PUPPET MASTER III : LA REVANCHE DE TOULON (1991)

Le troisième et sans doute le meilleur opus de la très longue saga de Charles Band consacrée aux poupées tueuses

PUPPET MASTER III : TOULON’S REVENGE

1991 – USA

Réalisé par David DeCoteau

Avec Guy Rolfe, Richard Lynch, Ian Abercrombie, Kristopher Logan, Aron Eisenberg, Walter Gotell, Sarah Douglas

THEMA JOUETS I SAGA PUPPET MASTER CHARLES BAND

Quand un businessman aussi avisé que Charles Band tient un bon filon, il se garde bien de l’abandonner. Le médiocre Puppet Master II s’achevant sur une fin très ouverte, le pire restait à craindre. Mais Band a eu la bonne idée d’oublier les insipides protagonistes du second opus et d’opter pour une « préquelle ». Initié deux mois à peine après la sortie de son prédécesseur dans les vidéo-clubs, Puppet Master III se situe donc chronologiquement avant le premier et nous explique comment André Toulon a pu devenir le Maître des Poupées. C’est l’occasion de sympathiser avec ce personnage harcelé par les nazis à Berlin pendant la seconde guerre mondiale. Pour avoir mis hitler au même niveau qu’un guignol, il reçoit une visite de la gestapo et d’un scientifique cherchant à réanimer les soldats morts du reich. Pris en chasse, Toulon entreprend de se venger de la mort de sa femme liquidée par l’infâme major Kraus. Il se sert pour ça de ses marionnettes vivantes : le colosse Pinhead, la poupée Leech cracheuse de sangsues, Blade aux bras tranchants, et du nouveau venu Six Coups. C’est Guy Rolfe, déjà « Maître des Poupées » dans Dolls, qui prête ses traits ridés et malicieux au personnage. Voilà qui nous change de l’espèce de zombie théâtral auquel nous avions droit dans le film précédent. 

De plus, le scénario va plus loin dans l’idée que chaque marionnette de Toulon est inspirée d’un être humain précis, ce qui lui permet d’en posséder le caractère. On passera outre l’aberration chronologique qui situe ce récit en 1941 alors que le premier Puppet Master montrait Toulon se suicider en…1939. La meilleure surprise du film, comme toujours, est une nouvelle poupée inventée à l’occasion de ce troisième épisode. Il s’agit d’un pistolero armé de six bras et donc de six revolvers, affublé d’un sourire figé et d’un ricanement sarcastique permanent. Chacune des apparitions de ce croisement contre-nature entre Kali, le Joker et Clint Eastwood est un petit bonheur, et il mérite à lui seul la vision du film. L’un des plans les plus étonnants de cette marionnette le montre en plongée en train d’escalader la façade d’un immeuble comme une araignée. Une fois de plus, le génial animateur David Allen – qui avait réalisé l’opus précédent – rivalise d’inventivité pour donner vie aux créatures miniatures.

Un croisement entre Kali, le Joker et Clint Eastwood

Imaginé par son scénariste C. Courtney Joyner comme un « Puppet Master mixé avec Quand les aigles attaquent et La Nuit des généraux », mis en scène avec beaucoup de soin par un David DeCoteau déjà vétéran du genre (une trentaine de longs-métrages au compteur dont l’inénarrable Creepozoïds), Puppet Master III possède toutes les qualités requises pour se hisser au-dessus de la mêlée et s’affirmer sans trop de controverse comme l’un des meilleurs épisodes de cette prolifique saga. Le meilleur même, selon beaucoup d’amateurs. Le générique de fin annonce fièrement : « Prochainement : Puppet Master 4, lorsque les mauvaises poupées deviennent bonnes » ! La saga continua en effet d’alimenter sans relâche le marché de la vidéo, d’abord avec Puppet Master 4 (1993) et Puppet Master 5 (1995), tournés simultanément par Jeff Burr. La série se poursuivra avec une demi-douzaine de séquelles très dispensables, certains épisodes se contentant de réutiliser de nombreux extraits des films précédents, ainsi qu’un inévitable – et réjouissant – reboot.
 
© Gilles Penso

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