PUPPET MASTER II (1990)

Pour donner à leur créateur le fluide vital qui lui redonnera vie, les poupées tueuses d’André Toulon se lancent dans un nouveau jeu de massacre…

PUPPET MASTER II

 

1990 – USA

 

Réalisé par David Allen

 

Avec Elizabeth Maclellan, Collin Bernsen, Steve Welles, Gregory Webb, Charlie Spradling, Jeff Celentano, Nita Talbot, Sage Allen

 

THEMA JOUETS I SAGA PUPPET MASTER CHARLES BAND

Génie des effets visuels et de l’animation, digne descendant de son idole Ray Harryhausen, David Allen a su agrémenter de nombreux films à petits budgets de créatures mémorables, notamment pour les productions de Charles Band (Rayon laser, Le Jour de la fin des temps, Les Poupées, Ghoulies 2, Robot Jox). Band lui avait déjà donné la possibilité de faire ses débuts de metteur en scène en dirigeant l’un des segments de l’anthologie Le Maître du jeu. Cet essai réussi permet à David Allen de passer à la vitesse supérieure en attaquant avec Puppet Master II son premier long-métrage. Malheureusement, le scénario de David Pabian est un tissu d’inepties qui ne parvient pas même à capitaliser sur le potentiel offert par le premier Puppet Master. Un bref résumé de l’histoire (imaginée par Band lui-même) en dit assez long. Orphelines sans leur créateur André Toulon, les marionnettes qu’il a créées, et auxquelles il a donné vie grâce à un secret appris en Égypte par un mystérieux marionnettiste, le déterrent et lui donnent un peu du fluide qui les maintient en activité. Désormais mort-vivant et en état de putréfaction avancée, Toulon (Steve Welles) se cache sous des dizaines de mètres de bandage et recrée son armée miniature qu’il lance à la recherche de cerveau humain, d’où elles pourront tirer leur énergie vitale. Les prochaines victimes potentielles sont de jeunes scientifiques venus investir le château au bord de mer où se déroulèrent jadis de fort étranges événements.

La seule nouveauté un tant soit peu distrayante de Puppet Master II est la création de Torch, une nouvelle poupée aux allures de soldat allemand de la première guerre mondiale et au faciès de squelette carnassier, dont le bras droit est un redoutable lance-flammes et dont les dents sont des balles de revolver. Une savoureuse scène de suspense le montre aux prises avec un enfant qui se plaît à martyriser ses jouets. Un flash-back conçu visiblement comme un hommage à La Momie nous permet également de découvrir l’une des créatures du magicien égyptien qui livra jadis son secret à Toulon. Il s’agit d’une sorte de gargouille habillée comme un clown et animée image par image dans une poignée de plans qui évoquent ouvertement les monstres de Ray Harryhausen. Les poupées demeurent donc une fois de plus l’attraction principale, le reste du film ne valant pas grand-chose. 

Les petits monstres

Toulon est devenu un croque-mitaine mort-vivant à l’accent allemand, emmitouflé dans des bandages (quelque part à mi-chemin entre L’Homme invisible et L’Homme au masque de cire) et assoiffé de sang. Quant aux héros, hélas, ils se résument à une poignée de bellâtres jeunes et stupides que le scénario tente de faire passer pour d’éminents scientifiques œuvrant dans le domaine parapsychologique, mais dont la réelle fonction consiste à périr un à un, comme dans un vulgaire succédané de Vendredi 13Si David Allen rivalise d’inventivité pour donner vie aux jouets tueurs et les faire cohabiter à l’écran avec leurs futures victimes humaines, ses talents de metteur en scène ne peuvent guère s’épanouir en pareil contexte. « Certes, ce n’était pas ce qu’on peut appeler un grand film, mais c’était ma première réalisation, et il y avait un bon nombre de problèmes techniques complexes à régler », nous avouait-il quelques années plus tard. « Pour moi, c’était l’occasion de me faire la main avant d’attaquer la mise en scène de mon film Primevals, plusieurs années plus tard. » (1) Hélas, le brillant animateur n’eut jamais l’occasion de terminer ce projet de longue date, variation extrêmement audacieuse sur la thématique du Monde Perdu. Un cancer le terrassa en effet le 6 août 1999 à l’âge de 44 ans. Bien des années plus tard, plusieurs de ses anciens collaborateurs unirent leurs efforts pour ressusciter ce film inachevé.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en avril 1998

 

© Gilles Penso

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