MEGA SHARK VERSUS KOLOSSUS (2015)

Pour sa quatrième aventure, le Mégalodon préhistorique de The Asylum affronte un robot géant conçu par les Soviétiques pendant la Guerre Froide

MEGA SHARK VERSUS KOLOSSUS

 

2015 – USA

 

Réalisé par Christopher Ray

 

Avec Illeana Douglas, Amy Rider, Brody Hutzler, Edward DeRuiter, Ernest Thomas, Tara Price, Jeff Hatch, Bryan Hanna, Patrick Bauchau

 

THEMA MONSTRES MARINS I ROBOTS I SAGA MEGA SHARK

Après la pieuvre géante, le crocodile titanesque et un immense squale robotique, quel adversaire allait-on bien pouvoir opposer à ce bon vieux Mégalodon déjà « héros » de trois longs-métrages ? Pourquoi pas un colosse mécanique ? Cette idée est née dans l’esprit des décideurs de The Asylum suite à l’annonce de la sortie imminente du long-métrage L’Attaque des Titans, adaptation « live » du manga de Hajime Isayama. La petite compagnie revient ainsi à ses premières amours, autrement dit la photocopie à petit budget des gros succès du moment. Comme Roger Corman à l’époque de Carnosaur, imitation anticipée de Jurassic Park, les producteurs malicieux coupent ainsi l’herbe sous les pieds du film de Shinji Higuchi et parviennent à finaliser Mega Shark Versus Kolossus avant le blockbuster nippon. Écrit par Edward DeRuiter (2-Headed Shark Attack), réalisé par Christopher Ray (Mega Shark Versus Crocosaurus), ce quatrième épisode de la franchise aquatique capitalise aussi sur l’une des productions précédentes de The Asylum, Atlantic Rim, copie low cost du Pacific Rim de Guillermo del Toro.

Lorsque le film commence, le Mégalodon réapparaît au large de Rio et détruit un chalutier russe. Il est alors pris en chasse par deux « Licornes », des submersibles futuristes que pilotent de jolies filles tout de cuir vêtu (une savoureuse petite touche « pulp »). Le monstre éjecte l’un des engins, provoquant la destruction de la statue du Christ de Rio (clin d’œil au Sphinx décapité au début du film précédent), et entraîne l’autodestruction du second sous-marin. Pendant ce temps, à Tchernobyl, dans un site industriel désaffecté et inondé de fumigènes, des trafiquants activent sans le vouloir un gigantesque robot qui surgit sous leurs yeux ébahis et prend la tangente à travers champs.  « On a comme un gros problème ! » affirme un agent infiltré face à ce spectacle inattendu. Ce titan est un projet soviétique conçu puis abandonné pendant la Guerre Froide et répondant au doux nom de Kolossus. « Une bombe nucléaire sur pattes », résume un informaticien au service du gouvernement américain. « C’est la machine de l’apocalypse », reprend-il, « il n’y a pas d’interrupteur pour l’éteindre ! ». Et tandis que le Mégalodon continue à jouer à la bataille navale avec les navires militaires, le géant métallique détruit tout sur son passage. Que faire ? Le titre du film ne laisse pas d’ambiguïté sur la suite des événements : le Mega Shark et le Kolossus vont devoir s’affronter !

« On a comme un gros problème ! »

Sans chercher à concurrencer ceux des productions plus fortunées, les effets visuels du film tiennent franchement la route. Le requin géant est aussi convaincant que dans le film précédent et le Kolossus est une belle création qui – au-delà de son look « emprunté » à L’Attaque des Titans – évoque certains des robots animés par David Allen dans les productions Charles Band (Robot Jox, Robot Wars). L’un des dialogues du film se réfère d’ailleurs à une autre création mythique en stop-motion : la statue de bronze Talos de Jason et les Argonautes. Concernant l’éternel retour du Mégalodon, le scénario prend le même parti que Le Retour de Godzilla de 1954 : il s’agirait à chaque fois d’un nouveau spécimen, le dernier en date étant en pleine croissance et doté de surcroît d’une intelligence hors du commun. Le film se pare de séquences iconiques s’autorisant tous les excès, comme Kolossus qui attrape au vol un avion supersonique dans chacune de ses gigantesques mains (réminiscence du célèbre poster du King Kong de 1976), ou encore le requin se propulsant dans l’espace pour détruire un satellite ! Dans le petit rôle d’un vieux scientifique, équivalent russe d’Einstein ou d’Oppenheimer, les cinéphiles reconnaîtront le visage buriné de Patrick Bauchau (dont l’éclectisme le poussa à jouer dans des œuvres aussi disparates que La Collectionneuse, La Femme publique, Dangereusement vôtre, Phenomena, Panic Room ou 2012). Certes, le scénario de Mega Shark Versus Kolossus prend l’eau de tous les côtés, mais c’est probablement le plus généreux, le plus distrayant et le plus réussi des épisodes de cette étrange saga.

 

© Gilles Penso

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