PUPPET MASTER VS. DEMONIC TOYS (2004)

Ce crossover entre jouets maléfiques met en vedette Corey Feldman dans le rôle d’un descendant du « maître des poupées » André Toulon…

PUPPET MASTER VS. DEMONIC TOYS

 

2004 – USA

 

Réalisé par Ted Nicolaou

 

Avec Corey Feldman, Vanessa Angel, Danielle Keaton, Silvia Suvadova, Bikolai Sotirov, Dessislava Maicheva, Velizar Binev, Angelina Hadjimitvoa

 

THEMA JOUETS I DIABLE ET DÉMONS I SAGA PUPPET MASTER I CHARLES BAND

L’idée de faire se croiser les créatures des franchises Puppet Master et Demonic Toys trottait dans la tête de Charles Band depuis le début des années 90. Il était même question que ce crossover soit mis en production après Puppet Master III. Mais le projet fut plusieurs fois repoussé, et après la dégringolade qualitative des derniers épisodes de la saga Puppet Master (notamment un Puppet Master : The Legacy relevant presque de l’arnaque commerciale), le fondateur de Full Moon Entertainment décida de céder les droits de cette idée à un autre producteur, en l’occurrence Jeff Franklin. Aussi étrange que cela puisse paraître, Puppet Master vs. Demonic Toys est donc un film auquel Charles Band ne participe ni de près ni de loin. Pour autant, plusieurs de ses proches collaborateurs s’embarquent dans l’aventure, notamment le scénariste C. Courtney Joyner, le réalisateur Ted Nicolaou et les créateurs d’effets spéciaux Jeff Farley et Chris Bergschneider. Cette petite équipe doit faire face à des délais impossibles. Les préparatifs du film s’amorcent en effet en juin 2004 pour une diffusion prévue sur Sci-Fi Channel cinq mois plus tard. Le tournage en Bulgarie prend donc des allures de course contre la montre, Ted Nicolaou mentionnant souvent Puppet Master vs. Demonic Toys comme l’un des pires souvenirs de sa carrière.

À travers ses variantes musicales autour de « Jingle Bells », le compositeur Peter Bernstein nous prévient dès le générique de début : Puppet Master vs. Demonic Toys est une sorte de conte de Noël déviant qui semble indécis sur la cible visée, à la fois les enfants en quête d’histoires pour frissonner, les ados amateurs de films d’horreur et les adultes nostalgiques des premiers Puppet Master. Le style oscille donc entre l’humour bon enfant, la satire gentillette des méchantes corporations industrielles et quelques brefs écarts érotico-gores. La première surprise du film est le choix de son interprète principal, en l’occurence Corey Feldman. Alors âgé de 33 ans, l’ancienne coqueluche du cinéma de genre des années 80 (Gremlins, Les Goonies, Génération perdue) joue Robert Toulon, l’arrière-petit neveu du maître des poupées André Toulon. Le problème, c’est que le personnage est écrit pour un acteur âgé. Or Feldman a beau porter une perruque grisonnante et érailler sa voix, il n’a aucune crédibilité dans le rôle de ce professeur Tournesol bougon et rabougri, père d’une fille incarnée par Danielle Keaton qui n’a que 15 ans d’écart avec lui ! La majorité du film reposant sur la relation entre Robert Toulon et sa fille Alex, il faut une sacrée dose de suspension d’incrédulité pour entrer dans l’histoire.

Toulon père et fille

De toutes façons, l’intrigue du film est délibérément absurde. Tandis que Toulon père et fille trouvent la formule qui permettra de ranimer quatre poupées de leur ancêtre (Six-coups, Blade, Jester et Pinhead) dénichées au marché aux puces de Paris (!), la maléfique Erica Sharpe (Vanessa Angel), à la tête d’un empire de l’industrie du jouet, sacrifie des vierges, passe un marché avec le démon Bael (Chris Bergschneider sous un maquillage exubérant) et inonde le marché de joujous démoniaques (le bébé flatulent Baby Oopsy, l’ours carnassier Grizzly Teddy et le clown hurleur Jack Attack) en vue d’un grand massacre le jour de Noël. Les Toulon vont s’opposer à ses plans machiavéliques, avec l’aide des poupées ressuscitées et d’une femme flic acquise à leur cause (Silvia Suvadova). Les poupées originales n’étant plus disponibles, Jeff Farley et Mark Shostrom les reconstruisent du mieux qu’ils peuvent, ce qui n’empêche pas de déceler quelques différences morphologiques (visage moins fin pour l’un, corps moins trapu pour l’autre). Si quelques fils sont encore visibles pendant l’animation, la mécanique est plutôt au point et certaines actions accélérées tentent de compenser l’absence de la stop-motion. Au cours du climax, les poupées sont relookées par Toulon (Six-Coups est équipé de pistolets lasers, Pinhead a des mains de cyborg) pour leur affrontement final avec les Demonic Toys, mais ce combat frustrant ne dure que quelques minutes, d’où une légitime frustration lors du visionnage de cet épisode un peu à part. Charles Band récupèrera les droits de ses jouets favoris pour les opus suivants.

 

© Gilles Penso


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