LE SECRET DE TÉRABITHIA (2007)

Deux enfants échappent à la morosité de leur vie quotidienne en voyageant dans un monde imaginaire peuplé de créatures féeriques…

BRIDGE TO TERABITHIA

 

2007 – USA

 

Réalisé par Gabor Csupo

 

Avec Josh Hutcherson, Annasophia Robb, Erin Annis, Katrina Cerio, Lauren Clinton, Zooey Deschanel, Robert Patrick

 

THEMA CONTES

Même si l’affiche du Secret de Térabithia annonce fièrement qu’il s’agit d’un film réalisé « par les créateurs du Monde de Narnia », nous sommes ici fort éloignés de l’ambiance bon enfant dégagée par le conte d’Andrew Adamson. En réalité, Térabithia n’a rien d’un Seigneur des Anneaux en culottes courtes. S’il fallait le rapprocher d’une œuvre préexistante, ce serait davantage vers Créatures célestes qu’il faudrait se tourner. Car ici aussi, le moteur du récit est une amitié forte, ponctuée de voyages en des contrées fantasmagoriques dictées par une imagination fertile, et s’achevant sur un drame d’autant plus frappant qu’il est abrupt et imprévisible. Mais là où Peter Jackson s’inspirait d’un fait divers pour narrer la dérive adolescente de deux êtres perdant progressivement pied avec la réalité, Gabor Csupo s’appuie sur le roman écrit en 1977 par Katherine Paterson (et traduit en France sous le titre « Le Royaume de la Rivière ») pour décrire les bulles d’oxygène féeriques que s’inventent deux enfants afin d’échapper à leur quotidien banal.

Jess (Josh Hutcherson, héros de Zathura), un garçon issu d’une modeste famille nombreuse, et Leslie (Annasophia Robb, la mâcheuse de chewing-gums de Charlie et la chocolaterie), fille unique d’un couple d’écrivains, se lient d’amitié dans un collège où leurs camarades et leurs professeurs ne contribuent guère à leur épanouissement. Pour fuir la réalité morose de leur quotidien, ils attendent patiemment la fin des cours pour traverser une rivière près de leurs maisons voisine et s’enfoncer dans une forêt qu’ils semblent seuls à connaître. Là, ils imaginent pénétrer dans le royaume de Térabithia, peuplé de créatures aussi étranges que des insectes guerriers, des écureuils-porcs-épics trapus, de minuscules hommes-oiseaux, des rapaces velus ou des géants difformes.

De l’autre côté de la rivière

Ce qui frappe dans ce bestiaire fantastique, ce n’est pas tant la qualité des images de synthèse qui l’animent (œuvre des artistes surdoués de Weta Digital) mais surtout l’indéniable originalité de leur design (signé par le dessinateur russe Dima Marlinchea, collaborateur régulier du metteur en scène). Csupo lui-même avoue s’être laissé inspirer par les univers de Terry Gilliam et Ridley Scott pour bâtir cet univers magique (avec probablement Bandits Bandits et Legend en tête), mais ces influences restent sous-jacentes, sans jamais déteindre sur la personnalité du film. Il faut bien reconnaître que l’amateur de fantastique pur et dur risque d’être frustré par Le Secret de Térabithia, tant les séquences oniriques sont furtives et parcimonieuses. En effet, le récit choisit principalement l’angle de la comédie dramatique humaine, renforçant du même coup la gifle infligée au public lorsque la tragédie survient. L’impact du film et la charge d’émotions qu’il véhicule sont aussi redevables à la grande justesse des comédiens : le jeune duo qui tient l’affiche, bien sûr, mais aussi les adultes, avec une mention spéciale à Robert Patrick dans un registre réaliste inattendu prouvant qu’il y a bien une vie après Terminator 2. Tourné intégralement à Auckland, en Nouvelle-Zélande, Le Secret de Térabithia est donc une très agréable variante sur un thème qu’on croyait usé jusqu’à la corde.

 

© Gilles Penso

 

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