THUNDERBOLTS (2025)

Une équipe de mercenaires en bout de course décide d’unir ses forces pour contrer une menace surpuissante et incontrôlable…

THUNDERBOLTS

 

2025 – USA

 

Réalisé par Jake Schreier

 

Avec Florence Pugh, Sebastian Stan, Julia Louis-Deryfus, Lewis Pullman, David Harbour, Wyatt Russell, Hannah John-Kamen, Olga Kurylenko, Geraldine Viswanathan

 

THEMA SUPER-HÉROS I SAGA MARVEL COMICS I MARVEL CINEMATIC UNIVERSE

Ce film Marvel, personne ne l’attendait particulièrement. Des personnages de seconde zone à peine connus du grand public, une campagne marketing à peu près inexistante, une sortie presque honteuse entre deux blockbusters lancés avec perte et fracas (Captain America : Brave New World et Les Quatre Fantastiques : premiers pas)… Autant dire que le film réalisé par Jake Schreier (Robot & Frank) ne partait pas avec beaucoup d’atouts en poche. La surprise n’en est que plus grande. Certes, Thunderbolts n’a rien d’un chef d’œuvre. Mais son statut de « challenger » discret, ses protagonistes complexes et ses nombreuses audaces jouent beaucoup en sa faveur. De là à le positionner comme l’un des meilleurs films Marvel depuis longtemps, il n’y a qu’un pas. Le concept de Thunderbolts ne semble pourtant pas très éloigné de celui de Suicide Squad (ce qui aurait poussé James Gunn à refuser le film, à l’époque où il était encore dans les bonnes grâces de Marvel). Il s’agit en effet de réunir un groupe de marginaux infréquentables (super-vilains, super-héros ratés, tueurs à gage sur le retour) pour en faire une nouvelle équipe de justiciers : le pseudo Captain America John Walker campé par Wyatt Russell (apparu une première fois dans Falcon et le Soldat de l’Hiver), le Red Guardian et sa fille Yelena Belova (David Harbour et Florence Pugh, vus dans Black Widow), Bucky Barnes (toujours interprété par le charismatique Sebastian Stan) et Ava Starr alias Ghost (Hannah John-Kamen, que nous découvrions dans Ant-Man et la Guêpe). « On est des délinquants jetables » dit cette dernière pour résumer la situation.

Thunderbolts commence en Malaisie et positionne Yelena comme le personnage central de ce film choral. Après avoir détruit un laboratoire pour le compte de la directrice de la CIA Valentina Allegra de Fontaine (Julia Louis-Deryfus), la sœur de Black Widow est saisie d’états d’âme face au vide que représente sa vie personnelle. Alors que De Fontaine fait face à une destitution imminente, elle envoie séparément un groupe de mercenaires à sa solde dans une installation secrète pour qu’ils s’entretuent. Son objectif est non seulement d’éliminer les preuves gênantes qui pourraient l’accabler mais aussi toute trace de son implication dans le projet top secret « Sentry » à base d’expérimentations sur des cobayes humains. Au cours du combat qui s’ensuit, les mercenaires en question (Yelena, John Walker et Ava Starr) comprennent qu’ils ont été manipulés et s’associent pour sortir de ce piège. Mais un quatrième larron inattendu se joint à eux bien malgré lui. Il s’agit d’un jeune homme prénommé Bob (Lewis Pullman), tout juste libéré d’une capsule d’animation suspendue et complètement amnésique…

Opération tonnerre

Le nouveau surhomme que met en scène Thunderbolts pourrait tout à fait être un émule de Superman : insensible aux balles, capable de voler comme un missile, ultra-rapide, doté d’une force impensable… Mais c’est aussi un être fragile, instable, au bord du gouffre. Tout l’enjeu du film repose sur le fait qu’il est invincible, et que le combat que cherchent à mener nos anti-héros est donc perdu d’avance. L’idée de faire de ce « nouveau dieu » un outil de marketing au service d’un agenda politique (avec un look qui n’est pas sans évoquer celui de « l’homme nucléaire » de Superman 4 !) nous rapproche des thématiques développées dans The Boys, même si la violence extrême et la crudité sans tabous du show créé par Eric Kripke n’ont évidemment pas leur place chez Marvel. Il n’en demeure pas moins que Thunderbolts pousse le bouchon assez loin, jusqu’à un climax délirant digne d’un cauchemar de Stephen King qui aurait été filmé par Michel Gondry ! Car sous ses apparats de film de super-héros aux recettes éprouvées (avec la bonne dose d’action, d’humour, d’effets spéciaux et de clins d’œil pour les fans), Thunderbolts ose traiter frontalement un sujet inattendu en pareil contexte : la dépression, ses ravages, ses symptômes et la quête désespérée d’un moyen de la traiter en évitant au maximum les dommages collatéraux. Le néant que peuvent ressentir les victimes d’un état dépressif prend ici une forme sinistre et terrifiante, preuve que Thunderbolts joue clairement dans une autre catégorie que ses confrères plus populaires. Raison de plus pour le marquer d’une pierre blanche.

 

© Gilles Penso

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