ULTRAVIOLET (2006)

Pour son second film, le réalisateur d’Equilibrium nous plonge dans un monde futuriste où les vampires sont traqués par le gouvernement…

ULTRAVIOLET

 

2006 – USA

 

Réalisé par Kurt Wimmer

 

Avec Milla Jovovich, Cameron Bright, Nick Chinlund, Sebastien Andrieu, Ida Martin, Ricardo Mamood, William Fichtner

 

THEMA VAMPIRES I FUTUR

Même si la présence de Milla Jovovich en tête d’une affiche est rarement gage d’une œuvre cinématographique impérissable, nous étions curieux de découvrir cette relecture futuriste du vampirisme par l’auteur d’Equilibrium. Kurt Wimmer était en effet parvenu à se réapproprier avec talent les univers dystopiques de George Orwell et Aldous Huxley en les combinant habilement aux codes du cinéma d’action pour un résultat franchement convaincant. Son second long-métrage semble vouloir prendre le contrepied visuel du précédent. À la noirceur et l’austérité, Ultraviolet oppose une palette multicolore et acidulée. Dès le générique de début, sur lequel s’affichent de nombreuses couvertures de comics parfaitement imaginaires (le film n’est pas tiré d’une BD mais provient directement de l’imaginaire du cinéaste), le ton est donné. Mais ce parti-pris de l’exubérance fixe d’emblée ses limites. Une musique éléphantesque de Klaus Badelt, des séquences d’action tellement chorégraphiées qu’elles perdent toute crédibilité, une esthétique de spot de publicité, des images de synthèse trop excessives pour s’avérer concluantes : dès les premières minutes, le film heurte notre suspension d’incrédulité. Ce cartoon live filmé intégralement en Chine (entre Hong-Kong et Shanghai) va avoir beaucoup de mal à nous convaincre.

C’est en voix off que Violet (Milla Jovovich) nous résume la situation. Nous sommes à la fin du 21ème siècle. Une maladie provoquant une mutation génétique a donné naissance à une nouvelle race de vampires baptisés les hémophages. Plus forts, plus rapides et plus intelligents que les humains, ils sont traqués sans relâche par le gouvernement sous la supervision du tyran Daxus (Nick Chinlund). Le postulat de départ n’est pas sans évoquer le classique de la SF « À la poursuite des Slans » d’A.E. Van Vogt. Infectée par cette maladie, Violet est déterminée à protéger les siens et à se venger de ceux qui ont provoqué la mutation. Elle s’introduit donc dans un bâtiment top secret sous une fausse identité et s’empare d’un sérum conçu pour éliminer définitivement les derniers hémophages. En découvrant que cette arme est en réalité un enfant (Cameron Bright, le gamin de Godsend et Birth), elle refuse de le laisser tuer. La voilà donc seule contre tous, en cavale avec l’enfant, prise entre les feux des humains et des vampires dirigés par Nerva (Sébastien Andrieu).

Entre deux feux

Les dialogues du film ne reculent devant aucune emphase. « Je suis un titan, un monolithe, rien ne peut m’arrêter », déclame ainsi Violet pour affirmer son statut d’hémophage. Pour autant, nous ne la verrons jamais se nourrir de sang ni souffrir du soleil. Ce vampire new-age nous laisse donc pantois. Quelque part à mi-chemin entre Matrix et Blade, Ultraviolet semble chercher son identité et sa tonalité en permanence, sans cesse entravé par des effets numériques hideux qui lui ôtent tout charme et toute finesse. Du coup, les nombreux combats et poursuites sur lesquels repose la majorité du métrage n’ont jamais l’impact voulu. Est-ce bien le même Kurt Wimmer qui nous offrit Equilibrium qui – justement, comme son titre l’indiquait – savait trouver le juste équilibre entre l’action et la réflexion ? Il est permis d’en douter. Un petit coup d’œil dans les coulisses du film nous permet de mieux comprendre. Déçus par le montage d’Ultraviolet – trop « émotionnel » à leur goût -, les cadres du studio Sony le firent intégralement remonter, enlevant toute la violence et la noirceur susceptibles d’écarter les jeunes spectateurs, se focalisant sur l’action, retirant trente minutes du métrage, utilisant même des images de synthèse non finalisées. Ceci explique donc cela. Wimmer désavoua le film, pas du tout conforme à sa vision initiale, et vit malheureusement sa carrière étouffée dans l’œuf. Il ne put repasser à la réalisation que quinze ans plus tard, à l’occasion d’un épisode de la saga des Démons du maïs.

 

© Gilles Penso


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