

Une momie et des morts-vivants surgissent de leur tombe égyptienne ancestrale pour massacrer ceux qui ont profané leur sépulture…
Producteur, scénariste et réalisateur américano-égyptien, Frank Agrama met en scène une bonne dizaine de films en Iran avant de s’attaquer au marché international avec le polar L’Ordre et la violence en 1972 et la parodie Queen Kong en 1976 (qui parait-il agaça beaucoup Dino de Laurentiis, peu enclin à laisser cette concurrence potache entacher son coûteux King Kong). Son film suivant est L’Aube des zombies, qu’il tourne en Égypte avec une équipe majoritairement italienne. Le prologue se situe en plein désert du Caire, au quatrième millénaire avant J.-C. Des esclavagistes à cheval y enlèvent des villageois pour les contraindre à devenir des serviteurs lors de l’enterrement du pharaon Seferaman. Alors qu’ils se tiennent autour du sarcophage, les malheureux sont tués par un gaz toxique et l’entrée de sa tombe est scellée. Des milliers d’années plus tard, trois hommes, Rick (George Peck), Tariq (Ali Gohar) et Karib (Ibrahim Khan), découvrent l’entrée du tombeau et décident de le piller dans l’espoir d’y trouver un trésor. Une vieille femme surgit soudain pour leur annoncer que le tombeau est maudit, mais rien ne stoppe le trio appâté par le gain. Après avoir ouvert l’entrée à coup de dynamite, ils se mettent en quête d’un hypothétique butin.


Cette situation étant installée, voilà que débarque une équipe de photographes et de mannequins américains, venus en Égypte pour une séance de photo de mode avec la bénédiction du gouvernement local. Alors qu’ils découvrent eux aussi le tombeau, au grand dam des pilleurs, ils décident de faire des clichés à l’intérieur. Personne ne se rend compte que la chaleur des projecteurs provoque une réaction chimique sur la momie de Seferaman. Un liquide poisseux commence en effet à se propager sous ses bandelettes et à gargouiller sinistrement. Bien sûr, le pharaon ne va pas tarder à revenir d’entre les morts, prélude à un joyeux massacre que Frank Agrama filme manifestement sous haute influence du cinéma d’horreur italien de l’époque, dans le sillage du Zombie de George Romero. Car L’Aube des zombies est un film hybride. Si le redoutable Seferaman a les allures classiques d’une momie vengeresse (dont le look n’est pas sans évoquer celui de Christopher Lee dans La Malédiction des Pharaons), l’armée des morts qui l’accompagne n’aurait pas dépareillé dans un film de Lucio Fulci.
L’enfer des momies
La séquence de leur résurrection, au cours de laquelle ils émergent de la terre en gémissant, affublés de haillons déchiquetés et exhibant des visages putréfiés, semble presque échappée de L’Enfer des zombies. Ces cadavres ambulants se repaissent d’ailleurs de la chair et des entrailles des vivants. D’où un titre français qui oublie toute référence aux momies pour évoquer frontalement Dawn of the Dead. Pour se conformer à ses références horrifiques, L’Aube des zombies ne lésine pas sur le gore. Décapitations, têtes qui se décomposent, peau calcinée, coup de machette dans le crâne, gorge arrachée à coups de dents, énucléations, éviscérations à mains nues, c’est un carnage en bonne et due forme qui vaudra au film de nombreuses démêlées avec la censure anglaise, exigeant près de deux minutes de coupes pour pouvoir l’exploiter. Dans la lignée des sous-Zombie qui fleurirent sur les écrans à la fin des années 70, L’Aube des zombies ravira les amateurs d’horreur graphique mais aussi les fans de comique involontaire, car le jeu outré de la plupart des acteurs (notamment de George Peck, qui prononce chacune de ses répliques en hurlant, en écarquillant les yeux et en ouvrant grand la bouche) vaut son pesant de cacahuètes.
© Gilles Penso
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