MOONFALL (2022)

Alors que la Lune dévie soudain de son orbite en menaçant d’anéantir la Terre, une expédition de la dernière chance tente de sauver la situation…

MOONFALL

 

2022 – USA / GB / CHINE

 

Réalisé par Roland Emmerich

 

Avec Halle Berry, Patrick Wilson, John Bradley, Michael Peña, Charlie Plummer, Kelly Yu, Donald Sutherland

 

THEMA CATASTROPHES I EXTRA-TERRESTRES

Le moins qu’on puisse dire, c’est que Roland Emmerich aime creuser sans cesse le même sillon. Moonfall confirme tant cette assertion que son visionnage donne le sentiment d’assister à une sorte de bande-démo du réalisateur, reprenant les « morceaux de bravoure » de 2012, Le Jour d’après, Independence Day et même Godzilla pour les compiler en une sorte de patchwork excessif. Du point de vue de la générosité, il n’y a rien à dire, le réalisateur de Stargate et Le Patriote (sans aucun doute ses deux longs-métrages les plus aboutis) aime en donner au public pour son argent. Mais si l’on veut accepter sans sourciller le spectacle que propose Moonfall, il faut se soumettre à une suspension d’incrédulité qui mettra à rude épreuve les spectateurs les moins exigeants. Car l’intrigue repose sur un argument de science-fiction tellement outrancier qu’il semble très difficile d’y croire, même avec la meilleure volonté du monde. Le prologue, qui emprunte ses effets de style et sa dynamique à l’incontournable Gravity d’Alfonso Cuaron, montre une mission de routine dans l’espace qui tourne mal. Alors qu’il est en manœuvre extravéhiculaire à proximité de la Lune, l’astronaute Brian Harper (Patrick Wilson) voit surgir une sorte d’essaim gigantesque qui s’approche dangereusement de lui et provoque la mort de son co-équipier. Harper a tout juste le temps de réintégrer sa navette et de ramener saine et sauve la pilote Jo Fowler (Halle Berry).

Accusé de négligence, notre homme échoue à défendre auprès des institutions sa version de l’histoire. Tombé de son piédestal, l’ancien astronaute vedette perd son travail, ne parvient pas à sauver son mariage et sombre dans une injuste déchéance. Parallèlement, le scénario co-écrit par Emmerich, Harald Kloser et Spenser Cohen s’intéresse à K.C. Houseman (John Bradley), un passionné d’espace qui a développé une théorie délirante. Selon lui, la Lune est une station spatiale creuse – une « mégastructure » selon ses propres termes – conçue par des extra-terrestres. Bien sûr, personne ne lui accorde le moindre crédit, jusqu’au jour où il découvre que notre satellite « naturel » est en train de dévier de son orbite, menaçant la Terre d’un anéantissement imminent. Tous les éléments du puzzle étant assemblés, l’intrigue peut prendre la tournure que Roland Emmerich affectionne par-dessus tout : un film catastrophe où s’enchaînent les destructions apocalyptiques tandis qu’une poignée de valeureux héros tente le tout pour le tout pour sauver le monde.

Voyage au centre de la Lune

L’absence de finesse du film est tellement flagrante qu’il est honnêtement difficile d’appréhender Moonfall au premier degré, qu’il s’agisse des séquences d’action improbables (la voiture poursuive par un raz de marée qui saute de rochers en rochers comme si elle se prenait pour Super Mario), des dialogues sentencieux (« Je veux te laisser un monde où tu pourras grandir pour devenir un homme meilleur que moi ») ou des traits d’humour navrants principalement véhiculés par le geek caricatural de service. Restent le charisme impeccable de Patrick Wilson et Halle Berry et des effets visuels comme toujours extrêmement spectaculaires. Ce n’est hélas pas suffisant pour emporter l’adhésion d’un public qui ne s’impressionne plus aussi facilement qu’avant. D’autant qu’en matière de scénario alarmiste reflétant l’état d’esprit de la population à l’annonce d’un cataclysme planétaire, Don’t Look Up a précédé Moonfall de quelques mois. Et face à la fable satirique brillante et désespérée d’Adam McKay, le film de Roland Emmerich fait bien pâle figure, arpentant avec de gros sabots des sentiers qu’il eut été plus judicieux de fouler avec retenue et justesse. Mais le réalisateur d’Universal Soldier est incorrigible : il lui faut des déflagrations, des raz de marée, des héros qui n’ont pas froid aux yeux et des sacrifices humains, quitte à oublier toute crédbilité et toute mesure pour réunir les ingrédients de son cocktail préféré.

 

© Gilles Penso


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