DEATHSTALKER (2025)

Le héros musclé des années 80 ressurgit dans ce remake délirant qui regorge de monstres en caoutchouc et de combats sanglants…

DEATHSTALKER

 

2025 – CANADA / USA

 

Réalisé par Steven Kostanski

 

Avec Daniel Bernhardt, Laurie Field, Patton Oswalt, Christina Orjalo, Paul Lazenby, Nina Bergman

 

THEMA HEROIC FANTASY I SAGA DEATHSTALKER

Steven Kostanki est un fan pur et dur du cinéma de genre des années 80, avec une prédilection affirmée pour l’horreur, l’action et le fantastique. Expert en maquillages spéciaux et en trucages, il met son savoir-faire au service de plusieurs films et séries (The Divide, Hannibal, Pacific Rim, Crimson Peak, Suicide Squad, Ça) tout en passant lui-même derrière la caméra pour diriger quelques séries B (Manborg, Father’s Day, The Void, Psycho Goreman, Frankie Freako) conçues comme autant de déclarations d’amour aux films qu’il aime. Avec Deathstalker, il passe à la vitesse supérieure. Il s’agit cette fois-ci de concocter un remake du film du même titre, sous-Conan produit par Roger Corman en 1983, devenu objet de culte et suivi de trois séquelles. Ce projet crée un certain frémissement auprès des fans d’heroic-fantasy « à l’ancienne ». D’où le lancement d’une campagne de financement participatif sur Kickstarter qui permet de réunir plus de 95 000 dollars. La présence de Slash, célèbre guitariste du groupe Guns & Roses, en tant que producteur exécutif attise encore davantage les curiosités. Le rôle principal est confié à Daniel Bernhardt, acteur, cascadeur et expert des arts martiaux que les amateurs ont déjà pu apercevoir dans bon nombre de films d’actions aux côtés de Jean-Claude Van Damme, Sylvester Stallone, Chuck Norris ou Keanu Reeves.

Iconisé à l’extrême, le héros-titre apparait au tout début du film en ultra-ralenti, tandis que la bande son accentue le bruit de ses pas. Puis sa silhouette massive occupe tout l’écran en contre-jour. Mais son aura retombe aussitôt lorsque nous découvrons que le fier guerrier n’a pas une once de noblesse et détrousse les moribonds sur les champs de bataille sans le moindre remord. Si Deathstalker mettait jadis son épée au service du royaume d’Abraxeon sous le nom de Tritus, c’est désormais un mercenaire solitaire sans foi ni loi. Mais le fruit de son dernier larcin, l’amulette de Halgan, va lui attirer des ennuis inattendus. Non seulement l’objet est ensorcelé, mais en outre une horde d’assassins tous plus dangereux les uns que les autres est désormais à ses trousses. Pour pouvoir se débarrasser de la malédiction attachée à ses pas, il va lui falloir arpenter les coins les plus sinistres du pays. Il sera aidé dans sa quête par le goblin magicien Doodad et par la jeune voleuse Brisbayne.

Du latex, du sang et des tripes

L’une des premières choses qui frappe, dans ce nouveau Deathstalker, est l’environnement presque post-apocalyptique dans lequel l’action se déroule : de vastes étendues désertes et fumantes, des volcans qui grondent au loin, une faune mutante qui grouille dans les recoins sombres, de gigantesques squelettes de mastodontes qui jonchent le sable, des titans grands comme des montagnes qui s’affrontent dans la brume. Les trois lunes qui brillent dans le ciel suggèrent d’ailleurs que nous ne sommes pas sur la Terre, tandis que les vestiges d’une ancienne civilisation – comme ces poteaux télégraphiques reliés à des lampes électriques – évoquent une sorte de retour à l’ère barbare. Si Daniel Bernhardt assure dans le rôle du « musclor » décomplexé, les vraies stars du film sont les nombreux monstres qui saturent l’écran et que Steven Kostanski a tenu à concevoir avec des effets spéciaux « old school », sans recours aux images de synthèse. On se régale donc face à ce freak bossu bicéphale, ces crapauds voraces, ces vers géants souterrains, cette chauve-souris cyclope, ce démon chevelu qui vole, ces hommes-cochons, ces arbres gémissants, ces guerriers-statues aux visages amovibles, ces monstres des marécages et cette multitude de créatures gluantes ou tentaculaires qui fleurent bon la mousse de latex. Le climax recourt même à la stop-motion pour un hommage exaltant à Jason et les Argonautes. Qu’importe donc si le scénario ne tient qu’à un fil. Ici, seul compte le spectacle. Si le gore excessif est souvent de la partie, Kostanski décide en revanche de se priver d’un des gimmicks récurrents des Deathstalker des années 80 : l’érotisme. Les hectolitres de sang et les tripes peuvent donc jaillir avec générosité mais la nudité est désormais problématique. Autres temps, autres mœurs. Toujours est-il que Deathstalker version 2025 reste un plaisir régressif qui se savoure sans modération. Cerise sur le gâteau : la bande originale reprend sur un mode épique le fameux thème composé par Chuck Cirino pour Deathstalker 2, en y greffant pour le générique de fin la voix rocailleuse de Brendan McCreary et la guitare de Slash.

 

© Gilles Penso

À découvrir dans le même genre…

 

Partagez cet article