LES DÉMONIAQUES (1974)

Deux jeunes filles violées et laissées pour morte par une bande de naufrageurs acquièrent des pouvoirs magiques et préparent leur vengeance…

LES DÉMONIAQUES

 

1974 – FRANCE

 

Réalisé par Jean Rollin

 

Avec Lieva Lone, Patricia Hermenier, John Rico, Willy Braque, Paul Bisciglia, Louise Dhour, Ben Zimet, Mireille Dargent

 

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE I SAGA JEAN ROLLIN

Jean Rollin n’ayant pas placé la barre très haut avec ses œuvres fantastiques précédentes (Le Viol du vampire, La Vampire nue, Le Frisson des vampires, Requiem pour un vampire, La Rose de fer), Les Démoniaques se hisse sans trop de difficultés au rang d’un de ses meilleurs films. Car pour une fois le montage est cohérent, les cadrages soignés, la musique de Pierre Raph se laisse aller à de véritables élans épiques, les décors et la photographie rivalisent d’esthétisme et le scénario lui-même parvient sans trop de mal à capter l’intérêt. Nous sommes au 19ème siècle, dans un village côtier du nord de l’Europe. Là, sous la coupe d’un capitaine mentalement déséquilibré (John Rico), le brutal Le Bosco (Willy Braque), le fourbe Paul (Paul Bisciglia) et la perverse Tina (Joëlle Cœur) attirent les navires vers les récifs pour les piller et en tuer les occupants. La première séquence démarre ainsi sur des chapeaux de roue, avec le viol et le massacre de deux belles naufragées (Lieva Lone et Patricia Hermenier) par la sinistre bande. De retour à la taverne du coin où il s’enivre mollement, le capitaine est soudain hanté par d’inquiétantes visions : ses deux victimes lui apparaissent et viennent le hanter…

Le fait est que ces dernières, laissées pour mortes, ont survécu à leur agression. Muettes et prostrées, elles errent désormais dans la campagne environnante et sont recueillies par un clown (Mireille Dargent) dans une cathédrale en ruines, l’un de ces détails surréalistes dont raffole Jean Rollin. Prises en main par un sorcier (Ben Zimet) qui s’accouple avec chacune d’elle pour leur faire partager ses pouvoirs (une technique de drague pour le moins originale !), elles vont désormais avoir la possibilité de se venger des pirates qui les ont attaquées… Comme toujours chez Jean Rollin, l’intégralité du casting féminin se retrouve rapidement nu comme un ver, notamment la magnifique interprète de la cruelle Tina, pas pudique pour un sou. Il faut dire que la belle était alors habituée à se dévêtir à l’écran, notamment pour les films plus ouvertement érotiques de Jean Rollin aux titres aussi évocateurs que Jeunes filles impudiques ou Tout le monde il en a deux.

« Deux vierges pour Satan »

Certes, les défauts majeurs du réalisateur n’ont pas totalement été évacués des Démoniaques, notamment des comédiens affligeants, des dialogues ineptes et des costumes très évasifs. Mais ces scories n’entachent que partiellement le charme de cette œuvrette parée d’une poignée de séquences fort graphiques. Au générique, on peut lire qu’il s’agit d’« un film expressionniste » de Jean Rollin, une mention quelque peu usurpée dans la mesure où Les Démoniaques n’a pas grand-chose à voir avec l’univers torturé du Cabinet du docteur Caligari ou de L’Étudiant de Prague. Il n’empêche que le film collectionne quelques moments de pure poésie visuelle, comme la poursuite nocturne au milieu des épaves éventrées de navires qui prennent feu, ou le final pathétique au cours duquel les cadavres s’enfoncent dans la vase tandis que monte progressivement la marée. Tourné entre juin et août 1973, le film sort en France le 5 décembre de l’année suivante. Au fil de sa carrière, il sera connu sous des titres alternatifs imagés comme Les Diablesses, Tina la naufrageuse perverse ou Deux vierges pour Satan.

 

© Gilles Penso

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