

Une machine monstrueuse faite de carcasses de voitures, un zombie déchaîné et une savante folle se croisent dans ce film à sketches délirant…
SHOCK-O-RAMA
2005 – USA
Réalisé par Brett Piper
Avec Misty Mundae, Duane Polcou, Michael R. Thomas, David Fine, Erika Smith, Mike Schuster, Rob Bellamy, Rob Monkiewicz, Caitlin Ross, A.J. Khan, Julian Wells
THEMA ROBOTS I EXTRA-TERRESTRES I ZOMBIES I MÉDECINE EN FOLIE
Au début des années 2000, le scénariste et réalisateur Brett Piper pense à trois idées pouvant donner lieu à autant de longs-métrages autonomes : une entité extraterrestre qui séquestre un couple, un ancien sataniste qui revient d’entre les morts et un cerveau diabolique qui cherche à asservir l’humanité. Après réflexion, il choisit l’exercice du film à sketches, et c’est ainsi que nait le projet Shock-O-Rama, qu’il parvient à tourner en deux semaines à peine. Un producteur en quête d’une actrice habituée aux séries B visionne plusieurs films : tel est le prétexte pour enchaîner les trois courts récits de Shock-O-Rama. Le premier, « Mecharachnia », est une nouvelle déclaration d’amour de Brett Piper à l’animation en stop-motion. Poursuivie par une navette spatiale, une petite fusée traverse l’hyper-espace et atterrit sur terre au beau milieu d’une casse tenue par le massif Jed (Rob Monkiewicz). Le minuscule alien qui s’en échappe est une sorte de cyclope maigrichon et ricaneur armé d’un rayon laser. Animée dans huit plans très dynamiques, la créature se meut avec beaucoup d’agilité et s’intègre particulièrement bien dans les prises de vues réelles. Alors que notre héros tente d’échapper aux tirs nourris de l’envahisseur lilliputien, son ex-petite amie (Caitlin Ross) le rejoint pour réclamer l’argent qu’il lui doit. Le gremlin d’outre-espace électrifie alors les téléphones et la grille d’entrée pour piéger le couple.


Puis vient le clou du spectacle : un immense monstre mécanique que l’alien a créé en assemblant plusieurs carcasses et qui se dresse de toute sa hauteur pour attaquer les protagonistes. L’avant du corps est une carrosserie de voiture, l’arrière une sorte de turbine, le bras droit est une excavatrice, le bras gauche un canon, et l’ensemble est monté sur trois pattes articulées. L’incrustation de ce robot composite au milieu des comédiens est très réussie. L’un des plans les plus étonnants, dans ce domaine, montre Linda qui court entre ses pattes. Le climax de ce sketch audacieux montre la machine aux prises avec une pelleteuse conduite par Jed. La cinquantaine de plans dans lesquels s’anime cet émule low-cost de Robocop 2 et de La Guerre des Mondes prouve que la stop-motion reste parfaitement viable pour ce type de créature. Les deux autres sketches se passent quant à eux de l’animation, sans leur ôter pour autant leur charme « pulp » qui semble presque échappé d’une autre époque. Et pour compenser, Piper s’appuie largement sur l’exposition de l’anatomie d’un casting féminin très peu pudique.
Le cerveau solitaire
Dans « Zombie This », l’actrice Rebecca Raven (Misty Mundae), qui en a assez d’être cantonnée aux rôles d’exploitation dénudés et stéréotypés, décide de partir en vacances dans une maison isolée, où elle déterre accidentellement un zombie (Duane Polcou) bien décidé à la prendre pour cible. Le monstre vedette est ici affublé d’un maquillage un peu évasif, signé Michael Thomas, ce qui a tendance à renforcer le caractère « comic book » de ce segment drôle et excessif. Le rôle de l’agresseur et de la victime finissent par s’inverser en un joyeux retournement de situation qui s’appuie à la fois sur l’imagerie de House et de Evil Dead. Plus fou encore, le sketch « Lonely Are the Brain » met en scène le docteur Carruthers (Julian Wells), une scientifique dérangée qui mène des expériences sur les rêves dans une maison de repos peuplée de jeunes femmes séduisantes. Ces tests sont en réalité destinés à alimenter un cerveau vivant monstrueux, jusqu’à ce que l’une de ses cobayes (A.J. Khan) découvre la véritable nature de ces expérimentations et tente de mettre fin aux agissements de la savante folle. Ici, ce sont principalement des marionnettes qui sont sollicitées en guise d’effets spéciaux, notamment pour donner corps à des rats monstrueux, des serpents visqueux et cette fameuse entité maléfique au cerveau hypertrophié. Quelques-uns des éléments de cet ultime récit délirant annoncent le futur Dark Sleep de Brett Piper, dans lequel il rendra hommage à sa manière à l’univers de H.P. Lovecraft.
© Gilles Penso
À découvrir dans le même genre…
Partagez cet article



