Théma TARZAN

Tarzan naît en 1912 sous la plume d’Edgar Rice Burroughs, mais ce n’est qu’en 1932, avec le film Tarzan l’homme singe de W. S. Van Dyke, que son cri de guerre résonne pour la première fois sur grand écran, incarné par l’ancien champion olympique Johnny Weissmuller. Le succès est immédiat. Le personnage puise ses racines dans une fiction forgée à partir de références précises. Le roman originel débute en 1888 : un couple d’aristocrates anglais échoue sur les côtes du Gabon après une mutinerie. Ils y trouvent la mort, laissant derrière eux un enfant recueilli par une femelle gorille, Kala, qui le prénomme Tarzan, soit « peau blanche » dans le langage des singes. Comme Mowgli chez Kipling – dont Burroughs est lecteur – l’enfant grandit dans la jungle, mais avec une particularité : il retrouve la cabane de ses parents et y apprend à lire seul, forgeant une double identité entre sauvagerie et héritage aristocratique.

Burroughs, influencé également par les récits de l’explorateur Paul Du Chaillu, imprègne ses romans d’une vision exotique de l’Afrique qui fascine l’Occident. Tarzan incarne un idéal de force, de grâce et d’élévation. Son succès dépasse rapidement les frontières du roman pour s’imposer dans la bande dessinée, d’abord avec Harold Foster dès 1929, puis avec Burne Hogarth dans les années 1930, qui sublime le personnage en lui donnant le statut d’une figure mythologique. Au cinéma, la figure de Tarzan devient iconique grâce à Weissmuller, qui l’interprète à plus de dix reprises entre 1932 et 1948. Le style visuel s’impose : le pagne, les lianes, le cri perçant, et la fidèle Jane, incarnée par Maureen O’Sullivan. Depuis, Tarzan a traversé les décennies, porté par une infinité de films et plusieurs séries télévisées. Sans cesse réinventé, Tarzan reste l’incarnation d’un fantasme tenace : celui de l’homme civilisé rêvant d’un retour à la nature.

© Gilles Penso