

Trois enfants découvrent avec stupeur que l’espace sous le lavabo de leur cuisine cache la présence d’une cité médiévale miniature…
THE MAGIC KINGDOM / THE TINY KINGDOM
1998 – USA
Réalisé par David Schmoeller
Avec Billy O’Sullivan, Andrew Ducote, Samantha Tabak, Gerald S. O’Loughlin, Jamieson Price, Andreea Macelaru, Florin Chiriac, Constantin Barbulescu
THEMA CONTES I NAINS ET GÉANTS I SAGA CHARLES BAND
Collaborateur de longue date du producteur Charles Band, David Schmoeller concocta pour lui bon nombre de films d’horreur efficaces malgré leurs petits budgets, tels que Tourist Trap, Fou à tuer, Catacombs ou le premier volet de la longue saga Puppet Master. Mais contrairement à ses collègues Ted Nicolaou, David DeCoteau ou Sam Irvin, il ne s’était pas encore frotté à l’univers des films pour public familial, qui occupaient depuis le milieu des années 90 une place importante dans le catalogue de Charles Band. Avec Le Royaume secret, il comble cette lacune en donnant corps à un scénario audacieux de Neal Marshall Stevens (qui signe ici sous son pseudonyme habituel de Benjamin Carr). Certes, le concept évoque d’autres films de la même collection, notamment Shandar : la cité miniature, Le Miroir aux merveilles, Clockmaker et Mysterious Museum. Mais le point de départ et la tournure que prennent les péripéties restent très singuliers, d’autant que Schmoeller parvient à doter le film d’une atmosphère originale en tournant le prologue « réel » dans les rues de Louisiane et toute la partie fantastique en Roumanie, où Charles Band a ses habitudes depuis le lancement de la saga Subspecies.


Pendant que leurs parents sont absents, Mark, Zak et Callie Fremont pensent pouvoir se la couler douce, seuls dans la maison. Mais un matin, Zak, le plus jeune d’entre eux, capte, sur son talkie-walkie un étrange appel à l’aide. À l’autre bout, un ingénieur nommé Chartwell affirme venir de Relkin, un royaume miniature caché derrière les produits ménagers de l’évier. Intrigué, le gamin se rapproche de la source de l’appel et libère malgré lui un passage vers ce monde souterrain. Un accident réduit alors Mark, son frère aîné, à la taille d’un habitant de Relkin. Propulsé au cœur de la cité, il est aussitôt capturé par les soldats du régent, un despote qui règne sur cette cité d’une main de fer. Considéré comme un complice des rebelles, Mark est menacé d’une opération chirurgicale destinée à le transformer en rouage de cette société où chaque individu est remodelé pour servir une fonction précise. Son frère Zak et sa sœur Callie décident de le libérer. Mais comment ?
« La nécessité doit prévaloir sur la vérité »
Schmoeller profite intelligemment des ressources locales, tirant parti à moindre coût de sites naturels roumains particulièrement photogéniques, comme les ruelles pavées d’un village médiéval ou encore l’imposante silhouette d’un château. À cela s’ajoutent les maquillages saisissants imaginés par Gabe Bartalos et son équipe : des citoyens métamorphosés en inquiétantes figures sans yeux, pointant les intrus du doigt en sifflant – écho à L’Invasion des profanateurs -, ou en hybrides mi-humains mi-canins. De quoi effrayer durablement le jeune public auquel le film semble pourtant s’adresser en premier lieu. Car derrière ses airs de conte inoffensif, Le Royaume secret aborde des thèmes très adultes. Le régent (excellent Jamieson Price) s’acharne ainsi à maintenir l’illusion que rien n’existe au-delà des frontières du royaume, afin de préserver une religion fragilisée et d’asseoir son autorité absolue. « La nécessité doit prévaloir sur la vérité », lâche-t-il avec cynisme. Cette logique débouche sur l’inquiétant « Ministère de la perfection », chargé de remodeler chirurgicalement les sujets pour les adapter à la fonction que la société leur assigne. Cette dimension politique donne au film une profondeur inattendue et constitue l’un de ses atouts majeurs. Elle se double d’un clin d’œil littéraire assumé : l’apparition en début et en fin de métrage d’un mystérieux vendeur de paratonnerres qui évoque irrésistiblement La Foire des ténèbres de Ray Bradbury.
© Gilles Penso
À découvrir dans le même genre…
Partagez cet article