Ce qui frappe dans ce bestiaire fantastique, ce n’est pas tant la qualité des images de synthèse qui l’animent (œuvre des artistes surdoués de Weta Digital) mais surtout l’indéniable originalité de leur design (signé par le dessinateur russe Dima Marlinchea, collaborateur régulier du metteur en scène). Csupo lui-même avoue s’être laissé inspirer par les univers de Terry Gilliam et Ridley Scott pour bâtir cet univers magique (avec probablement Bandits Bandits et Legend en tête), mais ces influences restent sous-jacentes, sans jamais déteindre sur la personnalité du film. Il faut bien reconnaître que l’amateur de fantastique pur et dur risque d’être frustré par Le Secret de Térabithia, tant les séquences oniriques sont furtives et parcimonieuses. En effet, le récit choisit principalement l’angle de la comédie dramatique humaine, renforçant du même coup la gifle infligée au public lorsque la tragédie survient. L’impact du film et la charge d’émotions qu’il véhicule sont aussi redevables à la grande justesse des comédiens : le jeune duo qui tient l’affiche, bien sûr, mais aussi les adultes, avec une mention spéciale à Robert Patrick dans un registre réaliste inattendu prouvant qu’il y a bien une vie après Terminator 2. Tourné intégralement à Auckland, en Nouvelle-Zélande, Le Secret de Térabithia est donc une très agréable variante sur un thème qu’on croyait usé jusqu’à la corde.
© Gilles Penso