

Le petit monstre absurde né dans la franchise Evil Bong a droit à son propre film et affronte un improbable super-vilain encapuchonné…
THE GINGERWEED MAN
2021 – USA
Réalisé par Brooks Davis
Avec Eli Jane, Roy Abramsohn, Kelly Bunasawa, Kali Cook, Luis Fernadez-Gil, Andrea Fischer, Nihilist Gelo, Ben Jurand, Naiia Lajoie, Alan Maxson, Paige Phillips
THEMA PETITS MONSTRES I SAGA CHARLES BAND
Apparu pour la première fois dans Evil Bong 666, en 2017, et devenu depuis personnage récurrent de la longue « saga » consacrée à la fumette diabolique, le Gingerweed Man est l’archétype des créatures favorites du producteur Charles Band : un petit monstre turbulent et lubrique qui peut surgir d’un film à l’autre et être facilement exploité sous forme de produits dérivés. Après avoir poursuivi ses frasques dans Evil Bong 777, notre cannabis ambulant finit par avoir droit à son propre film, une sorte de spin-off improbable qui ne présente aucun lien direct avec les films précédents. Charles Band cède d’ailleurs le fauteuil du metteur en scène à Brooks Davis, assistant réalisateur d’un bon paquet de films Full Moon qui fait ici son baptême derrière la caméra. Si aucun membre du casting des Evil Bong n’est convoqué, quelques piliers artistiques de la saga reprennent du service, notamment le scénariste Kent Roudebush, le créateur des effets spéciaux Tom Devlin et le directeur de la photographie Howard Wexler. Dès l’entame, le format Cinémascope, la photographie stylisée, la réalisation nerveuse et la musique dynamique de Jojo Draven (sous l’influence manifeste de Richard Band) sont de bon augure. Nous sommes loin de l’esthétique sitcom des Evil Bong.


Tout commence lorsqu’un scientifique exalté (Roy Abramsohn) se lance dans la fabrication d’une étrange petite créature à partir de divers ingrédients – majoritairement de la marijuana – pour le compte d’une obscure multinationale, la FU Tech. Alors qu’il décide de garder son invention pour lui, une chasseuse de prime (Eli Jane) débarque dans le laboratoire, lui tire dessus et réclame le fruit de ses expériences. Blessé, notre homme prend la fuite. Si cette entrée en matière semble déjà partir dans tous les sens, que dire du reste ? Car nous découvrons ensuite la vie quotidienne du Gingerweed Man, qui a monté avec son associée Barbara (Naiia Lajoie) le service de livraison de cannabis le plus réputé de la ville. Malgré les excès du petit bonhomme vert – qui ramène un tas de filles nues chez lui et a tendance à consommer lui-même le matériel qu’il est censé vendre -, la petite affaire marche bien. Mais lors d’une de ses livraisons, « Gingy » tombe nez à nez avec le scientifique du prologue, qui lui confie avant de mourir sa création. Il s’agit de Buddy, une sorte de bébé Gingerweed Man qui ne doit surtout pas tomber entre de mauvaises mains…
Les aventures de l’homme-canabis
Le film regorge de clins d’œil et de gags se référant non seulement aux autres productions Full Moon mais aussi à tout un pan du cinéma fantastique populaire. L’entame nous annonce d’emblée que le programme est présenté en THC 420 (allusion rigolarde au cannabis, parodie du logo THX à l’appui). Plus tard, nous aurons droit à un code numérique à la Matrix qui défile sur un écran, à un ordinateur étiqueté X-CALIBR8 (comme dans Le Maître du jeu), à des extraits de Femalien Cosmic Crush, à un T-shirt Danger Diabolik ou à l’intervention en guest star de la poupée africaine Ooga Booga. De nouveaux personnages improbables viennent se joindre à la fête, comme la reine de Weed Heaven (Paige Phillips) qui surgit d’un bong comme un génie de la lampe, ou un super-vilain encapuchonné (Alan Maxson) qui vend des femmes aux enchères. Tout ce délire masque mal l’intrigue filiforme de ce film finalement très anecdotique, au cours duquel le Gingerweed Man devient un véritable personnage de cartoon pour adultes, se soulageant aux toilettes (avec force flatulences), se prélassant dans un bain moussant, effectuant ses livraisons sur un petit scooter à sa taille, se muant même en émule du loup de Tex Avery lorsqu’une femme se déshabille devant lui. L’animation du personnage reste sommaire, entravée par une incrustation approximative de sa bouche pour les dialogues et par l’usage de fils souvent très visibles pour agiter ses bras. Bon enfant, très court (moins d’une heure), The Gingerweed Man s’achève sur une scène post-générique qui révèle l’identité absurde du grand méchant.
© Gilles Penso
À découvrir dans le même genre…
Partagez cet article