BRING ON THE DAMNED (2024)

Produit par Troma, ce film à sketches délirant met en scène des exorcistes, des serial killers, des Martiens et des enquêtrices habillés en tigres !

BRING ON THE DAMNED

 

2024 – USA

 

Réalisé par Brandon Bassham

 

Avec Sydney Hirsch, Zac Amico, Ian Fidance, Johnny Ferri, Marcus Bishop-Wright, Alan Ceppos, SaraKate Coyne, Giuseppe De Caro, Dominick Denaro, Patrick Foy

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS I TUEURS I EXTRA-TERRESTRES

Originaire de la scène comique newyorkaise, Brandon Bassham se fait remarquer grâce à deux films d’horreur décalés réalisés avec des budgets ridicules, Feartown U.S.A. et The Slashering. En 2015, la compagnie Troma, spécialisée dans ce genre de production foutraque, acquiert les droits de distribution de ces longs-métrages bricolés avec les moyens du bord, marquant le début d’une collaboration étroite entre Bassham et les créateurs du Toxic Avenger. Notre homme co-écrit ainsi avec Lloyd Kaufman Shakespeare’s Shitstorm et se lance quelques années plus tard dans un film à sketches plus ambitieux : Bring on the Damned. Son idée consiste au départ à solliciter plusieurs scénaristes et réalisateurs pour chapeauter l’ensemble. Mais face aux scripts qu’on lui soumet (tous très proches les uns des autres), il change son fusil d’épaule. C’est lui qui prendra en charge l’ensemble du projet en adoptant pour chaque segment un style radicalement différent, tant dans les sujets que dans la mise en forme. En attendant de pouvoir réunir le financement nécessaire (20 000 dollars, donc vraiment pas grand-chose), il tourne les sketches au fur et à mesure, sur une période qui s’étend entre 2022 et 2025. Et c’est bien sûr Troma qui assure la coproduction et la distribution, Lloyd Kaufman se fendant même d’une apparition éclair dans le film.

Dans « Blasphem », le premier chapitre, une psychiatre (Steph Shober) est chargée d’examiner le cas d’une jeune femme (Amanda Flowers) souffrant de violents troubles du comportement. Selon l’église, qui la croit habitée par le démon, il faut l’exorciser. Détournant les codes du « found footage », ce faux reportage (avec image vidéo abimée et caméra portée) est plus drôle qu’effrayant, malgré les hurlements hystériques à répétition qui saturent la bande son, les gros plans grimaçants de la possédée et les morts sanglantes. Parmi celles-ci, on note un morceau d’anthologie : un curé qui s’arrache le visage devant les caméras ! Quelques éléments improbables alimentent également cette entrée en matière prometteuse, comme l’exorciste qui utilise un poing américain et une batte de base-ball ornés tous deux d’un crucifix pour chasser le démon. Le second chapitre, « Obsession », se tient beaucoup moins. Filmée en noir et blanc, dans une ambiance rétro qu’accentue une musique légère à l’accordéon, cette relecture loufoque de Jules et Jim raconte l’amitié naissante entre deux hommes ayant assassiné leur femme respective. Maladroit, hésitant entre le slapstick et l’horreur (avec une allusion au visage de chair de Massacre à la tronçonneuse), c’est sans conteste le plus faible des sketches de Bring on the Damned.

Disco inferno

Brandon Bassham se rattrape avec « Perversion », qui s’attache à une jeune femme introvertie incapable de connaître un orgasme… sauf si elle commet de sanglants homicides. Voici donc notre serial killeuse (Sydney Hirsch) qui écume la boîte disco du coin pour y cueillir ses victimes. Ce segment – le plus long des cinq – s’agrémente de plusieurs idées de mise en scène inventives, comme un quadruple split screen coloré qui montre en parallèle le destin funeste de quatre victimes masculines de la tueuse. Johnny Ferri, qui joue un émule de John Travolta dans ce sketch, apparaît également dans le suivant, « Nihilism », qui prend quant à lui les atours d’un film noir des années 40 (même si les tenues et les accessoires ne rendent guère justice à la reconstitution d’époque). Tous les clichés d’usage sont de mise (détective privé, gangsters, voix off désabusée, femmes fatales), si ce n’est que nous sommes dans un monde parallèle où les Martiens (des nuages flottants et luminescents) se sont intégrés à la population. D’où quelques moments « autres » qui ne sont pas sans évoquer les univers de David Lynch. Mais c’est dans le dernier chapitre, « Sadism », que le délire bat totalement son plein. Au sein de ce mixage improbable entre Seven et un dessin animé de Hanna et Barbera, nous découvrons que trois chanteuses déguisées en tigres, « Tara and the Tiger Babes », assistées d’un sosie du Fred de Scooby-Doo, sont spécialisées dans les affaires de crimes sexuels violents et tentent d’arrêter un assassin connu sous le surnom de « boucher des fesses » ! Voilà qui clôt en beauté cette anthologie certes inégale, Sans doute trop longue et ouvertement fauchée, mais bourrée d’idées folles et d’inventivité.

 

© Gilles Penso

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