MASSACRES DANS LE TRAIN FANTÔME (1981)

Un groupe d’adolescents passe la nuit dans une fête foraine et tombe nez à nez avec un monstre masqué au comportement meurtrier…

THE FUNHOUSE

 

1981 – USA

 

Réalisé par Tobe Hooper

 

Avec Elizabeth Berridge, Largo Woodruff, Jeanne Austin, Shawn Carson, Jack McDermott, Cooper Huckabee, Miles Chapin, Wayne Doba

 

THEMA TUEURS I FREAKS

Au début des années 80, le succès inattendu de Vendredi 13, succédant de près à celui de La Nuit des masques, commence à faire cogiter tous les grands studios n’ayant pas vu venir cette vogue croissante du film d’horreur pour public adolescent. Universal décide donc de prendre le train en marche et achète à Larry Block le scénario de The Funhouse. Pour prendre les commandes du film, on pense à Tobe Hooper, qui avait su faire frémir les foules avec Massacre à la tronçonneuse et Le Crocodile de la mort tout en prouvant sa capacité d’adaptation à des projets plus « calibrés » comme le téléfilm Les Vampires de Salem d’après Stephen King. Avec Massacres dans le train fantôme, Hooper entre ainsi pour la première fois dans le giron d’une major hollywoodienne. Soucieux de l’esthétisme de ce film qu’il sait déterminant pour la suite de sa carrière, le cinéaste embauche le directeur de la photographie Andrew Laszlo, qui signa les images des Guerriers de la nuit de Walter Hill. Le casting étant constitué de nombreux jeunes comédiens, l’équipe de tournage s’installe à Miami, où les lois concernant les acteurs mineurs sont moins contraignantes qu’à Los Angeles.

La scène d’introduction de Massacres dans le train fantôme multiplie les clins d’œil cinéphiliques. Nous y découvrons une chambre décorée avec des photos des Universal Monsters, puis un enfant qui avance en caméra subjective caché sous un masque (comme dans le prologue de Halloween), un faux meurtre sous la douche calqué fidèlement sur celui de Psychose et même un extrait de La Fiancée de Frankenstein diffusé à la télévision… Amy Harper (Elizabeth Berridge), 16 ans, décide de passer la soirée à la fête foraine du coin en compagnie de son nouveau petit ami Buzz Dawson (Cooper Huckabee) et de ses amis Liz (Largo Woodruff) et Richie (Miles Chapin). Ce parc est jalonné d’attractions sinistres : des freaks (une vache à deux têtes, des fœtus difforme), un magicien qui plante un pieu dans le cœur de son assistante, une vieille voyante… Par défi, les quatre ados décident de passer la nuit dans le train fantôme, ignorant que le petit frère d’Amy les a suivis. Cachés dans la pénombre, ils assistent soudain au meurtre d’une femme par un homme qui porte le masque du monstre de Frankenstein. Cet assassin au comportement bestial semble être une sorte d’enfant dans un corps d’adulte. De fait, l’analogie avec le Leatherface de Massacre à la tronçonneuse s’impose. Si ce n’est que derrière le masque, c’est un visage encore plus affreux qui apparaît : monstrueux, hydrocéphale, hirsute, hurlant, baveux…  C’est le danseur et mime Wayne Doba qui incarne cette créature, sous les prothèses spectaculaires de Rick Baker et Craig Reardon.

Monstres de foire

Le décor de la fête foraine permet aux séquences horrifiques du film de prendre une tournure grand-guignolesque, les monstres réels et factices s’entremêlant dans la plus grande confusion. Extrêmement travaillée, la bande son s’avère être un très efficace support d’épouvante, notamment dans la salle des mécanismes du train fantôme. Si Hooper décline une fois de plus le motif de la victime féminine traquée par un monstre à peine humain dans un décor hostile, il évacue aussi le manichéisme trop tranché en dressant le portrait d’un père brisé par la monstruosité de son fils, dissimulant sans cesse ses actes criminels pour mieux le protéger. « L’un sans l’autre on n’est rien, tu comprends ? », déclare-t-il à sa progéniture contrefaite. « Le Seigneur m’est témoin que je t’aime. » Lorsque le film sort en vidéo, la très prude Grande-Bretagne le range illico dans la catégorie « Video Nasties », une liste noire intégrant tous les longs-métrages que la censure réprouve au point de les interdire purement et simplement sur le territoire. Mais ce bannissement est né d’un malentendu, Massacre dans le train fantôme ayant été confondu avec Last House on Dead End Street de Roger Watkins, dont l’un des titres de travail fut The Fun House ! En comparaison, le slasher de Tobe Hooper est finalement assez inoffensif et lui ouvrira d’ailleurs la porte vers un cinéma plus mainstream. Un an plus tard, il réalisera Poltergeist sous la supervision d’un certain Steven Spielberg.

 

© Gilles Penso

 

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