

Tarzan, Jane et Boy doivent faire face à deux explorateurs cupides prêts à tout pour mettre la main sur un gisement d’or caché dans la jungle…
TARZAN’S SECRET TREASURE
1941 – USA
Réalisé par Richard Thorpe
Avec Johnny Weissmuller, Maureen O’Sullivan, Johnny Sheffield, Reginald Owen, Barry Fitzgerald, Tom Conway, Philip Dorn, Cordell Hickman, Everett Brown
THEMA EXOTISME FANTASTIQUE I TARZAN
Cette cinquième aventure de Tarzan orchestrée par le studio MGM s’appuie sur les talents artistiques qui surent faire s’épanouir avec succès cette franchise exotique très librement inspirée des écrits d’Edgar Rice Burroughs. Johnny Weissmuller, Maureen O’Sullivan et Johnny Sheffield répondent donc toujours présents, dans les rôles respectifs de l’homme singe, de sa compagne Jane et de leur fils adoptif Boy, tandis que Richard Thorpe, réalisateur des deux opus précédents, assure à nouveau la mise en scène. Le script, en revanche, est confié à deux nouveaux venus dans la saga, Myles Connolly (co-auteur non crédité de Monsieur Smith au sénat) et Paul Gangelin (futur scénariste de l’improbable Serre géante). Les deux hommes sont de vieux routiers à Hollywood, mais force est de constater que pour Le Trésor de Tarzan, ils se reposent un peu sur les acquis. Il faut dire que la grande majorité des situations possibles dans le contexte défini par le premier Tarzan l’homme singe ont déjà été exploitées dans les quatre épisodes précédents (les confrontations contre les animaux de la jungle, les tribus hostiles, les hommes blancs armés de leurs fusils). D’où un irrépressible sentiment de déjà vu, renforcé par la réutilisation intensive de séquences provenant des autres films de la série.


« Au cœur de l’Afrique, au-delà de tous les sentiers connus des chasseurs blancs, se trouve un escarpement, une falaise abrupte qui, selon la légende, s’élève depuis les plaines pour soutenir les étoiles », nous annonce un texte en début de métrage. Alors que Boy et Cheeta s’amusent dans la jungle, le cri impressionnant de Tarzan – et celui, beaucoup moins convaincant, de Jane – retentissent dans la forêt. La joyeuse famille se réunit bientôt au sommet des arbres, ce qui permet d’apprécier l’étonnante agilité de Johnny Sheffield, accentuée par des effets d’accéléré. Leur quotidien, fait de baignades, de jeux dans la canopée et de repas préparés grâce à des ustensiles bricolés dans la jungle – frigo de fortune, four artisanal et table de cuisine – illustre l’ingéniosité et l’harmonie d’une famille à part, où même l’éléphanteau Buli participe à l’aventure en servant de plongeoir ou de compagnon de jeu. Cette vie idyllique s’apprête à vaciller le jour où Boy, en jouant dans la rivière, découvre des pépites d’or au fond de l’eau. Curieux de nature et de plus en plus fasciné par les récits de Jane sur la civilisation, l’enfant décide de quitter le nid protecteur pour aller à sa rencontre. Son périple le mène jusqu’au jeune Tumbo (Cordell Hickman), membre de la tribu des Ubardis. Mais l’accueil des villageois est loin d’être chaleureux : frappés par une épidémie, ils voient en Boy un porteur de malheur et s’apprêtent à l’offrir en sacrifice sur l’autel de leurs superstitions. Sauvé in extremis par l’expédition du professeur Elliott (Reginald Owen), Boy révèle innocemment la présence d’or, éveillant aussitôt les convoitises…
La soif de l’or
Malgré une mécanique narrative qui commence à se répéter, le charme opère toujours, grâce au charisme impeccable de son irrésistible trio d’acteurs en pagne et au charme suranné de cette jungle de studio. Nettement plus soignés que dans les premiers opus, les effets visuels offrent cette fois l’illusion de falaises vertigineuses grâce aux matte paintings, ou encore de saisissantes confrontations entre enfants et animaux déchaînés – comme ce rhinocéros qui charge via une habile rétro-projection. Le registre comique est également renforcé : la guenon Cheeta monopolise l’écran avec ses grimaces, ses acrobaties et son rire simiesque dans de longues séquences qui lui sont désormais entièrement consacrées. Barry Fitzgerald, en photographe irlandais porté sur la bouteille, ajoute une touche de légèreté supplémentaire. Parmi les moments les plus mémorables du film figure une scène où Tarzan, Boy et les indigènes découvrent pour la première fois une projection cinématographique. À l’instar des spectateurs des frères Lumière, tous reculent instinctivement en voyant un train foncer sur eux. Mais le film sait aussi être brutal, notamment lorsqu’il montre les exactions de la tribu des Jaconis qui attachent leurs prisonniers à des arbres et les écartèlent – les choses sont évidemment suggérées, mais tout de même ! – ou lorsque des crocodiles se jettent sur une nuée de pirogues pour dévorer leurs occupants. Bref, le spectacle est toujours de haute tenue, mais l’on sent bien qu’il est temps de renouveler la formule. Tâche à laquelle s’attèleront Richard Thorpe et ses scénaristes pour l’épisode suivant : Les Aventures de Tarzan à New York.
© Gilles Penso
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