SKELETONS (1997)

Un journaliste new yorkais et sa famille s’installent dans une petite ville américaine qui dissimule de très sombres secrets…

SKELETONS

 

1997 – USA

 

Réalisé par David DeCoteau

 

Avec Ron Silver, Christopher Plummer, Dee Wallace, Kyle Howard, James Coburn, Arlene Golonka, D. Paul Thomas, Paul Bartel, David Graf, Patrick Thomas

 

THEMA TUEURS I SAGA CHARLES BAND

Un film qui s’appelle Skeletons, réalisé par le maître de la série B horrifico-érotique David DeCoteau et produit, entre autres, par Charles Band (grand pourvoyeur de films de genre décomplexés pour le marché vidéo), pouvait laisser attendre un petit slasher léger, destiné à un public adolescent et peu regardant, dans la lignée des collaborations habituelles du duo (Creepozoids, Sorority Babes, Ma prof est une extra-terrestre, Morgana). Pourtant, il n’en est rien. Skeletons se révèle être un thriller horrifique raffiné, élégant et intelligent, porté par un casting prestigieux : Ron Silver (Le Mystère Von Bulöw), James Coburn (Les 7 mercenaires), Dee Wallace (E.T.), Christopher Plummer (L’Homme qui voulut être roi) et Paul Bartel (Usual Suspects). Un choix qui rompt radicalement avec les gauloiseries habituelles que DeCoteau tourne en quelques jours avec des budgets dérisoires. Il faut dire que le réalisateur n’était pas le premier choix des producteurs. Au départ, c’est le prestigieux Ken Russel (Au-delà du réel, Les Diables) qui est aux commandes. « Ken Russell était un visionnaire, mais il n’a pas quitté Skeletons en bons termes », raconte DeCoteau. « Les producteurs se disputaient beaucoup avec lui à cause du budget et du planning. Au moment où ils se séparaient de lui, je tournais un petit film d’action pour la même société, Prey of the Jaguar. Les producteurs ont adoré mon montage. Et c’est là qu’ils m’ont embauché. » (1)

Chapeauté principalement par Jordan Belfort, dont le personnage trouble inspirera Le Loup de Wall Street de Martin Scorsese, Skeletons est le fruit de l’association d’une dizaine de producteurs, parmi lesquels se trouve Charles Band (en « sous-main », et non crédité au générique). L’histoire s’attache à Peter Crane (Ron Silver), un journaliste lauréat du prix Pulitzer qui, après une attaque cardiaque, décide de quitter New York pour la tranquillité d’une petite ville de Nouvelle-Angleterre, en compagnie de son épouse Heather (Dee Wallace) et de son fils Zach (Kyle Howard). Mais il se retrouve bientôt impliqué dans l’affaire d’un homme accusé d’avoir tué son amant homosexuel à coups de pelle. Souhaitant étouffer l’affaire, la ville se retourne contre Peter lorsqu’il commence à fouiller dans ses secrets. Car cette « communauté modèle » veut préserver ses valeurs et un mode de vie solidement établi depuis deux siècles. Or cette affaire trouble dissimule bien plus qu’un simple meurtre. Et personne dans la bourgade ne semble disposé à voir la vérité éclater au grand jour…

Le glissement vers l’horreur

Le contexte du film reste donc très réaliste, en grande partie grâce au jeu subtil et naturel de l’excellente brochette de comédiens réunis à cette occasion. Or plus le récit avance, plus l’enquête policière glisse insidieusement vers l’épouvante. Duel, Délivrance, Les Chiens de paille nous viennent tour à tour à l’esprit, jusqu’à un climax sacrifiant à une imagerie horrifique beaucoup plus frontale, à mi-chemin entre Psychose et Massacre à la tronçonneuse. Mais l’approche reste la plupart du temps sobre et ancrée dans le réel, ce qui ne rend cette intrigue que plus oppressante. Car les travers abordés par le scénario – la violence ordinaire, la bigoterie, l’intolérance, le racisme, l’inceste – n’ont rien de surnaturel. On peut regretter quelques choix de mise en scène un peu faibles (principalement les flash-backs en noir et blanc) et surtout une résolution expédiée en quatrième vitesse. Mais Skeletons tient sacrément bien la route et mériterait de sortir de l’oubli injuste dans lequel il est tombé, d’autant qu’il démontre ce que David DeCoteau est capable de faire lorsqu’il travaille dans des conditions de production décentes et avec des acteurs talentueux.

 

(1) Extrait d’une interview publiée sur The Schlock Pit en 2015

 

© Gilles Penso

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