Lorsque surgit enfin le cyclope du titre, Gordon parvient à ménager quelques beaux moments d’épouvante. La créature, haute d’une bonne dizaine de mètres, apparaît subitement alors que nos héros exploraient sa caverne et exhibe un faciès particulièrement hideux. La partie droite de son visage n’est plus que de la chair flasque. La moitié de sa bouche, décharnée, arbore des dents démesurées et le monstre n’a plus qu’un œil, sous forme d’un globe oculaire rond et énorme sur la partie gauche de son visage. Saisissant, le maquillage est l’œuvre de Jack H. Young. Il ne faut pas longtemps à nos protagonistes pour comprendre que ce géant peu recommandable, chauve et vêtu d’une espèce de peau de bête, est en réalité l’ex-fiancé de Susan, transformé comme les animaux par les radiations environnantes. Sous l’influence de King Kong, Gordon nous offre quelques morceaux de choix : le cyclope se laisse attendrir par la belle, la capture, l’observe énamouré, se bat contre un serpent géant, puis poursuit les explorateurs dans la forêt, avec pour toute répartie des grognements pathétiques. Le final, quant à lui, puise aux sources mythologiques, le destin du colosse se calquant sur celui du Polyphème de l’Odyssée. The Cyclops sera le premier volet d’une sorte de trilogie, suivi par Le Fantastique homme colosse et War of the Colossal Beast.
© Gilles Penso