NIGHTMARE CINEMA (2018)

Un film à sketches co-réalisé par cinq cinéastes aux styles, aux univers et aux origines radicalement différents…

NIGHTMARE CINEMA

 

2018 – USA

 

Réalisé par Alejandro Brugués, Joe Dante, Mick Garris, Ryûhei Kitamura, David Slade

 

Avec Mickey Rourke, Sarah Elizabeth Withers, Faly Rakotohavana, Maurice Benard, Elizabeth Reaser, Zarah Mahler, Richard Chamberlain

 

THEMA CINÉMA ET TÉLÉVISION I EXTRA-TERRESTRES I MÉDECINE EN FOLIE I TUEURS I ENFANTS I MONDES PARALLÈLES I DIABLE ET DÉMONS I FANTÔMES I ARAIGNÉES

A mi-chemin entre les productions Amicus des années 70, Les Contes de la crypte et Creepshow, Nightmare Cinema s’intéresse à cinq personnes qui ne se connaissent pas et entrent à tour de rôle dans un étrange cinéma apparemment désert. Chacune d’entre elles se retrouve confrontée sur grand écran à sa propre mort. C’est l’occasion pour cinq cinéastes aux personnalités et aux styles bien marqués d’offrir aux spectateurs une anthologie de courts films d’horreur au cours desquels tous les excès sont permis, le sang y coulant à flot sans la moindre retenue. « Il a fallu douze ans pour concrétiser ce film », nous raconte son producteur et initiateur Mick Garris. « Mon idée initiale était de lancer une nouvelle version de Masters of Horror, mais en sollicitant cette fois-ci des réalisateurs venus du monde entier. Je voulais au départ que chaque épisode soit tourné dans un pays différent, en fonction des metteurs en scène sélectionnés. Mais cette idée s’est avérée très compliquée à concrétiser. Je me suis alors rabattu non pas sur une série mais sur plusieurs longs-métrages appartenant à une nouvelle franchise baptisée Nightmare Cinema. Nous en aurions tourné un par an. Mais ce concept s’est lui aussi avéré trop ambitieux. J’ai donc envisagé la solution qui semblait la plus faisable : un film à sketches. » (1) Une des idées premières de Garris est cependant conservée : réunir des réalisateurs de nationalités différentes, en l’occurrence un Japonais (Ryuhei Kitamura), un Cubain (Alejandro Brugués), un Anglais (David Slade) et deux Américains (Joe Dante et Garris lui-même).

Chacun des sketches porte indubitablement l’empreinte de son metteur en scène et explore un sous-genre bien particulier de l’horreur. « The Thing in the Woods », le segment réalisé par Alejandro Brugués (Juan of the Dead, ABC of Death 2), prend ainsi les allures d’une parodie de slasher des années 80 (on se croirait presque dans La Cité de la peur !) pour virer à la science-fiction débridée. Des jeunes gens y sont confrontés en pleine forêt à un tueur redoutable, habillé comme un soudeur, qui les massacre et les réduit en cendres. Mais les apparences sont trompeuses. Dirigé par le légendaire Joe Dante, « Mirare » donne quant à lui la vedette à Richard Chamberlain dans le rôle d’un chirurgien esthétique pratiquant une intervention qui vire au cauchemar organique, au sein d’une sorte d’épisode horrifique de La Quatrième dimension. Le troisième récit, « Mashit », est mis en scène par Ryuhei Kitamura (Versus, Godzilla Final Wars, Midnight Meat Train), qui revisite L’Exorciste dans une institution catholique où tous les enfants sont possédés par une entité diabolique, se transforment en monstres et participent à un délirant massacre gorgé de sang, sous le regard médusé d’un prêtre et d’une nonne épargnés par le fléau. « This Way to Egress », de son côté, conte la plongée progressive dans la folie d’une mère de famille aux yeux de laquelle le monde et ses habitants s’altèrent progressivement, sous la caméra très inspirée de David Slade (Hard Candy, 30 jours de nuit). C’est sans conteste le plus effrayant des cinq sketches, quelque part à mi-chemin entre les récits d’H.P. Lovecraft et les scènes de terreur viscérales de L’Échelle de Jacob.

Mickey Rourke en gardien de la crypte

Quant à Mick Garris, il réalise le dernier segment, « Death », un troublant cocktail de peur et d’émotion qui semble s’inspirer des univers de Stephen King. Ce récit – le plus long des cinq – raconte les tourments d’un adolescent hanté par le fantôme de sa mère et menacé par un tueur impitoyable. Pour unifier tous ces sketches qu’aucun fil conducteur ne relie, Garris a l’idée de séquences de liaisons qu’il réalise lui-même. Le spectateur a la surprise d’y retrouver Mickey Rourke, sorte de « gardien de la crypte » énigmatique et cynique qui hante un sinistre cinéma. « Avoir un acteur de ce calibre dans notre film, nominé aux Oscars et vainqueur du Golden Globe, ça ne pouvait pas faire de mal ! », avoue Garris. « J’étais un peu effrayé à l’idée de diriger Mickey Rourke, je dois bien l’avouer. Mais nous nous sommes entendus à merveille. Il n’est pas le genre de comédien à qui vous donnez beaucoup d’indications. Vous lui expliquez la situation, vous le laissez faire, et ce qu’il vous donne est généralement parfait. » (2) Certes, un tel film à sketches est souvent inégal, mais comment ne pas saluer une aussi réjouissante initiative ? D’autant qu’un amour perceptible du genre transparaît derrière chacun des segments. Nightmare Cinema est d’ailleurs dédié à Tobe Hooper, Wes Craven et George Romero.

 

(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en septembre 2018

 

© Gilles Penso

 

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