GINGERDEAD MAN VS. EVIL BONG (2013)

Ne reculant devant aucun délire, le producteur Charles Band orchestre le crossover de deux de ses franchises les plus improbables…

GINGERDEAD MAN VS. EVIL BONG

 

2013 – USA

 

Réalisé par Charles Band

 

Avec John Patrick Jordan, Robin Sydney, Sonny Carl Davis, Peter Badalamenti, Amy Paffrath, Charles A. Rearden, Ryan Curry, Victoria Levine, Timothy A. Bennett

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS I MAGIE ET SORCELLERIE I PETITS MONSTRES I SAGA GINGERDEAD MAN I EVIL BONG I CHARLES BAND

Après un premier film au concept délirant et deux suites ultra-parodiques bourrées d’autodérision (l’une située sur un plateau de tournage de film d’horreur, l’autre dans une patinoire disco des années 70), comment faire encore évoluer la « saga » Gingerdead Man en repoussant les limites de ce que les spectateurs sont en droit d’attendre ? En toute logique, Charles Band demande à William Butler, auteur des trois opus précédents, de lui proposer des idées pour un quatrième épisode. « Lorsque Charlie est venu me voir et m’a dit : “Tu veux bien en faire un autre ?“, je lui ai répondu, comme toujours : “Je ne ferai une suite que si je peux faire ce que je veux.“ », raconte Butler. « Or je voulais que le Gingerdead Man aille au pôle Nord pour assassiner le Père Noël. Et que le film soit tourné à la manière de JFK ! Mais Charlie m’a simplement répondu : “Pas question, tu vas trop loin !“ » (1) Persuadé qu’un tel film risque de coûter trop cher et que les fans ne seront peut-être pas prêts à suivre un concept aussi loufoque, Band préfère se rabattre sur un principe qu’il adore depuis les Universal Monsters des années 40 : le crossover. Coutumier du fait (il produisit notamment Dollman vs. Demonic Toys et Puppet Masters vs. Demonic Toys), le producteur assure lui-même la réalisation de Gingerdead Man vs. Evil Bong dont il confie le scénario à Kent Roudebush.

Trois filles aux seins hypertrophiés, incrustées devant un décor de plage, s’agitent lascivement devant le Gingerdead Man, qui se prélasse sur un transat. Voilà comment le film commence, annonçant d’emblée à quel niveau le spectateur doit placer ses exigences. Le biscuit psychopathe nous apprend qu’il cherche à se venger de Sarah Leigh (Robin Sydney), la pâtissière qui, jadis, le condamna à errer dans ce petit corps croustillant. Or la boutique dans laquelle elle travaille se trouve de l’autre côté de la rue du magasin de Larnell (John Patrick Jordan), le héros de la franchise Evil Bong. Pour nous remettre les idées en place (et gagner du temps sur une intrigue qui n’avance qu’à la vitesse d’un escargot), Charles Band nous impose alors un long flash-back de 8 minutes résumant les péripéties des trois premiers Evil Bong. Larnell est désormais en couple avec Velicity (Amy Paffrath) et cache aux yeux de tous le bong maléfique qui lui causa tant de soucis par le passé, et dont il rêve de percer le secret. Lorsque l’objet est libéré par le représentant de commerce Rabbit (Sonny Carl Davis) et que le Gingerdead Man surgit pour assouvir sa vengeance, l’improbable crossover peut commencer…

Le Charles Band Cinematic Universe

Décevant pour ceux qui apprécièrent les délires de Gingerdead Man 2 et Gingerdead Man 3 (autrement plus inventifs et culottés), ce quatrième opus offre cependant de quoi redynamiser la franchise Evil Bong qui, elle, commençait à tourner en rond. Charles Band tient d’ailleurs à muer ce film en véritable medley de l’univers Full Moon. Les clins d’œil et les « guest stars » abondent donc. King Bong et les gâteaux psychopathes de Gingerdead Man 3 pointent le bout de leur nez, une poupée d’Ooga Booga et la Leech Woman de Puppet Master font de la figuration, Hambo (le fermier au nez de cochon vu dans Zombies vs. Strippers et Ooga Booga) passe lui-même une tête, tout comme la bimbo siliconée Masuimi Max et le clownesque Peter Badalamenti (qui jouaient tous deux dans Unlucky Charms). Robin Sydney elle-même, qui interprète deux rôles bien différents dans les franchises Evil Bong (la délurée Luann) et Gingerdead Man (la très sage Sarah), pousse le délire un cran au-dessus en interprétant ici les deux personnages simultanément, le temps d’une scène de dispute savoureuse. Cette véritable foire d’empoigne se fend en outre de gags référentiels à Shining (le biscuit tueur qui défonce une porte à la hache et passe sa tête dans le trou en criant « Here’s Ginny ! ») et Superman (la reprise du tribunal kryptonien). Ce grain de folie permanent masque bien mal l’absence d’une intrigue digne de ce nom, mais les fans – pas trop exigeants – du « Charles Band Cinematic Universe » ont largement de quoi se sustenter.

 

(1) Propos extraits du livre « It Came From the Video Aisle ! » (2017)

 

© Gilles Penso

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