

Ce crossover biblico-mythologique improbable mélange les légendes pour orchestrer un affrontement musclé en plein Moyen-Orient…
ERCOLE SFIDA SANSONE
1963 – ITALIE
Réalisé par Pietro Francisci
Avec Kirk Morris, Enzo Cerusico, Richard Lloyd, Liana Orfei, Diletta D’Andrea, Fulvia Franco, Aldo Giuffrè, Andrea Fantasia, Marco Mariani, Pietro Tordi, Aldo Pini
THEMA MYTHOLOGIE I DIEU, LES ANGES, LA BIBLE
Souvent considéré comme l’un des derniers grands représentants du péplum mythologique, Hercule, Samson et Ulysse est la suite directe des Travaux d’Hercule (1958) et de Hercule et la Reine de Lydie (1959), tous deux déjà réalisés par Pietro Francisci et incarnés par Steve Reeves. Ce dernier étant pris par le tournage de Sandokan le Grand, c’est le culturiste italien Kirk Morris qui hérite ici de la peau de bête du héros. Andrea Fantasia assure la continuité, reprenant le rôle du roi Laërte, souverain d’Ithaque où Hercule mène une paisible vie de famille avec Iole, désormais incarnée par Diletta D’Andrea, Sylva Koscina étant indisponible. Le film suggère même que plusieurs années se sont écoulées, puisque le couple a un fils. Le jeune « chien fou » Ulysse est toujours de la partie, bien qu’interprété cette fois par Enzo Cerusico. Cela dit, malgré sa présence dans le titre américain et français, le héros de l’Odyssée n’a qu’un rôle secondaire dans cette nouvelle aventure (dont le titre original, plus honnête, peut se traduire par « Hercule défie Samson »). L’histoire réunit tout ce beau monde au Moyen-Orient, dans un crossover mythologique parfaitement fantaisiste. Adversaire de poids pour Hercule, Samson est incarné par Richard Lloyd, pseudonyme d’Iloosh Khoshabe, un culturiste iranien à la carrure impressionnante, parfait sous la défroque du célèbre géant biblique.


À Ithaque, paisible royaume grec gouverné par le roi Laerte, un monstrueux cétacé sème la terreur parmi les pêcheurs locaux. Alerté par une délégation affolée, le souverain décide d’envoyer son plus valeureux champion, Hercule, pour en finir avec la bête. Accompagné d’un équipage aguerri, le demi-dieu embarque avec à son bord le jeune Ulysse, fils du roi. La confrontation avec le monstre est brutale. Hercule parvient à le transpercer de sa lance, mais la mer se déchaîne dans un ultime sursaut de la créature mourante. Le navire est englouti par la tempête, et seuls six hommes survivent. Après des jours à la dérive sur les restes de l’embarcation, façon Le Radeau de la Méduse, Hercule, Ulysse et leurs compagnons échouent sur une terre inconnue : la Judée. Cherchant à rentrer chez eux, les naufragés marchent jusqu’au village des Danites, un peuple opprimé par les cruels Philistins. Espérant trouver un navire pour regagner la Grèce, ils se rendent à Gaza, la capitale ennemie. Mais leur présence attire vite l’attention. Car en chemin, Hercule affronte et étrangle un lion féroce sous les yeux médusés des locaux. À cause de cet exploit, le colosse grec est pris pour un célèbre fugitif danite, Samson, que les Philistins traquent sans relâche.
Monstres gentils et Philistins nazis
Ce n’est pas tant le gloubi-boulga mythologique du scénario qui gêne – Samson, Dalilah, Hercule, Ulysse, pourquoi pas les Trois Mousquetaires et Billy le Kid ? – que le manque de magie et de fantaisie de ce récit qui évoque pourtant les dieux et les monstres. Mais dès l’entame, en essayant de faire passer un phoque innocent pour un redoutable monstre marin – avec force gros plans et mugissements sourds -, le film provoque plus de rire que d’effroi. Même le dragon godzillesque qui surgissait dans Les Travaux d’Hercule nous paraissait plus impressionnant que ce paisible mammifère. Plus tard, les compagnons d’Hercule hurlent au monstre face à… une vache ! On l’a compris, ce ne sont pas les créatures fantastiques qui seront les mieux mises en valeur dans le film, malgré un combat musclé contre un lion qui semble vouloir s’inspirer du premier des célèbres travaux d’Hercule. Les héros culturistes, eux, ne déméritent pas. Kirk Morris n’a certes pas le charisme de Steve Reeves mais sa présence physique reste impressionnante. Quant à Richard Lloyd, c’est un très convaincant Samson, qui n’est d’ailleurs pas sans évoquer Victor Mature. La séquence où il mitraille les soldats avec des javelots est un morceau de choix, tout comme le combat de catch entre les deux héros au milieu des ruines qui s’effondrent comme des châteaux de cartes, ou encore une bataille finale riche en suspense. Hercule, Samson et Ulysse assure donc le spectacle, s’émaillant même de pics de violence inattendus (crucifixions, pendaisons, massacres en masse – y compris les femmes et les enfants) pour décrire les méfaits des Philistins qui – nous ne sommes plus à un anachronisme près – sont affublés de casques allemands de la Seconde Guerre mondiale !
© Gilles Penso
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