The Boy est un film qui joue d’abord sur l’ambiance, les petites touches d’étrangeté, l’inquiétude latente. Pour y parvenir, William Brent Bell s’appuie sur une direction artistique de premier ordre : une photographie très soignée de Daniel Pearl (Massacre à la tronçonneuse et son remake), des décors somptueux conçus par John Willett (La Firme, Lake Placid, Destination finale), un site naturel très photogénique capté au Canada (le Craigdarroch Castle)… Le deuxième atout majeur du film est la prestation de Lauren Cohan, crédibilisant avec subtilité les différents états par lesquels passe son personnage : l’incrédulité amusée, la surprise, l’inquiétude et finalement la terreur. The Boy n’échappe pas aux clichés d’usage (les cauchemars à répétition, l’incontournable scène de la douche, des « jump scares » attendus) mais parvient à réfréner les raccourcis faciles pour créer la surprise. De fait, Brahms n’est ni un émule de Chucky, ni même une version masculine d’Annabelle. Il se rattache à un autre sous-genre du cinéma d’horreur, persistant à semer le doute jusqu’à un dernier acte qui offre une toute nouvelle lecture des événements racontés dans le film. Sans doute The Boy est-il trop « sage », trop aseptisé pour convaincre totalement. Mais si la critique reste mitigée, le public lui réserve un triomphe. Avec des recettes mondiales de plus de 68 millions de dollars pour un budget de dix millions, c’est un succès incontestable. Une séquelle inévitable sera mise en chantier en 2020.
© Gilles Penso