ICE PIRATES (1984)

Le studio MGM se paie sa propre imitation de Star Wars et accouche d’une délirante histoire de pirates de l’espace

THE ICE PIRATES

 

1984 – USA

 

Réalisé par Stewart Raffill

 

Avec Robert Urich, Mary Crosby, Michael D. Roberts, Anjelica Huston, John Matuszak, Ron Perlman, Natalie Core, Jeremy West, John Carradine

 

THEMA FUTUR I SPACE OPERA I ROBOTS I EXTRA-TERRESTRES

La trilogie Star Wars ayant battu tous les records du box-office, le studio MGM tente un peu tardivement de surfer sur la tendance du space opera post-Flash Gordon en sollicitant le scénariste Stanford Sherman (qui vient justement de mixer l’influence de La Guerre des étoiles avec celle des contes de fées dans Krull). Initié par David Begelman et John Foreman, le projet s’appelle d’abord The Water Planet. De 20 millions de dollars (quasiment le double de celui du premier Star Wars), le budget est plus raisonnablement ramené à 9 millions et confié au réalisateur Stewart Raffill, dont la comédie mouvementée Les Risques de l’aventure a fait très bonne impression aux dirigeants du studio. Or Raffill souhaite accentuer le caractère humoristique du film et lui donner un ton parodique. The Water Planet devient donc The Ice Pirates et s’intéresse à une bande de mercenaires visiblement calqués sur le personnage de Han Solo, même si le réalisateur et ses producteurs affirment à qui veut les entendre qu’ils n’ont jamais vu La Guerre des étoiles. Mené par un capitaine qu’incarne Robert Urich (héros de la série Vegas, sous contrat à l’époque chez MGM), l’équipage disparate du film laisse apparaître quelques visages connus comme Ron Perlman, Anjelica Huston ou encore le colossal John Matuszak (qui cherchait des noises à Ringo Starr dans L’Homme des cavernes). On note aussi une petite apparition du très vieillissant John Carradine dans le rôle du commandant suprême du redoutable ordre des Templiers, équivalent low-cost de l’Empire de George Lucas.

Nous sommes donc dans un futur marqué par de grandes guerres intergalactiques. L’eau potable est devenue rare et précieuse, seuls les sinistres Templiers de la planète Mithra ayant le droit de la faire circuler. L’espace compte cependant un certains nombres de rebelles qui s’opposent à cette dictature, notamment Jason (Robert Urich) et son équipe de pirates qui survivent en dérobant la glace que transportent les vaisseaux des Templiers. Au cours d’une des opérations d’abordage qu’ils mènent pour voler des stocks de glaçons, Jason et son équipage kidnappent la princesse Karina (Mary Crosby, héroïne récurrente de la série Dallas) mais sont rattrapés par le vil Zorn (Jeremy West) qui les réduit en esclavage. Alors qu’ils sont tous condamnés à devenir eunuques, les valeureux pirates s’évadent avec la complicité de Karina et traversent le cosmos à la recherche de son père, seul capable de les conduire vers une oasis où l’eau coulerait à flots…

Jason et les astronautes

La générosité d’Ice Pirates est indéniable : des dizaines de robots, des extra-terrestres excentriques, des batailles spatiales, des combats à l’épée et au pistolet laser, des cités futuristes, des décors variés, des figurations hétéroclites, toutes sortes de véhicules customisés, des cascades, de la pyrotechnie… Le spectacle est donc abondant, à défaut d’être palpitant. Car le second degré permanent qui irradie l’aventure de Jason et de son équipe désamorce systématiquement tout semblant de suspense, y compris dans les scènes les plus mouvementées comme l’impressionnante attaque des chasseurs de primes habillés comme des Vikings qui prennent en chasse nos héros à bord d’une sorte de Monster Truck à la proue en forme de tête de mort. Dynamisé par une partition de Bruce Broughton dont le thème principal rappelle celui écrit par Laurence Rosenthal pour Le Choc des Titans, le récit mixe l’influence de Star Wars avec celle de Mad Max en y injectant quelques clins d’œil à Alien (le petit monstre sorti de l’œuf) et à Rollerball (dont les personnages regardent régulièrement des extraits sur leurs écrans). Une idée scénaristique surprenante surnage en fin de métrage : la traversée d’une distorsion temporelle qui provoque le vieillissement accéléré de tous les belligérants. Distribué parfois chez nous sous le titre Les Guerriers des étoiles (notez la subtile allusion), Ice Pirates aura souffert de remaniements internes au sein de la MGM dont il fut l’une des victimes collatérales, perdant en cours de production ses ambitions initiales. Hybride, le film de Stewart Raffill semble ainsi chercher à se positionner entre la superproduction de science-fiction et la toute petite série B façon Roger Corman sans parvenir à trouver le juste équilibre.

 

© Gilles Penso

 

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