ZOMBI 3 (1988)

Un film de zombies au titre mensonger et au scénario absurde qui porte pourtant la signature de Lucio Fulci

ZOMBI 3

1988 – ITALIE

Réalisé par Lucio Fulci

Avec Deran Sarafian, Beatrice Ring, Ottaviano Dell’Acqua, Massimo Vanni, Ulli Reinthaller, Marina Loi

THEMA ZOMBIES

Lucio Fulci et les zombies : l’association du cinéaste transalpin et de la thématique des morts-vivants ayant déjà fait ses preuves quatre fois, il n’y avait pas de raison de changer une équipe gagnante. Sauf qu’à la fin des années 80, Fulci était en sérieuse perte d’inspiration et se contentait de recycler vaguement les ingrédients de sa période faste, sans bénéficier de l’apport décisif de son scénariste Dardano Sachetti. D’où ce fort peu mémorable Zombi 3, abusivement présenté comme la suite de L’Enfer des Zombies (alias Zombi 2), lui-même constituant une pseudo-suite du Zombie de George Romero, la véritable suite de ce dernier étant Le Jour des Morts-Vivants. Il y avait donc largement de quoi semer la confusion dans l’esprit des spectateurs les plus attentifs.

Des terroristes se rendent clandestinement dans une base militaire des Philippines et volent un produit toxique confiné à l’intérieur d’une mallette métallique. Par mégarde, le virus contamine l’un des voleurs qui part se réfugier dans un hôtel, puis une nuée d’oiseaux. Ce qui nous donne droit à un remake sanglant du classique d’Alfred Hitchcock, les volatiles découpant les visages à coups de bec et s’en prenant à un autocar empli de victimes hurlantes. C’était à prévoir, le virus finit par transformer tous les habitants d’un village en zombies amateurs de chair humaine. Ici, à la manière de ceux de L’Avion de l’Apocalypse, ils ont tendance à courir, à agresser les humains avec des objets contondants et même – petite nouveauté – à parler. Bo, Roger et Kenny, trois soldats en permission, interviennent alors et s’opposent aux morts-vivants déchaînés, tout en s’efforçant de secourir un groupe d’adolescents en bien fâcheuse posture.

Qui est le vrai réalisateur du film ?

Clichés à la chaîne, acteurs catastrophiques, scénario abusant des invraisemblances, voila en gros ce que réserve ce Zombi 3 de sinistre mémoire. Certes, le gore excessif est toujours de la partie, comme ce fœtus zombie extrait d’une femme enceinte, ce visage arraché ou ces plaies purulentes, mais on sent bien que le cœur n’y est plus. Oubliant les portes de l’enfer et les malédictions ancestrales, Fulci se contente ici de copier en vrac les films de Romero (non seulement sa fameuse trilogie des morts-vivants mais aussi La Nuit des Fous Vivants), puisant même du côté du Retour des Morts-Vivants de Dan O’Bannon. Pendant ce temps, le scénario s’efforce d’évoquer avec une lourdeur éléphantesque l’affrontement entre les scientifiques et l’armée ainsi que les problèmes écologiques. Pour couronner le tout, la partition s’affuble de mauvais rock des années 80 tandis qu’un insupportable personnage d’animateur radio commente l’action en philosophant… D’après les rumeurs les plus communément établies, suite à un premier montage d’environ 70 minutes, la majeure partie du film aurait été retournée non par Fulci lui-même mais par Bruno Mattei et son fidèle assistant Claudio Fragasso, à qui nous devons les inénarrables Virus Cannibale et Les Rats de Manhattan. Ceci expliquerait cela.

 

© Gilles Penso

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