

Une horde de monstres préhistoriques en stop-motion affrontent des playmates en peaux de bêtes dans cette série B fauchée mais distrayante…
DINOSAUR BABES
1996 – USA
Réalisé par Brett Piper
Avec Jeff Cornello, Rick Bureau, Mike Whitehead, Melissa Ann, Kathi Trotter, Iris Lynne Sherman, Kelly Lynn, Christina Morales, Wayne Calahan, Robert Peterson
THEMA DINOSAURES I EXOTISME FANTASTIQUE I EXTRA-TERRESTRES
Pour Brett Piper, auteur, réalisateur et créateur d’effets spéciaux spécialisé dans les films à tout petit budgets (Mystérieuse planète, Battle for the Lost Planet, Mutant War), Dinosaur Babes ressemblait à un projet de rêve, conçu sur mesure pour lui permettre de rendre hommage à ses idoles Willis O’Brien (King Kong) et Ray Harryhausen (Un million d’années avant JC) tout en surfant sur le succès de Jurassic Park. Mais le rêve s’est rapidement mué en cauchemar. Piper propose d’abord le film à Troma, qui avait déjà distribué son A Nymphoid Barbarian in Dinosaur Hell, mais qui n’a pas le budget nécessaire pour le financer avant son tournage. « J’ai alors trouvé d’autres producteurs, et le film m’a été littéralement volé », raconte Piper. « J’ai écrit le script, j’ai tourné les prises de vues réelles, j’ai réalisé les effets spéciaux et l’animation. Et dès que tous les plans ont été mis en boîte, les producteurs m’ont écarté du projet pour le finir eux-mêmes. Ils ont fait faire un montage qui n’a plus rien à voir avec l’idée initiale. Ils ont placé le dénouement à la place du prologue, c’est bourré de faux raccords et ils ont même conservé des prises ratées dans le montage. Il y a des peintures sur verre dans lesquelles vous voyez des gens qui se reflètent sur la vitre ! C’est la pire chose que j’ai vue de ma vie toute entière. » (1) En voyant le résultat final, les maladresses sautent effectivement aux yeux, mais le film reste très distrayant grâce à la qualité du travail de Piper.


« L’histoire que vous allez découvrir est vraie », nous annonce un carton d’introduction qui ne recule devant rien. « Elle s’appuie sur une série de peintures rupestres découvertes dans le sud de la France, récemment mises à jour par des scientifiques. De crainte des représailles de plusieurs communautés religieuses et scientifiques bien établies, cette histoire a été tenue secrète… jusqu’à aujourd’hui. » Une voix off exagérément grave poursuit le récit dans cette voie pseudo-documentaire absurde, nous apprenant qu’il y a un million d’années, les premiers hommes et les derniers dinosaures coexistèrent brièvement. Ce film est donc fortement déconseillé aux paléontologues férus de rigueur (pré)historique ! Dans cette terre sauvage, une violente tribu de femmes masquées enlève les femelles d’une communauté paisible pour les sacrifier au « roi lézard », autrement dit un grand tyrannosaure. Dès le prologue, nous voyons donc une jeune femme attachée à deux poteaux qui semblent échappés de King Kong, entièrement dévêtue puis livrée à la bête. Trois hommes appartenant à la tribu des captives décident alors de traverser la forêt et de braver mille dangers pour les délivrer…
« D’après une histoire vraie ! »
Les femmes préhistoriques du film étant toutes des pin-ups en maillot de bain, les mâles ressemblant à des beach boys californiens et tout ce beau monde s’exprimant en anglais, on se doute bien qu’il va falloir s’armer de beaucoup d’indulgence pour pouvoir apprécier Dinosaur Babes. D’autant que cette voix off omniprésente n’arrange rien. Mais fort heureusement, les tours de magie de Piper saturent généreusement l’écran. Tour à tour marionnettes animées à la main et figurines en stop-motion, les nombreux dinosaures qui cherchent des noises à nos héros sont de très belles créations, même si les textures et les sculptures manquent un peu de finition. Les scènes audacieuses s’enchaînent alors sans interruption : les hommes préhistoriques qui chassent un brontosaure, la traversée d’une vallée où se dressent de gigantesques statues de dinosaures, le surgissement d’un cératopsien furieux qui détruit tout sur son passage, l’attaque d’un carnotaure… Entre deux scènes d’action, Piper nous offre de très beaux panoramas antédiluviens dignes des peintures de Zdenek Burian, avec des sauropodes qui passent au loin, des ptérosaures qui traversent les cieux, un hadrosaure coincé dans un marécage ou un stégosaure qui s’abreuve. Comme il y a « babes » dans le titre, le film n’est pas non plus avare en scènes de nudité (avec en bonus la scène d’une prisonnière abandonnée aux crocs de mille-pattes aquatiques géants fort peu ragoûtants). Et pour couronner le tout, le scénario intègre un élément de science-fiction qui permet au climax de s’orner d’une fusillade au pistolet laser. Mal monté, affublé d’une musique électronique médiocre, Dinosaur Babes est loin d’être un grand film. Mais si Piper avait pu garder la main, nul doute que le résultat aurait été beaucoup plus cohérent. En l’état, le film s’apprécie tout de même pour ce qu’il est : une série B modeste truffée de grosses bêtes et de jolies filles.
© Gilles Penso
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