THE RITUAL – L’EXORCISME D’EMMA SCHMIDT (2025)

Al Pacino incarne un vieil exorciste missionné pour chasser le démon qui s’est emparé d’une jeune paroisienne…

THE RITUAL

 

2025 – USA

 

Réalisé par David Midell

 

Avec Al Pacino, Dan Stevens, Ashley Greene, Abigail Cowen, Patrick Fabian, Patricia Heaton, Maria Camila Giraldo, Meadow Williams, Courtney Rae Allen

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS

Contrairement à ce qu’affirme fièrement sa campagne marketing, le scénario de The Ritual ne s’appuie pas sur les faits qui ont inspirés L’Exorciste mais sur une autre affaire véridique survenue en 1928 dans l’Iowa. L’histoire d’Emma Schmidt fit l’objet d’un ouvrage de Carl Vogl, Begone Satan !, publié en 1935 et relatant en détail la possession de cette jeune femme ainsi que les rituels mis en place pour l’exorciser. Fascinés par ce récit, le réalisateur David Midell et son coscénariste Enrico Natale décident d’en tirer un long-métrage. Le projet prend de l’ampleur en 2023 lorsqu’Al Pacino est annoncé en tête d’affiche. Voir celui qui incarnait jadis le Malin, dans L’Associé du diable, entrer cette fois-ci dans la soutane d’un émissaire de l’église catholique ne manque pas d’ironie. À ses côtés, Ben Foster est sélectionné pour incarner un jeune prêtre sceptique. Mais trois mois après le début du tournage, sans raison officielle, Foster quitte la production pour être remplacé par Dan Stevens, acteur éclectique qui fut tour à tour la Bête de La Belle et la Bête, le chef des gangsters d’Abigail ou l’androïde d’I’m Your Man. À leurs côtés, Ashley Green (la fiancée zombie de Burying the Ex de Joe Dante) joue une religieuse que cette affaire ne va pas laisser indemne, et la jeune Abigail Cowen campe la « possédée », adoptant en début de métrage un look qui rappelle beaucoup celui de Sissi Spacek dans Carrie.

En 1928, dans la paisible petite ville agricole d’Earling, au fin fond de l’Iowa, une jeune femme nommée Emma Schmidt est tourmentée par des terreurs nocturnes, connaît des accès de violence, parle des langues qu’elle n’a jamais apprises et manifeste une haine anormale envers tout ce qui est sacré. Sa famille, de fervents catholiques, est convaincue qu’elle est possédée et sollicite l’aide de l’Église. Leur appel désespéré parvient au père Theophilus Riesinger, un vieux prêtre capucin ayant déjà mené de nombreux exorcismes. Riesinger se rend dans l’Iowa et décide de lancer aussitôt une série de rituels visant à chasser le diable, accompagné à contrecœur par le jeune responsable de la paroisse locale, le père Joseph Steiger. Ce dernier, ébranlé par le récent suicide de son frère, doute de la réalité de la possession démoniaque et préfèrerait solliciter l’intervention du corps médical. Mais lorsqu’il rencontre Emma et assiste à ses agissements inexplicables, son scepticisme commence à vaciller.

« Nous sommes l’armée du Seigneur »

Avec ses prises de vues caméra à l’épaule, ses petits coups de zoom et ses recadrages abrupts, la mise en scène de David Midell cherche à accentuer le caractère documentaire du film – sans pour autant céder aux tics du « found footage ». The Ritual tient en effet à garder une patine réaliste et non-spectaculaire, égrenant les séances d’exorcisme et comptabilisant le nombre de rituels un par un, jour après jour. La partie la plus intéressante du film – qui était aussi au cœur de l’approche de William Friedkin dans L’Exorciste – est la confrontation entre la vieille génération représentée par le frère capucin et celle d’un jeune prêtre qui commence sérieusement à douter de sa propre foi. Ici, le cartésianisme et la quête d’explication rationnelle s’opposent à la vision religieuse et spirituelle. Et comme le film prend soin de choisir le personnage incarné par Dan Stevens comme pôle d’indentification des spectateurs, la démarche du père Theophilus Riesinger, qui affirme avec aplomb « nous sommes l’armée du Seigneur », laisse forcément perplexe. Ne faut-il pas y voir un excès de bigoterie fanatique ? Au-delà du choc culturel entre les deux hommes, une sorte d’attirance mutuelle – pas très catholique – semble se dessiner de manière sous-jacente entre le père Steiger et la sœur Rose. C’est bien sûr dans cette faille que va tenter de s’engouffrer le démon. S’il est solidement mis en scène et interprété avec conviction, The Ritual finit hélas par s’affaisser sous le poids de sa prolifique ascendance. Car depuis Friedkin, les films d’exorcismes n’ont cessé de pulluler sur les écrans, et force est de constater que celui-ci n’apporte rien de particulièrement neuf, nous laissant finalement sur notre faim.

 

© Gilles Penso

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