BATTLE FOR THE LOST PLANET (1986)

Un mixage de Star Wars et de Mad Max bricolé avec un budget ridicule et truffé d’effets spéciaux ambitieux à défaut d’être toujours convaincants…

BATTLE FOR THE LOST PLANET / GALAXY DESTROYER / GALAXY

 

1986 – USA

 

Réalisé par Brett Piper

 

Avec Matt Mitler, Denise Coward, Joe Gentissi, Bill MacGlaughlin, Saunder Finard, Helene Michele Martin, Robin Lovett, Carl Webber, Mark Deshaies, Kevin Gardner

 

THEMA SPACE OPERA

Sa cuisine fait office d’atelier et de studio de prise de vues, il occupe lui-même pratiquement tous les postes artistiques et techniques de ses films, il vit et travaille en marge d’Hollywood… Et pourtant les créatures de Brett Piper soutiennent souvent la comparaison avec celles de leurs homologues plus fortunés, preuve que la passion et le savoir-faire supplantent parfois largement l’absence quasi-totale de moyens techniques et financiers. Son premier long-métrage, Mystérieuse planète, témoigne de ses sources d’inspiration majeures : King Kong et les films de Ray Harryhausen. Quatre ans plus tard, il parvient à réunir l’argent et l’équipe nécessaires pour sa seconde « épopée » : Battle For the Lost Planet, connu aussi sous les titres de Galaxy Destroyer ou plus simplement Galaxy. Ce film de science-fiction audacieux commence comme une relecture à tout petit budget de La Guerre des étoiles puis se transforme en survival post-apocalyptique clignant de l’œil vers Mad Max 2. Le héros est Harry Trent (Matt Mitler), un hors-la-loi à la Han Solo qui erre dans l’espace pendant cinq ans. A son retour sur Terre, il découvre une planète ravagée par une race d’extra-terrestres belliqueux, des survivants difformes en haillons revenus à l’état sauvage, des fermiers vivant en autarcie et des motards en cuir.

Notre protagoniste rencontre aussi la belle Dana (Denise Coward) avec qui il a une scène d’amour nocturne soudain interrompue par l’intervention d’un monstre en stop-motion. Marque de fabrique de Brett Piper, la créature a beaucoup de caractère et emprunte son anatomie à plusieurs créatures : une grande gueule reptilienne sans dents, des défenses de pachyderme, un dos garni d’épines et quatre pattes qui le font se déplacer à la manière d’une sauterelle géante. Le montage de cette scène nous offre plusieurs interactions intéressantes avec les humains, à base de rétroprojections et de décors miniatures. Outil de prédilection de Piper, la stop-motion intervient aussi pour donner vie furtivement à une sorte d’arachnide quadrupède aux yeux noirs de chien battu, qui se contente de traverser l’écran, et pour visualiser la décomposition finale des méchants, à la manière des Morlocks de La Machine à explorer le temps. Généreux, le réalisateur truffe son film de maquettes pour représenter les cités futuristes, les vaisseaux spatiaux et les planètes, même si les modèles manquent beaucoup de finition et finissent par ressembler à de simples jouets.

Tensions sur le plateau

Tourné en grande partie dans une ferme spécialisée dans l’élevage de poulets, reconvertie à l’occasion en studio de fortune, ou sur des sites de vieilles usines désaffectées, Battle For the Lost Planet reste une expérience douloureuse pour son jeune réalisateur. Les multiples difficultés rencontrées en cours de fabrication du film occasionnent des retards de plus en plus importants dans le planning et un problème supplémentaire inattendu : la grande majorité des acteurs commence à exiger que les salaires soient doublés pour chaque jour de prises de vue supplémentaire, et que les paiements s’effectuent en espèces tous les matins avant que la caméra commence à tourner ! La confiance n’est donc pas le mot d’ordre et les tensions s’accumulent. Piper se voit ainsi contraint de passer la moitié de ses journées à courir chercher l’argent liquide nécessaire, ce qui a pour effet de retarder davantage le tournage et de faire grimper les coûts. S’il avait été plus aguerri, Piper aurait sans doute renvoyé tous les acteurs réticents et réécrit le scénario. Mais notre homme est alors en tout début de carrière. Il n’empêche que Battle For the Lost Planet connaît une petite carrière honorable sur le marché vidéo et donne même naissance à une suite : Mutant War.

 

© Gilles Penso

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