MEURTRES SOUS CONTRÔLE (1976)

Du jour au lendemain, des individus se mettent à assassiner des inconnus parce que “Dieu le leur a ordonné”…

GOD TOLD ME TO / DEMON !

1976 – USA

Réalisé par Larry Cohen

Avec Tony Lo Bianco, Deborah Raffin, Sandy Dennis, Sylvia Sidney, Sam Levene, Robert Drivas, Richard Lynch

THEMA EXTRA-TERRESTRES

Homme à tout faire spécialisé dans la série B, Larry Cohen a toujours su développer des scénarios fascinants malgré des moyens souvent ridicules. Dans le cas de Meurtres sous contrôle, le sujet est tellement fort et tellement surprenant que les déficiences de la réalisation (cadrages approximatifs, éclairages pauvres, montage malhabile) n’en amenuisent pas pour autant l’impact. Posté en haut d’un immeuble, un homme abat plusieurs personnes au fusil à lunette. L’inspecteur Peter Nicholas (Tony Lo Bianco, dont Cohen avait fortement apprécié la prestation dans Les Tueurs de la lune de miel) parvient jusqu’à lui et tente de le raisonner. L’homme est serein et semble sain d’esprit. Mais lorsque Peter lui demande ce qui l’a conduit à commettre ces meurtres, l’homme lui répond : « Dieu me l’a ordonné ». Et il se jette dans le vide.

Peu de temps après, sans raison apparente, un homme tranquillement installé devant sa télé s’en va poignarder plusieurs personnes dans un supermarché. La réponse qu’il fait avant de mourir est : « Dieu me l’a ordonné ». Les événements de ce type se multiplient. Peter, qui vit entre son épouse et sa maîtresse, est d’autant plus affecté par cette affaire qu’il est très croyant. L’histoire s’amorce ainsi sous la forme d’un récit policier, vire peu à peu au fantastique mystique, puis bascule littéralement dans la science-fiction pure. Car l’enquête de Peter le mène jusqu’à un étrange jeune homme blond, aperçu en compagnie de plusieurs des meurtriers, qui n’est inscrit sur aucun registre civil. Or les attributs christiques de cet individu mystérieux, qui troublent grandement notre policier, semblent trouver leur origine sur une autre planète. Il s’agirait en fait d’un hybride né d’une Terrienne inséminée par une entité extraterrestre. D’où un flash-back mémorable au cours duquel une femme nue est enlevée dans un vaisseau spatial (provenant carrément de stock-shots de la série Cosmos 1999) puis pénétrée (en très gros plan !) par une force invisible.

Les tabous religieux joyeusement bousculés

La fusillade qui éclate en plein défilé de la Saint-Patrick est l’un des moments forts du film, mais d’autres séquences éprouvantes trouvent leur impact dans leur sobriété même, notamment celle où un père de famille, tout à fait détendu, raconte en détail comment il a abattu sa femme et ses deux enfants. La foi religieuse et les fondements de la religion catholique sont sérieusement mis à mal par le film de Cohen, qui n’a jamais eu peur de se confronter aux tabous pour mieux les démonter (comme le prouve son bébé monstrueux du  Monstre est vivant). Du coup, le titre original de Meurtres sous ContrôleGod Told Me To (« Dieu me l’a ordonné »), se transforma quelques années plus tard en plus sage Demon ! à la demande des chaînes de télévision américaines. Le film est dédié à Bernard Herrmann, qui composa la musique de Le Monstre est vivant et qui s’éteignit pendant le tournage de Meurtres sous Contrôle. En désespoir de cause, Cohen demanda au grand Miklos Rosza de composer la musique de son film, mais celui-ci déclina l’offre, rétorquant non sans humour « Gold told me not to » ! Le méconnu Frank Cordell se chargea donc de la bande originale.


© Gilles Penso

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