DOLLMAN (1991)

Un policier extra-terrestre de trente centimètres de haut débarque sur la Terre et affronte des gangsters dans le Bronx…

DOLLMAN

 

1991 – USA

 

Réalisé par Albert Pyun

 

Avec Tim Thomerson, Jackie Earle Haley, Kamala Lopez, Humberto Ortiz, Frank Collison, Nicholas Guest, Judd Omen, Michael Halsey

 

THEMA EXTRA-TERRESTRES I NAINS ET GÉANTS I SAGA CHARLES BAND

Depuis le début des années 80, Albert Pyun s’est fait un nom en tant que sympathique artisan d’un cinéma d’action décomplexé compensant souvent le manque de moyens par une inventivité à toute épreuve. Après L’Épée sauvage, L’Aventure fantastique, Cyborg, Captain America, Kickboxer 2 et une demi-douzaine d’autres séries B du même acabit, Pyun retrouve le producteur Charles Band – pour qui il avait réalisé l’anecdotique Pleasure Planet – à l’occasion de Dollman. Le concept initial que Band a en tête est une imitation de L’Homme qui rétrécit. Pyun propose quelque chose d’un peu plus original : une version miniature de L’Inspecteur Harry ! Le patron de Full Moon lui donne son feu vert et lui propose même de tourner quasi-simultanément un autre film de science-fiction pour lui : Arcade. C’est donc le système D qui guide la réalisation de Dollman, et ce dès le prologue situé dans une cité futuriste de la lointaine planète Arturos, empruntant tranquillement plusieurs plans à la série TV Buck Rogers au 25ème siècle. Dans ce monde extra-terrestre qui ressemble beaucoup à la Terre et où tout le monde parle anglais – ce qui est bien commode -, Brick Bardo (Tim Thomerson) est un flic dur à cuire, renié par sa hiérarchie pour ses méthodes expéditives à la Clint Eastwood. Équivalent science-fictionnel du célèbre Magnum 357 d’Harry Calahan, l’arme favorite de Bardo est le « Kruger Blaster », le pistolet le plus puissant de l’univers.

Après avoir libéré par la force les otages d’un désaxé dans une laverie, ce policier brut de décoffrage est kidnappé par les hommes de main de Sprudge, un redoutable criminel qui, suite à ses différents affrontements avec Bardo, est réduit à l’état de tête volante ! Le trucage – maladroit mais amusant – utilise tour à tour une fausse tête grimaçante suspendue par des fils et des gros plans de l’acteur Frank Collison outrancièrement maquillé. Deux ou trois échauffourées plus tard, Bardo et Spruge se lancent dans une poursuite spatiale improbable (à base de maquettes en plastique et d’incrustations hasardeuses) puis atterrissent sur la Terre, et plus particulièrement à New York, dans le quartier du Bronx. Le problème, c’est que les proportions ne sont pas les mêmes que sur Arturos. Sur Terre, Brado mesure en effet 33 centimètres de haut. Et tandis qu’il se retrouve chez Debi Alejandro (Kamala Lopez), une mère célibataire qui lutte énergiquement pour chasser les dealers de son quartier, Sprudge s’installe chez des gangsters patibulaires menés par le sanguin Braxton Red (Jackie Earle Haley). L’inévitable affrontement se prépare…

Le flic qui rétrécit

Généreux dans les effets gore (les corps explosent, les blessures saignent abondamment) et dans les quelques effets pyrotechniques qu’il peut se payer avec le maigre budget à sa disposition, Pyun a en revanche beaucoup de difficultés à tenir les promesses du concept de Dollman, faute d’effets spéciaux convenables. Il bricole ce qu’il peut avec les moyens du bord – une petite incrustation par ci, une petite poupée par-là, un ou deux décors modestement surdimensionnés – mais évite la plupart du temps les interactions entre Bardo et les êtres humains. Le potentiel du film n’est donc que très partiellement exploité. Un moment, nous nourrissons l’espoir d’un affrontement entre le flic miniature et un rat. Mais le rongeur se contente de montrer le bout de son museau, Bardo lui dit (comme s’il s’adressait aux spectateurs) « N’y pense même pas », et la scène s’arrête là. Nous qui espérions retrouver quelques frissons hérités de L’Homme qui rétrécit, nous voilà frustrés ! Dollman reste gentiment divertissant, d’autant qu’Albert Pyun intègre dans le film un petit discours social – léger, certes, mais tout de même inattendu dans une production de cet acabit – en filmant réellement dans les coins sensibles du Bronx, parfois en caméra cachée, et en dressant un tableau peu reluisant de quartiers où certaines familles tentent de survivre dans une jungle urbaine gangrénée par le trafic de drogue. Jackie Earle Haley, qui incarne le chef de gang, réapparaîtra dans des productions plus argentées, notamment en Rorschach dans Watchmen et en Freddy Krueger dans Freddy, les griffes de la nuit.

 

© Gilles Penso


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