HOCUS POCUS : LES TROIS SORCIÈRES (1993)

Condamnées et exécutées à Salem au 17ème siècle, trois sorcières grotesques réapparaissent au milieu des années 90 pour semer la panique…

HOCUS POCUS

 

1993 – USA

 

Réalisé par Kenny Ortega

 

Avec Bette Midler, Sarah Jessica Parker, Kathy Najimy, Omri Katz, Thora Birch, Vinessa Shaw, Amanda Shepherd, Larry Bagby, Tobias Jelinek, Stephanie Faracy

 

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE

Tout commence un soir tranquille, dans le jardin du proucteur David Kirschner qui, en compagnie de sa fille, voit passer un chat noir du voisinage. Aussitôt, il improvise une histoire effrayante sur trois sorcières revenues d’entre les morts : les sœurs Sanderson. C’est à partir de cette anecdote que germe l’idée de Hocus Pocus. Le concept prend forme en 1984 sous la plume de Mick Garris (Critters 2, La Nuit déchirée), dans un premier script baptisé Disney’s Halloween House. Volontairement sombre et effrayante, cette première version vise un public pré-adolescent, ses héros étant tous âgés de 12 ans. Enthousiastes, Garris et Kirschner proposent le projet à Amblin Entertainment, la société de Steven Spielberg. Mais ce dernier préfère éviter de co-produire un film avec Disney, qu’il considère alors comme un concurrent direct sur le créneau du divertissement familial. Le scénario subit alors plusieurs réécritures. L’histoire finit par s’éloigner de celle d’un film d’horreur jeunesse pour se teinter d’humour et viser un public familial. Malgré ce lifting scénaristique, le projet reste en suspens… jusqu’à ce que Bette Midler tombe sur le script. Fascinée par le rôle de Winifred Sanderson (initialement écrit pour Cloris Leachman), elle imagine Hocus Pocus comme une récréation idéale au sein de sa carrière. Sa notoriété fait décoller le projet instantanément en 1992.

En 1693, à Salem, les redoutables sœurs Sanderson, Winifred (Bette Midler), Sarah (Sarah Jessica Parker) et Mary (Kathy Najimy), sont condamnées pour sorcellerie. Avant d’être pendues, elles ont le temps de jeter un dernier sort : si jamais une bougie à la flamme noire est allumée un soir d’Halloween par un innocent, elles reviendront d’entre les morts. Leur dernière victime est Thackery Binx, un jeune garçon transformé en chat noir éternel pour avoir tenté de sauver sa sœur. Trois siècles plus tard, en 1993, la légende est presque oubliée. Max Dennison (Omri Katz), adolescent fraîchement débarqué de Los Angeles, peine à s’adapter à sa nouvelle vie à Salem. Pour impressionner Allison (Vinessa Shaw), la plus jolie fille du lycée, il accepte de visiter avec elle et sa petite sœur Dani (Thora Birch) l’ancien repaire des sorcières, désormais transformé en musée. Dans un moment de bravade, Max allume la fameuse bougie noire… et réveille les sœurs Sanderson dans un déchaînement d’éclairs et de poussière magique.

« I Put a Spell on You”

Sur ce postulat plutôt maigre, le scénario de Hocus Pocus épuise rapidement toutes les situations comiques envisageables. Cette légèreté narrative s’encombre, de surcroît, de fautes de goût qui n’arrangent rien. Les héros adolescents, qui semblent tout droit sortis d’une sitcom américaine, sont d’une fadeur affligeante. Seule Thora Birch, déjà très expressive à l’âge de onze ans, tire son épingle du jeu. La future héroïne d’American Beauty nous évoque même par instants Mercredi, la fillette macabre de la famille Addams. Les sorcières elles-mêmes sont trop grimaçantes pour plaire et trop grotesques pour effrayer. Leurs agissements, censés provoquer le rire ou l’inquiétude, ne suscitent donc que l’indifférence, voire l’ennui. Que reste-t-il finalement à sauver de ce Hocus Pocus ? Un chat noir qui bavarde avec les héros (grâce à des effets visuels très habiles), un vieux grimoire de sorcellerie digne du Livre des morts d’Evil Dead, un désopilant numéro musical de Bette Midler qui interprète sur scène « I Put a Spell on You », et toute une série de trouvailles visuelles et d’effets spéciaux à base de voltiges et de pouvoirs magiques qui vont parfois jusqu’à évoquer Le Magicien d’Oz ou Mary Poppins. Mais les petits bijoux de Victor Fleming et Robert Stevenson baignaient dans une féerie et un onirisme qui font hélas constamment défaut au film de Kenny Ortega.

 

© Gilles Penso

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