romantique intéressante mais malheureusement inaboutie. Médée (Jolene Blalock), quant à elle, est dépeinte avec une ambiguïté inattendue : séduisante, mystérieuse, mais aussi déjà porteuse de la noirceur tragique que les légendes lui attribuent. Pourtant, le mariage final, qui clôt abruptement la mini-série, laisse un arrière-goût d’inachevé, comme si des intrigues secondaires avaient été sacrifiées sur l’autel de la salle de montage. La musique, composée par Simon Boswell, constitue l’un des atouts majeurs du film. Écrite en seulement six semaines, sa partition conçue pour un orchestre symphonique de 70 musiciens insuffle une belle ampleur épique aux aventures de Jason et de ses compagnons. Après sa diffusion en deux parties sur plusieurs territoires, Jason et les Argonautes sera exploité un peu partout dans le monde sous forme d’un long-métrage de trois heures pour sa distribution sur le marché vidéo. Hallmark poursuivra dans la voie mythologique avec Hercule réalisé en 2005 par Robert Young.

 

© Gilles Penso

À découvrir dans le même genre…

 

Partagez cet article