Si jusqu’en 1958 le comte Dracula était associé au visage blême de Bela Lugosi, tout changea à partir du Cauchemar de Dracula, premier opus d’une longue série produite par la Hammer. Dans le rôle titre, Christopher Lee apporte beaucoup de nouvelles composantes au personnage, en accord avec l’évolution des mœurs et de la société. Plus bestial, plus sanguinaire, plus effrayant que Lugosi, il accentue également le caractère séduisant et provocateur du comte vampire. Chaque regard envers la gent féminine est une invitation patente, et la morsure elle-même est une métaphore à peine cachée de l’acte sexuel. Absents chez Tod Browning, les crocs acérés et les yeux injectés de sang font désormais intrinsèquement partie de la panoplie du vampire. Lee incarna Dracula sept fois pour la Hammer puis deux fois à contre-emploi, respectivement dans Les Nuits de Dracula de Jess Franco et Dracula père et fils d’Edouard Molinaro. Si Les Maîtresses de Dracula, toujours produit par la Hammer, porte un titre un peu abusif (le suceur de sang, incarné cette fois par David Peel, s’appelle Meinster), Dracula lui-même réapparaîtra dans un dernier film du studio, le délirant La Légende des 7 Vampires d’Or mélangeant vampirisme et kung-fu !