SKY SHARKS (2020)

Des zombies nazis chevauchent des requins volants génétiquement modifiés et partent à la conquête du monde !

SKY SHARKS

 

2020 – ALLEMAGNE

 

Réalisé par Marc Fehse

 

Avec Eva Habermann, Cary-Hiroyuki Tagawa, Tony Todd, Naomi Grossman, Amanda Bearse, Robert LaSardo, Dave Sheridan, Barbara Nedelkakova

 

THEMA MONSTRES MARINS I ZOMBIES

Voilà bien longtemps que les requins sont devenus les nouveaux clowns du cinéma fantastique, s’accommodant à toutes les sauces pour le plus grand plaisir des amateurs de nanars et de films déviants. Qu’elle est loin l’époque où le simple « grand blanc » des Dents de la mer suffisait à terrifier les spectateurs ! Aujourd’hui, les squales doivent atteindre des proportions démentielles, muter, voler, fusionner avec d’autres créatures, affronter des adversaires improbables… En pareil contexte, l’annonce d’un film mettant en scène des zombies nazis chevauchant des requins volants pour conquérir le monde n’étonne même plus ! La révélation de ce projet et la projection d’une première bande-annonce fit pourtant son petit effet au marché du film de Cannes en 2015, à la grande satisfaction de ceux qui produisirent quatre ans plus tôt l’invasion extra-terrestres de Spores. Nombreux furent ceux qui contribuèrent à la campagne de financement participatif du film, leur apport modeste permettant de boucler un budget estimé à 2,5 millions d’euros. Après un tournage amorcé en 2016 et une longue – très longue – post-production, Sky Sharks montre enfin le bout de son museau et semble vouloir tenir toutes les promesses de son concept fou, comme le montre cette scène d’introduction délirante où un avion de ligne est attaqué par une armada volante de nazis morts-vivants montés sur des squales mutants biomécaniques qui fendent les airs à une vitesse supersonique.

Le scénario, qui se résume finalement à peu de choses, s’intéresse à une équipe de géologues découvrant accidentellement au cœur de l’Antarctique un laboratoire caché dans les profondeurs de la glace depuis la seconde guerre mondiale. À l’intérieur se trouve le fruit d’une expérience secrète conduite par le docteur Hans Kammler pour assurer aux nazis une victoire certaine et une domination du monde. Tout est parti de l’invention du K7B, conçu pour régénérer les tissus afin de rendre les soldats invincibles. Avec une telle armée, pilotant de surcroît des requins génétiquement modifiés pour pouvoir échapper à la gravité, rien ne semblait pouvoir arrêter l’ascension du quatrième Reich. L’histoire en décida autrement. Mais aujourd’hui, cette terrible arme redoutable est libérée dans la nature et les avions de ligne en sont les premières victimes. Face à ce danger que rien ne semble pouvoir stopper, deux jeunes soldates découvrent avec désarroi que leur père centenaire, qui dirige un conglomérat industriel et s’injecte régulièrement un sérum pour stopper le vieillissement de ses cellules, n’est autre que l’homme qui supervisa cette opération pendant la guerre. Pour éradiquer cette menace rétro-futuriste, tous les pays vont devoir s’allier et mettre sur pied une opération commando de la dernière chance…

Les dents de l’amer

Qu’un tel film ait été conçu par des cinéastes allemands ne manque évidemment pas de sel. De toute évidence, nos voisins germains n’hésitent pas à exorciser leur propre passé, quitte à jouer la carte de l’autodérision, de la science-fiction et de l’horreur décomplexée. De ce point de vue, tous les excès sont permis. Les scènes de carnage en plein vol se parent ainsi d’effets gore extrêmes, mélange habile d’effets numériques et de maquillages spéciaux (plusieurs d’entre eux étant supervisés par le gourou Tom Savini lui-même) qui n’ont rien à envier à un Braindead. Les effets visuels eux-mêmes s’avèrent extrêmement soignés, supérieurs à ceux de n’importe quel épisode de la saga Sharknado. De fait, malgré son budget réduit, Sky Shark a du cachet. Mais sa tonalité reste difficile à appréhender. Ni totalement parodique, ni franchement drôle, le film a du mal à se positionner entre le premier et le second degré, ce qui finit par nuire à son impact. Quant aux circonvolutions artificielles du scénario (à grand renfort de flash-backs à répétition), elles semblent vouloir combler un vide narratif qu’on ne saurait appréhender autrement que comme un constat d’impuissance : de toute évidence, un tel concept s’adaptait mieux à un court qu’à un long métrage. Du coup, malgré sa profusion d’effets spéciaux high-tech, ses effets de montage dynamiques et sa musique électronique énergisante, Sky Sharks accumule les longueurs et les « ventres mous ». Entre deux attaques de requins volants, le spectateur aura du mal à réfréner quelques bâillements, malgré les fausses pubs qui scandent le métrage pour tenter de relancer l’intérêt en clignant manifestement de l’œil vers les spots TV parodiques de Robocop et Starship Troopers.

 

© Gilles Penso

 

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