L’APPRENTI SORCIER (2010)

Nicolas Cage joue les vieux magiciens dans cette improbable relecture du plus fameux des segments de Fantasia

THE SORCERER’S APPRENTICE

 

2010 – USA

 

Réalisé par John Turtlebaub

 

Avec Nicolas Cage, Jay Baruchel, Alfred Molina, Teresa Palmer, Toby Kebbell, Omar Benson Miller, Monica Bellucci, Alice Krige, Robert Capron, Ian McShane

 

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE

Tout commence par une idée de Nicolas Cage. Fasciné par les pouvoirs magiques et les univers ésotériques, l’acteur le plus exubérant de sa génération rêve d’incarner un sorcier moderne. À la suite d’une discussion avec le producteur Todd Garner germe alors le projet d’adapter sous forme d’un long-métrage contemporain le célèbre segment musical de Fantasia dans lequel Mickey anime maladroitement des balais pour faire le ménage. Disney valide officiellement le projet en 2007. La réalisation échoit à Jon Turteltaub, déjà complice de Cage sur Benjamin Gates. Pour bien faire comprendre ses origines, le film tient à multiplier les clins d’œil directs à son illustre modèle. Le morceau symphonique de Paul Dukas, « L’Apprenti Sorcier », résonne donc dans une séquence humoristique où le héros tente de nettoyer son laboratoire en animant des balais, avec les mêmes conséquences désastreuses qu’en 1940. Plus loin, une apparition du chapeau de Mickey dans une scène post-générique est destinée aux spectateurs les plus patients. C’est amusant, certes, mais il ne nous faut pas longtemps pour comprendre que l’élégance et la poésie ne seront pas au programme. Car cet Apprenti sorcier est un blockbuster tapageur qui cumule tous les tics inhérents aux productions Jerry Bruckheimer.

L’histoire démarre en 740 après J.-C., en Angleterre. Merlin l’Enchanteur y transmet son savoir à trois disciples : Balthazar (Nicolas Cage), Horvath (Alfred Molina) et Veronica (Monica Bellucci). Mais Horvath trahit son maître en rejoignant la diabolique Morgane (Alice Krige). Celle-ci tue alors Merlin et tente de lever une armée de morts. Pour l’en empêcher, Veronica se sacrifie et laisse son esprit fusionner avec celui de Morgane. Balthazar les enferme alors dans une poupée gigogne magique en attendant de trouver l’héritier du grand enchanteur. Avant de mourir, Merlin lègue à Balthazar une bague argentée en forme de dragon, destinée au futur élu, celui qui sera « le premier Merlinien ». Et voilà Balthazar parti en quête de ce jeune sorcier pendant des siècles. Jusqu’aux années 2000, où il croise le chemin d’un jeune New-Yorkais nommé Dave Stutler (Jay Baruchel). Lors d’une sortie scolaire, Dave entre dans un étrange magasin d’antiquités, y rencontre Balthazar et, sans le vouloir, libère Horvath de sa prison magique. La bague dragon reconnaît le garçon et s’enroule autour de son doigt. Pas de doute : c’est lui, l’élu.

Allez, du balai !

Dès ses premières minutes, L’Apprenti sorcier expose son principal défaut : une balourdise générale qui contamine l’ensemble du film. Le scénario est archétypal, les dialogues sans finesse, la mise en scène tape à l’œil, la musique envahissante. Nicolas Cage, en imperméable de cuir et cheveux en bataille, cabotine avec un plaisir manifeste, mais son petit numéro nous lasse rapidement. Jay Baruchel, de son côté, est censé permettre aux jeunes spectateurs de s’identifier. Peine perdue, tant il cumule les tics du geek hollywoodien sans y insuffler la moindre originalité. Alors certes, le spectacle est au rendez-vous : une statue de taureau prend vie et charge dans les rues, un dragon géant surgit d’un défilé chinois à Chinatown en crachant des flammes et en détruisant un immeuble avant de mourir dans un brasier purificateur, Balthazar chevauche un aigle métallique en pleine ville… Les scènes d’action s’enchaînent sans perte de rythme. Mais ce tempo infernal ressemble surtout à une volonté d’annihiler les sens des spectateurs pour les enivrer d’effets numériques et les gorger de « sucreries visuelles ». Les clins d’œil à la culture populaire, assénés à grands coups de maillets, n’arrangent rien. Les plus édifiants ? La reprise de la réplique « ce ne sont pas les droïdes que vous cherchez » empruntée à La Guerre des étoiles ou la récupération de la statuette sur le socle façon Les Aventuriers de l’arche perdue. Nous aurions sincèrement aimé que la magie du film fonctionne vraiment, mais il n’y a hélas pas grand-chose à sauver de cet Apprenti sorcier. Reste à revoir Mickey et ses balais dans Fantasia pour se consoler un peu.

 

© Gilles Penso

À découvrir dans le même genre…

 

Partagez cet article