ROBOCOP 3 (1993)

Un troisième opus aseptisé qui annihile toute violence et toute satire au profit d’une aventure très anecdotique…

ROBOCOP 3

 

1993 – USA

 

Réalisé par Fred Dekker

 

Avec Robert Burke, Mario Machado, Remy Ryan, Jodi Long, John Posey, Rip Torn, Mako, John Castle, CCH Pounder, Jill Hennessy

 

THEMA ROBOTS I FUTUR I SAGA ROBOCOP

Le personnage de Robocop s’étant peu à peu mué en franchise pour le studio Orion, Fred Dekker et Frank Miller se lancent dans l’écriture d’une seconde séquelle du film de Paul Verhoeven visant à mettre de nouveaux obstacles dans les pattes du policier cyborg. La multinationale OCP, rachetée par un groupe japonais, veut toujours construire Delta City sur les ruines du vieux Detroit. OCP a l’argent, le pouvoir mais très peu de temps pour mettre son plan à exécution. Un commando vide donc le quartier à la manière forte. Un groupe d’habitants résiste malgré tout, mené par la vénérable Bertha (CCH Pounder) et aidé par Nikko (Remy Ryan), petite génie de l’informatique dont les parents ont été expulsés et déportés. Leur action risque de faire échouer OCP, qui décide alors de reprogrammer Robocop pour qu’il chasse les rebelles. Mais le docteur Lazarus (Jill Hennessy), chargée de l’entretien de Robocop, refuse d’effacer la mémoire d’Alex Murphy, l’homme qu’il était avant de devenir un cyborg. Grâce à ses souvenirs d’être humain, Robocop se retourne donc contre l’OCP pour aider les habitants de Detroit.

Le second Robocop n’apportait déjà pas grand-chose au personnage imaginé par Edward Neumeier et Michael Miner, mais Irvin Kershner s’était au moins attaché à respecter l’esprit cynique du film original. Il en résultait un épisode plein de folie et de fureur, débordant de morceaux d’anthologie et ne reculant jamais devant les effusions de sang et les salves d’humour noir. En ce sens, l’esprit du premier Robocop était préservé. Fred Dekker, pour sa part, édulcore tellement le potentiel du sujet et fait tant régresser son protagoniste que le résultat fait peine à voir. La satire, la violence et l’intensité des deux premiers Robocop s’est ici évanouie au profit d’une aventure infantilisante dans laquelle Alex Murphy fait office de super-héros déshumanisé et triomphant. Nouvel interprète de Murphy après le départ de Peter Weller, Robert Burke mime avec un talent étonnant la gestuelle robotique et présente de troublantes ressemblances physiques avec son prédécesseur (ce qui motiva bien sûr son embauche), mais il s’avère incapable d’insuffler à son personnage une véritable humanité.

Terminator contre Transformers

Les facilités scénaristiques abondent sans vergogne (la petite fille qui possède des connaissances informatiques parfaitement invraisemblables) et même les faux spots publicitaires – marque de fabrique de la série – ont perdu tout leur piquant. L’impressionnant Ed-209 en est réduit à une minuscule apparition en guest-star, laissant la vedette à une série d’automates japonais à figure humaine très inspirés par Terminator (ils possèdent d’ailleurs la même vision rouge). Au cours du final, Robocop se mue en véritable Transformer. Soucieux de s’attirer les faveurs du tout jeune public et des fabricants de jouets, Frank Miller imagine ainsi un réacteur dorsal permettant au cyborg de s’envoler comme Superman, et Fred Dekker un bras-canon capable de tirer des balles, des flammes ou des roquettes. Très peu sollicité par cet opus, le génie des effets spéciaux Phil Tippett – qui fut maître d’œuvre des trucages de Robocop et Robocop 2 – est cependant appelé à la rescousse à la dernière minute pour animer des plans du héros qui vole dans l’espoir de dynamiser le climax. « Les gros plans de cette séquence avaient été obtenus avec un cascadeur filmé sur fond bleu, mais les projections tests ont révélé des réactions négatives face à ces plans », explique-t-il. « Les gens trouvaient ça trop statique. J’ai donc dû refaire la plupart d’entre eux en animation. Mais le budget alloué par Orion était très faible sur Robocop 3. Tout a donc été minimisé sur cette deuxième séquelle. Je ne suis pas allé sur le tournage et je n’ai même pas rencontré le réalisateur Fred Dekker ! » (1) Rien ne va donc plus dans ce troisième Robocop, qui sera le dernier film de la série, avant que le personnage ne poursuive ses exploits sur le petit écran.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en avril 1998

 

© Gilles Penso

 

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