

Deux jeunes femmes font l’acquisition en plein Hollywood d’une grande maison qui fut le théâtre d’un drame dans les années 1920…
THE DEAD WANT WOMEN
2012 – USA
Réalisé par Charles Band
Avec Jessica Morris, Ariana Madix, Eric Roberts, Jean Louise O’Sullivan, Nihilist Gelo, Robert Zachar, Jeanie Marie Sullivan, Misty Anderson, Robin Sydney
THEMA FANTÔMES I SAGA CHARLES BAND
Visiblement satisfait de son travail sur Killer Eye : Halloween Haunt, Charles Band confie au scénariste Kent Roudebush le script de The Dead Want Women, autour d’un concept qui s’appuie sur des personnages issus du Hollywood de la fin des années 1920. « C’était différent de ce que faisait Charles Band d’habitude », avoue Roudebush. « Cette fois-ci il n’y avait pas de poupées ou de petits monstres, et c’était un véritable hommage au cinéma classique. Charlie en a eu l’idée après avoir appris qu’un tunnel secret sous la maison de Harry Houdini menait à une autre demeure de l’autre côté de la rue. » (1) Après un générique de plus de trois minutes qui égrène des images de quelques classiques du cinéma muet fantastique, Nosferatu, Caligari et Le Fantôme de l’Opéra en tête, The Dead Want Women prend place à Los Angeles en 1927. La star la plus en vue du moment est Rose Pettigrew (Jean Louise O’Sullivan), dont la coiffure n’est pas sans évoquer le fameux « carré à la garçonne » de Louise Brooks. Objet de tous les regards, elle donne une réception mondaine dans sa grande maison, remplie du tout-Hollywood, et se pavane en attendant le tournage imminent de son prochain film.


Derrière les paillettes se cache cependant une face plus sombre, sans doute inspirée par les véritables débauches auxquelles se livraient en douce les gens du cinéma de cette époque insouciante. Dans un sous-sol caché auquel elle accède grâce à un passage secret, Rose organise ainsi des orgies avec des filles nues et trois acteurs qu’elle affectionne tout particulièrement : un pseudo Bela Lugosi capé comme Dracula au corps couvert d’horribles blessures (Robert Zachar), un comique grimaçant coiffé d’un petit chapeau melon (Nihilist Gelo) et un cow boy au sourire ravageur. Ce dernier est incarné par Eric Roberts, le frère aîné de Julia, dont le talent prometteur et la prestation remarquée dans plusieurs films des années 80/90 (dont L’Ambulance de Larry Cohen) furent étouffés dans l’œuf par une infinité de problèmes personnels le condamnant à s’échouer dans une infinité de série B et Z. Lorsque Rose apprend que son contrat avec le studio n’est pas renouvelé et que son prochain film est annulé, la soirée vire au cauchemar et s’achève dans un bain de sang. Huit décennies plus tard, deux jeunes femmes (Jessica Morris et Ariana Madix) font l’acquisition de la maison pour un prix exceptionnellement bas, sans imaginer les inavouables secrets qu’elle abrite…
Fantômes contre fantasmes
Le scénario du film ancre donc ses prémices dans une période clé de l’histoire du cinéma, celle qui vit débarquer le parlant, menaçant la carrière et l’avenir de toutes les stars du muet. Ce moment charnière – moteur des enjeux de Chantons sous la pluie et The Artist, et plus tard de Babylon – sert de starting-block à The Dead Want Women, mais Charles Band ne sait visiblement pas comment l’exploiter correctement. Consacrant beaucoup plus de temps à filmer des séquences d’orgies à l’intérêt très limité (histoire de profiter de l’impudeur de quelques actrices spécialisées dans le X) qu’à s’intéresser à ses personnages, il finit par passer complètement à côté de son sujet. Les fantômes eux-mêmes, qui bénéficient de maquillages spéciaux joyeusement outranciers leur donnant des allures de zombies, œuvre de Tom Devlin, interviennent et agissent de manière totalement aléatoire. Outre le cabotinage excessif des trois acteurs laissés visiblement en roue libre, ces spectres grimaçants sont parfois soumis aux mêmes contraintes physiques que les vivants – ils ouvrent et ferment les portes, souffrent quand on les frappe, meurent quand on leur tire dessus -, d’autres fois non, au gré d’un récit évasif qui patine maladroitement. Dommage d’avoir bâclé un potentiel si intéressant au profit de la sacro-sainte politique de rentabilité immédiate chère aux productions Full Moon.
(1) Propos extraits du livre « It Came From the Video Aisle ! » (2017)
© Gilles Penso
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