ÉVOLUTION (2001)

David Duchovny et Julianne Moore affrontent des dinosaures mutants dans cette comédie de SF dirigée par le réalisateur de S.O.S. fantômes

EVOLUTION

 

2001 – USA

 

Réalisé par Ivan Reitman

 

Avec David Duchovny, Orlando James, Julianne Moore, Seann William Scott, Ted Levine, Dan Aykroyd

 

THEMA DINOSAURES I MUTATIONS I EXTRA-TERRESTRES

Depuis S.O.S. fantômes, tout ce qu’a pu écrire ou mettre en scène Ivan Reitman n’a jamais pu arriver à la cheville des résultats au box-office de son histoire de chasseurs de spectres. S.O.S. fantômes 2 n’était qu’une pâle copie de l’original, Jumeaux, Junior et Un Flic à la maternelle tentaient une reconversion maladroite d’Arnold Schwarzenegger dans la comédie, bref rien de comparable au miraculeux Ghostbusters qui renfloua les caisses de la Columbia en 1984. Alors, seize ans plus tard, Reitman décide de revenir aux sources avec Évolution. Le principe du recyclage de la formule Ghostbusters est simple : trois scientifiques déjantés et un candide jouent le rôle des héros, tandis que les fantômes farceurs sont remplacés par des dinosaures extra-terrestres mutants. Chargés d’enquêter sur la chute d’une météorite au beau milieu du désert de l’Arizona, les professeurs Ira Kane (David Duchovny) et Harry Block (Orlando James) découvrent un organisme extra-terrestre qui évolue à la vitesse grand V. Les êtres monocellulaires se muent bientôt en invertébrés, puis en batraciens et en reptiles de plus en plus gros… et de plus en plus dangereux. À l’origine, le scénario de Don Jacoby était très sérieux. Séduit par l’idée, Ivan Reitman décida de la conserver tout en l’orientant vers le pastiche, avec l’aide des auteurs David Diamond et David Weissman.

Le film bénéficie donc d’une idée de départ digne des meilleurs récits de science-fiction, d’acteurs qui cultivent le contre-emploi avec entrain (Duchovny prend visiblement plaisir à auto-parodier l’agent Mulder des X-Files, Juliane Moore s’essaie pour la première fois à la satire burlesque) et de monstres extraordinaires signés Phil Tippett. Ces derniers donnent lieu à une collection de séquences mémorables à mi-chemin entre l’épouvante et la farce, notamment le bouledogue amphibien qui terrorise un groupe de ménagères, le molosse trapu qui surgit d’un lac pour engloutir un joueur de golf, le moustique géant qui s’insinue à travers la combinaison d’Orlando James, le reptile volant qui combine le faciès carnassier des raptors de Jurassic Park et la morphologie hybride du Quetzalcoatl d’Épouvante sur New York ou encore le primate bestial qui surgit dans la base militaire. « Comment ne pas être heureux de travailler avec Ivan Reitman ? », nous avoue Tom Woodruff Jr, co-fondateur de l’atelier d’effets spéciaux ADI. « Nous avons collaboré étroitement avec l’équipe de Phil Tippett pour créer les éléments animatroniques complémentaires de ses effets visuels. Nous avons conçu les primates bleus du film. À un moment donné, le décor dans lequel nous tournions a pris feu et nous avons tous été évacués. Le problème, c’est que plusieurs cascadeurs et moi-même portions des costumes de singes avec des masques animatroniques nous empêchant de voir ce qui se passait ! Notre équipe nous a aidés à évacuer les lieux rapidement et je peux vous rassurer : aucun singe bleu n’a été blessé pendant le tournage de ce film ! » (1)

S.O.S. mutants

Si le film n’atteint jamais le niveau de S.O.S. fantômes, il cultive avec talent un humour à froid très communicatif, des répliques hilarantes et une alchimie parfaite entre le rire, le frisson et la science-fiction. Dans des seconds rôles savoureux, Ted Levine et Dan Aykroyd incarnent respectivement un général fourbe et un gouverneur grotesque. Le final, volontiers apocalyptique, met en scène un gigantesque monstre tentaculaire qui, pour sa part, semble rendre un hommage à la pieuvre créée par Ray Harryhausen pour Le Monstre vient de la mer. Et comme l’absurde demeure le cheval de bataille favori de Reitman, nos héros ont finalement raison de la menace monstrueuse à l’aide d’une arme imparable : du shampoing Head & Shoulders ! Le faux spot publicitaire qui clôt le film et le logo présent sur l’affiche (un « smile » affublé de trois yeux) confirment la volonté du cinéaste de lancer une franchise marchant sur les traces de Ghostbusters. Mais le succès d’Évolution est modeste et le film demeurera sans suite.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en juillet 2018

 

© Gilles Penso

 

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