SHARKNADO 6 (2018)

Le dernier épisode de la longue saga des tornades de requins transporte ses héros à travers les couloirs du temps

THE LAST SHARKNADO, IT’S ABOUT TIME

 

2018 – USA

 

Réalisé par Anthony C. Ferrante

 

Avec Ian Ziering, Tara Reid, Cassie Scerbo, Porsha Williams, Vivica A. Fox, Tori Spelling, Jonathan Bennett, Latoya Jackson

 

THEMA MONSTRES MARINS I CATASTROPHES I VOYAGES DANS LE TEMPS I DINOSAURES I DRAGONS I SAGA SHARKNADO

Pour le dernier épisode de la saga Sharknado, l’équipe de The Asylum devait frapper fort. Il faut dire que le final de l’opus précédent avait placé la barre assez haut. Fin Shepard (Ian Ziering) errait dans un monde post-apocalyptique avec la tête robotisée de son épouse cyborg April (Tara Reid) dans un sac, puis était récupéré par son fils devenu adulte (Dolph Lundgren) qui l’emmenait remonter le temps à bord d’une voiture volante ! The Last Sharknado commence donc dans le passé, plus précisément en pleine préhistoire. Le grand Dolph étant occupé ailleurs (il était alors en plein tournage de Creed II et Aquaman), le scénario utilise un prétexte évasif pour expliquer son absence soudaine, puis confronte Fin à un troupeau de dinosaures en images de synthèse au rendu très discutable. Un gigantesque tyrannosaure menace de le croquer avant de finir entre les dents d’un mégalodon qu’on croirait échappé de la saga Mega Shark, autre franchise aquatique de la compagnie The Asylum. Dans cette préhistoire bricolée avec les moyens du bord, Fin retrouve les membres de son équipe qu’il croyait morts (April, Nova, Brian) et s’en va détruire la première tempête de requins de l’histoire de notre planète.

Mais une fois cette mission accomplie, la petite équipe se retrouve aspirée par un vortex et atterit au moyen-âge. Reprenant un concept voisin de celui du film précédent, Sharknado 6 transporte ainsi ses héros d’un portail tumultueux à l’autre, si ce n’est que cette fois-ci ils ne voyagent pas dans l’espace mais dans le temps. Partant de ce principe, de nouveaux délires qui n’avaient pas encore été expérimentés par les scénaristes de la saga, pourtant prompts à imaginer toutes les folies, sont désormais envisageables : des requins-dragons cracheurs de feu, une Excalibur-tronçonneuse qui lance des éclairs, un squale dans la gueule duquel le bras tranché d’un cowboy continue à utiliser son colt, un train du Far-West qui s’envole comme à la fin de Retour vers le futur 3, un poisson vorace qui fait du surf sur une plage des années 60, des requins robots volants venus du futur… La qualité toujours aussi évasive des effets spéciaux numériques qui surchargent l’écran pendant près de 90 minutes ne semble poser aucun problème au réalisateur Anthony C. Ferrante, toujours fidèle au poste depuis le tout premier Sharknado en 2013, ni à ses producteurs et encore moins à la chaîne Sy-Fy, spécialisée depuis longtemps dans la diffusion de « creature features » aux budgets ridicules.

Il était temps !

Le concept des sauts dans le temps successifs dote presque cet ultime Sharknado d’une structure de film à sketches et permet de créer une surprise permanente, ni les spectateurs ni les héros ne sachant où le prochain vortex les transportera, un peu comme dans une série d’épisodes de la série Code Quantum (vers laquelle Fin cligne de l’œil dès le début du film en reprenant la fameuse interjection « Oh boy ! »). Si quelques vedettes invitées (principalement des célébrités sur le retour) continuent de faire « coucou » devant la caméra, le scénario mise surtout sur les « guest-stars historiques », autrement dit des personnages réels réinventés à loisir par un scénario en roue libre, de Merlin l’enchanteur à Benjamin Franklin en passant par George Washington, Billy the Kid, Mohamed Ali et même adolph hitler. Au milieu de tout ce délire, le scénario propose une intéressante séquence de paradoxe temporel située à la fin des années 90, poursuivant cet étrange grand-écart que la franchise cultive depuis le tout début en jouant la carte du décalage entre l’absurdité assumée et une certaine forme de premier degré. Le titre de ce dernier opus est une habile trouvaille, sa double traduction pouvant se lire comme « C’est à propos du temps » mais aussi « Il était temps ». En effet, toutes les bonnes choses ont une fin, y compris les tempêtes de requins.

 

© Gilles Penso



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