LA MONTAGNE MYSTÉRIEUSE (1956)

Un dinosaure maladroitement animé en stop-motion sème la panique en plein décor de western

THE BEAST OF HOLLOW MOUNTAIN

1956 – USA / MEXIQUE

Réalisé par Edward Nassour, Ismael Rodriguez

Avec Guy Madison, Patricia Medina, Eduardo Noriega, Carlos Rivas, Mario Navarro, Pascual Garcia Pena, Julio Villareal

THEMA DINOSAURES

La Montagne mystérieuse est l’une des expériences les plus douloureuses de la carrière de Willis O’Brien, maître d’œuvre des effets spéciaux de King Kong, car le projet lui a carrément été volé par deux producteurs bien peu scrupuleux nommés Edward et William Nassour. Son histoire initiale, qu’il rêvait de mettre en image lui-même, a subi maints outrages sous les plumes respectives de Robert Hill, Ismael Rodriguez, Carlos Orellana et Jack De Witt. Le récit se déroule au fin fond de la campagne mexicaine où s’élève une montagne sinistre dont on dit qu’elle est creuse. L’intérieur n’a jamais été exploré car à son pied s’étend un marécage infranchissable. La légende dit aussi qu’un animal étrange, datant de l’aube de la création, habite cet endroit. Or on rapporte des disparitions inexpliquées de bétail et d’hommes. Jimmy Ryan et Felipe Sanchez découvrent un jour un bœuf enlisé dans la vase. Ryan, guère superstitieux, porte ses soupçons sur Enrique Rios, un riche voisin qui lui fait concurrence dans le commerce du bétail…

Les fans d’effets spéciaux et d’animation ont intérêt à être patients lorsqu’ils visionnent La Montagne mystérieuse, car la bête du titre ne montre le bout de son museau qu’après une heure de film, au moment où le spectateur est plus ou moins sur le point de s’endormir. La figurine est sans doute l’une des créations les moins inspirées du sculpteur Marcel Delgado (créateur des gorilles et des dinosaures de King Kong tout de même), et elle est animée très approximativement par Jack Rabin et Louis DeWitt. La bête semble ne bouger que toutes les trois ou quatre images et se retrouve en outre dotée d’attitudes trop souvent humanoïdes pour convaincre. Le monstre est malgré tout la vedette d’une séquence finale assez distrayante dans laquelle il s’attaque aux héros (maladroitement rétro-projetés), dévore une vache (animée image par image), s’empare d’un cow-boy dans une grotte (animé lui aussi) et finit englouti dans un marécage.

Un allosaure contre des cowboys

Pour quelques inserts, les pattes du dinosaure sont des bottes en latex absolument pas convaincantes et ses griffes des répliques grandeur nature à peine plus efficaces. Finalement, les images les plus intéressantes du monstre sont les plans larges filmés dans des décors miniatures complets, notamment lorsqu’il assaille la cabane où sont réfugiés l’héroïne et le petit garçon. On se prend à rêver aux images fabuleuses qu’aurait pu nous offrir Willis O’Brien. Mine de rien, ce film marque tout de même une double première : le mélange surréaliste du film de dinosaure avec le western (qui allait être repris avec beaucoup de talent dans La Vallée de Gwangi douze ans plus tard), et l’utilisation combinée de l’animation image par image et de la rétro-projection en format Cinemascope, ce qui vaut au film le label technique fantaisiste de « Regiscope ». Dix ans plus tard, des extraits de La Montagne mystérieuse seront réutilisés dans la série télévisée It’s About Time.

© Gilles Penso

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