DINOCROC (2004)

Le spécialiste des effets spéciaux Kevin O'Neill à la réalisation, le malin Roger Corman à la production, et un monstre mi-dinosaure mi-crocodile devant la caméra

DINOCROC

2004 – USA

Réalisé par Kevin O’Neill

Avec Costas Mandylor, Charles Napier, Jane Longenecker, Matt Borlenghi, Bruce Weitz, Joanna Pacula, Jake Thomas 

THEMA DINOSAURES

Les trois Carnosaur n’ayant visiblement pas suffi à assouvir sa soif d’imitations de Jurassic Park, Roger Corman remet le couvert avec une nouvelle variante dont le titre laisse rêveur. La mise en scène de ce Dinocroc (rebaptisé Dinocrocodile, le Monstre du Lac pour sa diffusion sur les petits écrans français) a été confiée à Kevin O’Neill, un spécialiste des effets spéciaux qui œuvra notamment sur les séries Hercule et Xena au sein de sa société Flat Earth. D’où bon nombre d’images de synthèse bien plus dynamiques que les marionnettes pataudes conçues par Carl Buechler pour la « saga » Carnosaur. Fidèle à ses prédécesseurs, le monstre du film est le fruit de manipulations génétiques élaborées dans les laboratoires de la compagnie Gereco à partir du fossile d’un crocodile préhistorique. Evidemment, la charmante bestiole s’échappe, après avoir grignoté l’une des scientifiques, puis atteint la respectable taille de douze mètres de long avant d’aller batifoler dans le lac voisin, plein de touristes et de baigneurs qui s’apprêtent sans le savoir à jouer un remake reptilien des Dents de la Mer. Le scénario assure ainsi le service minimum, feignant de s’intéresser vaguement à ses protagonistes humains, autrement dit la jeune garde forestière Diane (Jane Longenecker), son amour de jeunesse Tom (Matt Borlenghi), l’arrogant chasseur de crocodiles Dick Sydney (Costas Mandylor) et un scientifique repenti s’efforçant de prévenir la population des dangers qui la menacent (Bruce Weitz).

La terrible fadeur des interprètes principaux est un peu relevée par deux guest stars sur le retour : Charles Napier en shérif aux méthodes expéditives et Joanna Pacula en impitoyable femme d’affaire peu émue par les dommages collatéraux créés par son dinocroco. A vrai dire, le film se concentre surtout sur une poignée de séquences d’action bien troussées, notamment la skieuse nautique qui se fait gober au vol par le saurien géant, la poursuite nocturne dans le tunnel, ou encore la traque dans la cabane. Sans atteindre les excès gore de CarnosaurDinocroc se permet malgré tout quelques grignotages gratinés, notamment lorsqu’une femme se fait avaler en plusieurs bouchées, ses jambes gigotant entre les mâchoires du carnassier comme dans Le Monstre des Temps Perdus, et surtout dans cette scène particulièrement osée au cours de laquelle un enfant finit décapité en gros plan !

Gobé en plein vol

Même si sa texture trahit immédiatement l’image de synthèse, amenuisant du coup son réalisme, le dinocrocodile bénéficie d’un design et d’une animation assez soignés, supervisés par le réalisateur lui-même ainsi que par quelques talentueux transfuges de la traditionnelle stop-motion, notamment Chris Endicott (Docteur Mordrid) et Don Waller (Robocop 2). Sa morphologie, plus proche du dinosaure que du crocodile, n’est pas sans nous rappeler le Godzilla de Roland Emmerich. L’originalité n’est donc pas l’atout premier de ce Dinocroc, à l’exception peut-être d’une partition de Damon Ebner qui, au lieu d’imiter servilement le John Williams des Dents de la Mer comme on aurait pu s’y attendre, s’efforce de concocter une bande originale à base de chœurs emphatiques plutôt inattendue.

 

© Gilles Penso

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