LES AVENTURES DE BUCKAROO BANZAÏ À TRAVERS LA HUITIÈME DIMENSION (1984)

Un scientifique / rock star / agent secret ouvre les portes de la huitième dimension et provoque une invasion extra-terrestre…

THE ADVENTURES OF BUCKAROO BANZAI ACROSS THE 8th DIMENSION

 

1984 – USA

 

Réalisé par W.D. Richter

 

Avec Peter Weller, John Lithgow, Ellen Barkin, Jeff Goldblum, Lewis Smith, Christopher Lloyd, Rosalind Cash

 

THEMA EXTRA-TERRESTRES I MONDES VIRTUELS ET MONDES PARALLÈLES

Les Aventures de Buckaroo Banzaï est né de la rencontre entre W.D. Richter, scénariste de plusieurs films mémorables comme L’Invasion des profanateurs de Philip Kaufmann, Dracula de John Badham ou Brubaker de Stuart Rosenberg, et Earl Marc Rauch, auteur du roman « Dirty Pictures From the Prom ». Tous deux décident d’initier un film ensemble, mais le scénario peine à se concrétiser. Rauch imagine un personnage nommé d’abord Buckaroo Bandy, héros d’une histoire déjantée inspirée en partie du cinéma de kung-fu. Entre-temps, Rauch écrit les scripts de New York New York pour Martin Scorcese et d’Otages pour Sean S. Cunningham. Lorsque le scénario des Aventures de Buckaroo Banzaï est enfin finalisé, il faut encore pouvoir le financer. Ce n’est pas une mince affaire, dans la mesure où le film s’annonce totalement inclassable et qu’il s’agira de la première réalisation de W.D. Richter. Le producteur David Begelman et le studio 20th Century Fox tentent finalement l’aventure en allouant au projet un budget de douze millions de dollars. Pas encore starifié par Robocop, Peter Weller hérite du rôle-titre, sa performance dans L’Usure du temps d’Alan Parker ayant convaincu Richter. Le comédien accepte sans trop savoir s’il s’embarque dans une parodie, un film de science-fiction sérieux ou une espèce de cartoon en chair et en os.

Buckaroo Banzaï est un personnage hors du commun cumulant tout à la fois les fonctions de neurochirurgien, de star du rock, d’agent secret, de spécialiste des arts martiaux, de physicien mondialement connu et d’ami du président des États-Unis. Alors qu’il expérimente sa toute dernière invention, l’Oscillateur, cet homme aux talents multiples se lance à vive allure dans le désert au volant d’une voiture expérimentale et ouvre malencontreusement les portes de la huitième dimension, permettant à des extra-terrestres aux sombres desseins d’envahir notre planète. Ces indésirables envahisseurs sont identifiés par Buckaroo Banzaï comme « Lectroïdes de la planète dix ». Seuls certains êtres privilégies peuvent voir leur monstrueux visage. Mais pour le commun des mortels, ils ressemblent à des humains ordinaires. Entretemps, le docteur Lizardo (John Lithgow) s’évade de l’hôpital psychiatrique où il était interné. Ce dernier avait tenté une expérience similaire à celle de Buckaroo Banzaï, avec un side-car customisé, mais en était ressorti transformé et profondément mégalomane. Notre héros et son équipe partent donc en guerre contre les aliens désormais à la solde de Lizardo.

En totale roue libre

Assez curieusement, plusieurs composantes de ce film délirant annoncent Retour vers le futur, notamment cette voiture aérodynamique qui fonce sur une route droite jusqu’à se dématérialiser pour apparaître ailleurs de l’autre côté d’une montagne, avec en prime un tableau de bord équipé d’un dispositif en tout point similaire au convecteur temporel de Doc Brown. Christopher Lloyd apparaît d’ailleurs dans le film, jouant une sorte d’agent du gouvernement. Au détour du casting, on trouve aussi Jeff Goldblum, en ami médecin de Buckarro qui s’habille en cowboy, ainsi que de nombreux compagnons d’arme aux noms improbables. La délicieuse Ellen Barkin (future star de Dans la peau d’une blonde et Mélodie pour un meurtre) est aussi de la fête. Dans un flash-back, Jamie Lee Curtis jouait la mère du héros, mais cette scène fut finalement coupée au montage. Quant à John Lithgow, il en fait des tonnes sous la défroque de ce super-vilain improbable, déclamant ses dialogues avec un accent supposément italien qui ressemble plutôt à du russe. Le film se distingue par ses designs originaux, notamment ce vaisseau spatial mi-végétal mi-minéral aux allures de coquillage hérissé de branchages enchevêtrés, ou encore ces aliens juchés sur de très hauts sièges dans un étrange environnement enfumé. Les effets visuels sont supervisés par Michael Fink (Blade Runner, WarGames), les maquettes par Mark Stetson (New York 1997, S.O.S. fantômes) et les maquillages spéciaux par Tom Burman (L’Invasion des profanateurs, La Féline). Bref, du beau monde ! Rythmé sur une musique synthétique de Michael Boddicker, Les Aventures de Buckaroo Banzaï nous amuse par son grain de folie permanent et sa liberté de ton. Mais son déroulement erratique, en totale roue libre, ne mène nulle part et fixe donc les limites de son concept. La fin nous annonce une prochaine aventure : « Buckaroo Banzai Against the World Crime League ». Mais cette suite ne verra jamais le jour. Buckaroo Banzaï est en effet un flop retentissant, le film ne devenant culte qu’au moment de sa distribution en vidéo.

 

© Gilles Penso

 

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