LA SERRE GÉANTE (1957)

Ce volatile extra-terrestre géant est probablement l'un des monstres les plus ridicules de l'histoire du cinéma

THE GIANT CLAW

1957 – USA

Réalisé par Fred F. Sears

Avec Mara Corday, Jeff Morrow, Morris Ankrum, Louis Merrill, Edgar Barrier, Robert Shayne, Frank Griffin, Clark Howat, Morgan Jones

THEMA REPTILES ET VOLATILES I EXTRA-TERRESTRES

Sous contrat chez Columbia pendant toute sa carrière de réalisateur, Fred F. Sears s’est attaqué à de nombreux genres cinématographiques (polar, guerre, western), mais ses deux longs-métrages les plus célèbres sont des œuvres de science-fiction. Si le premier, Les Soucoupes Volantes Attaquent, est resté fameux pour les prodigieux effets spéciaux de Ray Harryhausen, le second, The Giant Claw, doit sa célébrité à la médiocrité absolue de ses trucages. Ce grand écart est d’autant plus étonnant que les deux films s’enchaînent dans la filmographie de Sears. Nathan Juran connaîtra un sort similaire en tournant tour à tour le fabuleux 7ème Voyage de Sinbad et le grotesque Attack of the 50 foot Woman. Dès ses premières minutes, The Giant Claw nous assène un style pesant, une voix off sentencieuse paraphrasant tout ce qui se passe à l’écran pour tenter de dramatiser une intrigue assez improbable. Alors que des chercheurs étudient les cieux depuis une base installée en Arctique par le gouvernement américain, un objet volant non identifié, invisible pour les radars, est signalé par plusieurs témoins, et des avions se mettent à disparaître sans explication. Aux premières loges, le couple vedette du film, Jeff Morrow (Les Survivants de l’Infini) et Mara Corday (Tarantula), atterrit en catastrophe en rase campagne et est recueilli par un autochtone canadien qui parle français comme une vache espagnole. Une nuit d’orage, le brave homme croit voir « la Cacania », un oiseau monstrueux qui, selon la superstition locale, annonce une mort prochaine.

Prudent, le réalisateur noie d’abord son monstre dans le brouillard, se bornant à cadrer une forme floue qui traverse furtivement le ciel. Mais, conscient que le spectateur ne se contentera pas de cette abstraction volante, il finit par se montrer plus démonstratif. Hélas, le producteur Sam Katzman ayant jugé bon de sous-traiter la fabrication de la créature à d’obscures maquettistes mexicains pour économiser un peu d’argent, le résultat atteint les plus hautes cimes du ridicule. Une morphologie de poulet frippé, des yeux globuleux, un grand bec tordu garni de dents en plastique, un joli toupet qui orne le sommet de son crâne, des cris de coucou enroué : tel est le monstre diabolique du film, arrachant systématiquement aux spectateurs des hurlements, non de terreur bien entendu mais de rire !

« Cet oiseau est capable d'ouvrir son écran d'anti-matière ! »

Ce qui n’empêche pas les acteurs de débiter des dialogues savants au premier degré, du type : « de toute évidence, cet oiseau est capable d’ouvrir son écran d’anti-matière pour utiliser son bec, ses serres et ses ailes comme des armes destructrices », ou encore « cet oiseau est extra-terrestre, il vient de l’espace, d’une galaxie d’anti-matière, à des millions d’années lumière de la Terre. » Pour essayer de limiter la casse, Fred F. Sears complète les séquences d’attaques avec des stock shots en vrac : archives de l’US Air Force, gens qui courent dans les rues, incendies, bétail en fuite, accidents de voiture, et même des plans empruntés à Les Soucoupes Volantes Attaquent. Mais rien n’y fait : The Giant Claw ressemble à une énorme blague, qui s’achève comme un King Kong au rabais : l’oiseau casse l’Empire State Building puis se fait dégommer par un missile et tombe lamentablement dans l’eau.

 

© Gilles Penso

Partagez cet article