MORTAL ENGINES (2018)

Imaginez une sorte de Mad Max steampunk dans lequel ce ne sont plus les véhicules qui se poursuivent mais des cités montées sur roues !

MORTAL ENGINES

 

2018 – USA / NOUVELLE-ZÉLANDE

 

Réalisé par Christian Rivers

 

Avec Hera Hilmar, Robert Sheehan, Hugo Weaving, Leila George, Ronan Raftery, Jihae, Stephen Lang, Patrick Malahide, Colin Salmon

 

THEMA FUTUR

En 2009, l’année où il réalise Loveley Bones et où il produit District 9, Peter Jackson fait l’acquisition des droits d’adaptation du roman « Mortal Engines » (« Mécaniques Fatales » en France) que Philip Reeve a écrit en 2001. Séduit par le concept résolument original de cette fable de science-fiction rétro-futuriste, le réalisateur du Seigneur des Anneaux aimerait en tirer un long-métrage et en confier la mise en scène à Christian Rivers. Ce dernier n’a encore jamais réalisé de film, mais l’Oscar qu’il a reçu pour les effets visuels de King Kong laisse penser qu’il sera l’homme de la situation face aux gigantesques défis techniques que représente ce film. C’est d’ailleurs l’équipe de Weta Digital qui est en toute logique chargée de mettre en image les folles visions de ce récit plus grand que nature. Quant au scénario, il est rédigé par Jackson en compagnie de ses deux habituelles partenaires d’écriture, Fran Walsh et Philippa Boyens. Le puissant producteur néo-zélandais est donc en terrain connu, entouré de ses plus fidèles collaborateurs. Refusant les superstars au profit de visages expérimentés et charismatiques, le casting donne la vedette à Hera Hilmar (une actrice suédoise connue pour le rôle de Vanessa dans la série Da Vinci’s Demons), à Robert Sheehan (mémorable personnage récurrent de Misfits et Umbrella Academy) et à Hugo Weaving (l’agent Smith de Matrix, le Elrond du Seigneur des Anneaux et le Crâne Rouge de Captain America).

Mortal Engines donne le ton en commençant par une séquence dantesque. Une petite cité minière montée sur roues prend la fuite devant une gigantesque cité sur chenilles qui cherche à l’engloutir ! Nous voilà plongés dans une sorte de Mad Max uchronique où les véhicules recustomisés ont été remplacés par des villes entières. Car dans ce monde post-apocalyptique ravagé par une catastrophe nucléaire, d’immenses cités mobiles errent sur les terres d’Europe et cherchent à prendre le pouvoir sur des villes roulantes plus petites et moins armées. C’est toujours la loi du plus grand et du plus fort qui prime, si ce n’est que les capitales/états sont en perpétuel mouvement, embarqués dans une sorte de dérive des continents darwiniste sans pitié. Mais plusieurs peuples résistent. Une alliance de villes « anti-tractionniste » s’est ainsi établie aux confins de l’Asie et se protège derrière une muraille titanesque. Leur détermination est forte, mais face à la ville mobile de Londres, menée par le mégalomane Thaddeus Valentine (Hugo Weaving), feront ils le poids ? Le destin des mondes semble reposer sur les épaules d’Hester Shaw (Hera Hilmar), de Tom Natsworthy (Robert Sheehan) et d’une poignée de résistants.

Le règne du bio-mécanique

Mortal Engines regorge de morceaux de bravoure inédits, de la poursuite dans les tranchées par les villes chasseuses de prime à l’ébouriffante bataille aérienne en passant par le combat mouvementé au milieu du marché aux esclaves. Il faut dire que la direction artistique du film, privilégiant les architectures et les designs bio-mécaniques d’inspiration steampunk, donne dans le jamais vu, chaque machine et chaque véhicule semblant emprunter ses mécanismes au règne animal tout en clignant de l’œil vers les créations de Jules Verne et Georges Méliès : vaisseau volant en forme de requin/raie, ballons dirigeables rétro-futuristes, véhicule monospace en forme de bulle, convoi mille-pattes qui se cache sous la terre, prison marine arachnéenne, cité volante qui semble annoncer les rochers flottants d’Avatar, on ne sait plus où donner de la tête. On note aussi la présence très impressionnante de Shrike, « l’homme ressuscité » incarné par Stephen Lang. Cette sorte de zombie/cyborg aussi tenace que le T-800 de Terminator est d’autant plus intéressant que sa folie destructrice est dictée par une sorte d’amour monstrueux. Dans cet univers foisonnant débordant d’images iconiques et d’effets visuels prodigieux, les « simples mortels » sont fatalement ramenés à la portion congrue et peinent un peu pour exister. C’est sans doute le reproche majeur qu’on pourrait faire au film. Mais cette faiblesse ne justifie pas le gigantesque échec que Mortal Engines essuya au box-office, sortant dans une indifférence presque générale malgré la splendeur incroyablement ambitieuse de sa mise en forme.

 

© Gilles Penso

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