L’HOMME SANS OMBRE 2 (2006)

Dans cette suite conçue directement pour une exploitation en vidéo, Christian Slater prend la relève de Kevin Bacon…

HOLLOW MAN II

 

2006 – USA

 

Réalisé par Claudio Faeh

 

Avec Peter Facinelli, Laura Regan, Christian Slater, David McIlwraith, William MacDonald, Sarah Deakins, Jessica Harmon, Sonya Salomaa, Terri Anne Welyki

 

THEMA HOMMES INVISIBLES

Après plusieurs courts-métrages remarqués et le film de guerre Coronado situé en Amérique centrale, le réalisateur Claudio Faeh hérite d’un cadeau empoisonné : la séquelle de L’Homme sans ombre de Paul Verhoeven. C’est une double gageure. D’abord parce qu’à l’exception de Robocop 2, aucune des suites données aux films du génial Hollandais n’a su arriver ne serait-ce qu’à la cheville de son modèle (aujourd’hui, qui se souvient de Basic Instinct 2 ou Starship Troopers 2 ?). Ensuite parce que la relecture du mythe de l’homme invisible par Verhoeven n’avait pas la fougue créatrice et l’audace de ses films précédents, précipitant d’ailleurs sa désertion d’Hollywood et son retour en Europe pour une troisième partie de carrière passionnante. Mais c’est peut-être là que Faeh trouve matière à tirer son épingle du jeu. Le premier Hollow Man n’étant pas une œuvre mémorable, sa suite a moins de chance de pâlir de la comparaison. Verhoeven s’implique du bout des doigts dans cette seconde aventure, acceptant un crédit honorifique de producteur exécutif et apparaissant brièvement en photo dans le rôle d’une des victimes du psychopathe invisible. Le scénario de ce second Homme sans ombre est signé Joel Soisson (Highlander Endgame, Mimic 2, Dracula 2001) pour une distribution directement destinée au marché de la vidéo.

L’Homme sans ombre 2 se déroule dans la ville de Seattle et démarre en trombe. Au cours d’un cocktail arrosé, le scientifique Devin Villiers (John Shaw) est égorgé par un homme invisible. Chargés de mener l’enquête sur cette mort mystérieuse, le détective Frank Turner (Peter Facinelli, qui présente une étonnante ressemblance avec Tom Cruise) et sa partenaire Lisa Martinez (Sarah Deakins), sont chargés de protéger la collègue de Devin, le Dr Maggie Dalton (Laura Regan, vue notamment dans Incassable). Celle-ci semble en savoir plus qu’elle ne le dit, mais lorsqu’une présence invisible se met à rôder autour d’elle et des policiers, elle est bien obligée d’expliquer la situation. À la demande du gouvernement, elle-même et son défunt collègue menaient une expérience top-secrète sur des vétérans de l’armée américaine pour créer l’arme ultime : des soldats indétectables. Le problème, c’est que la technologie employée provoque des effets secondaires indésirables. Les cobayes voient leurs cellules dégénérer lentement jusqu’à l’agonie et la mort. C’est la raison pour laquelle l’un des hommes invisibles créés par Maggie, Michael Griffin (Christian Slater), mué en assassin redoutable et invisible, cherche à tout prix à la retrouver pour qu’elle trouve un antidote au mal qui le frappe…

Cris et chuchotements

Si le dernier tiers de L’Homme sans ombre premier du nom s’autorisait tous les excès, quitte à transformer son anti-héros en monstre invisible aussi puissant qu’un xénomorphe ou qu’un vélociraptor, cette séquelle met un peu la pédale douce sur les « super-pouvoirs » de son successeur et finit par y gagner en efficacité. Le motif de l’homme invisible est ainsi décliné ici sous l’angle du slasher, annonçant plusieurs passages du Invisible Man de Leigh Whannell. La bande son intègre des chuchotements lugubres conçus pour faire frissonner les spectateurs et chaque grincement finit par devenir suspect. Plusieurs séquences de suspense fonctionnent à plein régime, notamment le chassé-croisé dans l’aéroport, et si le film n’a pas les moyens de son prédécesseur (250 plans truqués à peine, dont 80 uniquement pour effacer des câbles), les idées visuelles compensent l’absence d’effets spectaculaires : la silhouette qui apparait dans un caméscope en mode « night vision », le corps transparent partiellement recouvert de sang, l’herbe qui s’enfonce sous des pieds invisibles, les traces de pas qui se dessinent dans la moquette… L’effet de surprise s’est certes un peu évaporé et les prouesses techniques du Tippett Studio manquent à l’appel. Quelques plans du premier film sont même réutilisés pour une scène de flash-back. Mais L’Homme sans ombre 2 se permet quelques audaces, comme ce climax délirant, et même un gag inattendu lorsque ce militant végétarien se met à crier dans la rue « le bacon est un meurtre » (petit clin d’œil potache à Kevin Bacon). Le dénouement du film est très ouvert, mais aucun épisode 3 ne viendra compléter ce diptyque.

 

© Gilles Penso

 

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