BAISER MACABRE (1980)

Pour son premier long-métrage, le fils de Mario Bava compose un récit cauchemardesque s’appuyant sur les perversions de ses « héros »…

MACABRO

 

1980 – ITALIE

 

Réalisé par Lamberto Bava

 

Avec Bernice Stegers, Stanko Molnar, Veronica Zinny, Roberto Posse, Fernandino Orlandi

 

THEMA MORT

Quand on est le fils d’un réalisateur ayant marqué de manière indélébile le cinéma de genre international, il n’est pas simple de se faire un nom. Dans l’ombre de l’illustre Mario Bava, le jeune Lamberto a d’abord fait ses premières armes à ses côtés, officiant comme assistant-réalisateur ou réalisateur de deuxième équipe sur des films comme Opération peur, Danger Diabolik !, Une Hache pour la lune de miel, La Baie sanglante, Baron Blood ou La Maison de l’exorcisme. À l’occasion des Démons de la nuit, dernier long-métrage de son père, Lamberto Bava dirige officieusement plusieurs séquences lui-même. Puis il est temps de faire le grand saut. Baiser macabre fera pour lui office de baptême du feu. Le scénario, qu’il co-écrit avec Antonio Avati, Pupi Avati et Roberto Gandus, s’inspire vaguement d’un fait divers sinistre ayant défrayé la chronique à la Nouvelle-Orléans. C’est pour cette raison que l’intrigue du film se situe là-bas.

Ce scénario écrit à huit mains, malsain à loisir, puise sa force dans la perversion et le désaxage de ses personnages. Baiser Macabre lie ainsi le sexe et la mort, sans se laisser réfréner par une quelconque autocensure, certes, mais sans pour autant chercher la provocation gratuite et un peu facile d’un Nekromantic qui lui devra beaucoup.Ce climat trouble s’instaure dès l’entame au cours de laquelle Jane Baker (Berenice Stegers), mère de famille, abandonne ses deux enfants pour s’ébattre joyeusement avec son amant Fred Kellerman (Roberto Posse) dans une chambre louée. Pendant ce temps, sa fille aînée, Lucy (Veronica Zinny), qui ne supporte plus le comportement de sa mère, noie en souriant son petit frère de cinq ans dans la baignoire. Choquée par ce qu’elle croit être un accident domestique, Jane rentre en voiture avec Fred, mais tous deux sont victimes d’un violent accident qui décapite l’amant ! Passablement traumatisée par ces deux trépas violents, Jane perd la raison et échoue dans un hôpital psychiatrique. Après un an d’internement, toujours perturbée psychologiquement, elle est libérée et s’installe dans l’appartement de Fred. Là, les choses dégénèrent…

« Oh Fred ! »

L’atmosphère vénéneuse de Baiser macabre ne se relâche pas, notamment lorsque nous découvrons que Jane, tourmentée régulièrement par sa cruelle progéniture (elle lui apporte une photo de son petit frère !), se livre sans retenue à la nécrophilie avec la tête décapitée de son amant qu’elle conserve au réfrigérateur malgré un état de décomposition avancé ! Pour couronner le tout, Robert Duval (Stanko Molnar), le jeune aveugle qui lui loue la chambre et qui l’entend nuitamment soupirer des « Oh Fred ! » lascifs, tombe amoureux d’elle. Il faut bien avouer que Lamberto Bava n’est pas en pleine possession de ses moyens et se contente souvent d’une mise en scène malhabile, d’un rythme mal maîtrisé et d’une direction d’acteur pas toujours convaincante – celle qui sort le plus du lot est finalement la perverse fillette, dont le sadisme, régulièrement confirmé, s’avère des plus troublants. Mais l’ambiance déliquescente du film l’emporte sur ses scories. Aucun personnage n’est foncièrement sympathique dans Baiser macabre, et les dés semblent joués d’avance. Dès les premières minutes, le spectateur sent que les acteurs de ce petit théâtre de l’horreur sont voués à un destin funèbre, ce que confirmera un final paroxystique sans appel.

 

© Gilles Penso

 

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