THE THING (2011)

Une prequel du classique de John Carpenter qui ne manque pas de séquences choc et d'effets spéciaux spectaculaires

THE THING

2011 – USA

Réalisé par Matthjis Van Heijningen Jr

Avec Mary Elizabeth Winstead, Joel Edgerton, Ulrich Thomsen, Erich Christian Olsen, Adewale Akinnuoye-Agbaje 

THEMA EXTRA-TERRESTRES

Sans aller jusqu’à dire comme le réalisateur Paco Plaza que The Thing de John Carpenter est le meilleur film de l’histoire du cinéma, on ne peut que le hisser au rang de chef d’œuvre du genre, transfigurant le classique La Chose d’un autre monde d’Howard Hawks dont il constitue un remake/hommage. Initier une nouvelle version de cet objet de culte semblait à priori absurde, même si, après les remakes en série de Massacre à la tronçonneuseLa Nuit des masquesZombie, Les Griffes de la nuit et consorts, une telle entreprise de recyclage n’avait rien de bien surprenant. Petite différence avec les films précédents : The Thing 2011 est une prequel de The Thing 1982. Les événements se déroulent donc avant ceux décrits par le thriller paranoïaque de Carpenter. L’intrigue se situe toujours dans une base scientifique en Antarctique, menée par une équipe de chercheurs internationale, et démarre avec la découverte d’un vaisseau spatial prisonnier des glaces. Par accident, l’occupant est réveillé de sa léthargie et s’avère redoutable, puisqu’il s’agit d’une créature capable d’imiter toutes les formes de vie à sa portée, à l’issue d’abominables métamorphoses. La biologiste Kate Lloyd se retrouve bientôt en première ligne d’un affrontement homérique.

Partant du principe que les mêmes causes produisent les mêmes effets, cette prequel prend bien vite des allures de remakes, puisque la plupart des situations qui s’y déroulent ressemblent comme deux gouttes d’eau à celles que Carpenter décrivait déjà avec maestria. Pour autant, il serait injuste de condamner aveuglément ce troisième The Thing. Car le savoir-faire du réalisateur Matthijs van Heijningen Jr, jusqu’alors spécialisé dans les spots publicitaires, est indéniable. Ses séquences de suspense fonctionnent à plein régime, sa gestion de l’espace est irréprochable, et sa direction d’acteurs de haute tenue, d’autant qu’aucun d’entre eux n’est connu du grand public, comme à l’époque d’Alien. Héroïne malgré elle d’un drame qui la dépasse, la scientifique incarnée par Mary Elizabeth Winstead évoque d’ailleurs davantage l’Helen Ripley de Ridley Scott que celle –archétypale – de James Cameron.

Une relecture efficace et respectueuse

Succédant au génialissime Rob Bottin, Tom Woodruff Jr. et Alec Gillis, spécialistes des maquillages spéciaux et des effets mécaniques (Alien 3, Starship Troopers) concoctent des créatures incroyables et des mutations hallucinantes, majoritairement réalisées en direct sur le plateau. Leur travail admirable est prévu pour ponctuer régulièrement le film de séquences d’anthologie qui nous ramènent aux grandes heures de l’animatronique des années 80. Hélas, signe des temps, une grande partie de leurs effets est considérablement « augmentée » après le tournage, voire purement et simplement remplacée par des effets numériques. « Notre expérience sur ce film fut horrible », raconte avec amertume Tom Woodruff Jr. « Initialement, 80% des effets devaient être réalisés en direct sur le plateau et le reste serait obtenu avec des effets numériques. Nous adorons mélanger les techniques et les outils, comme sur Starship Troopers. Mais à un moment donné, en cours de post-production, j’ai senti que tous les effets que nous avions réalisés et filmés risquaient d’être jetés au rebut. Et c’est ce qui s’est passé. Ils n’ont quasiment rien gardé et tout refait numériquement. Si nous n’avions pas tourné de making of ni gardé quelques-unes de nos créations, nous ne pourrions même pas prouver que nous avons travaillé sur ce film ! » (1) A cette réserve près, cette prequel tournée dans les studios Pinewood de Toronto n’entache guère son illustre modèle, dont elle constitue finalement une relecture efficace et respectueuse. Le dernier plan du film (avant l’épilogue post-générique qui assure un lien direct avec le Carpenter) semble même se référer au final du Vieux fusil. Une référence pour le moins inattendue, qui prouve que ce The Thing sait réserver des surprises…


(1) Propos recueillis par votre serviteur en juillet 2018


© Gilles Penso

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