LA FURIE DU LOUP-GAROU (1972)

Cette quatrième aventure du loup-garou Waldemar mêle la lycanthropie, des expériences scientifiques contre-nature et des mutants bizarres…

LA FURIA DEL HOMBRE LOBO

 

1972 – ESPAGNE

 

Réalisé par José Maria Zabalza

 

Avec Paul Naschy, Perla Cristal, Verionica Lujan, Miguel de la Riva, José Marco, Francisco Amoros, Javier de Rivera, Ramon Lillo, Fabian Conde, Pilar Zorrilla

 

THEMA LOUPS-GAROUS I SAGA WALDEMAR DANINSKY

La Furie du loup-garou est le quatrième épisode de la « saga » consacrée au lycanthrope Waldemar Daninsky. Sa réalisation et sa distribution ayant été entravées par de nombreux problèmes de tous ordres, le film existe dans plusieurs versions aux montages différents, fut d’abord diffusé à la télévision aux États-Unis en 1974, ne sortit en salles en Europe qu’en 1975 et resta inédit chez nous. Un montage suédois titré Wolfman Never Sleeps contient même des séquences de sexe et de nudité, preuve que cet opus ne sait pas trop sur quel pied danser et part dans tous les sens. Car ici, Paul Naschy – acteur principal et scénariste – fait fi de toute continuité et de toute logique, contredisant à peu près tout ce que les épisodes précédents racontaient. Ainsi Waldemar Daninsky, que nous avons connu sous la défroque d’un noble villageois en pleine période gothique, est-il désormais un professeur d’université dans l’Espagne des années 1970. Même les origines du mal qui l’atteint ont changé. Si nous découvrions dans Les Vampires du docteur Dracula qu’il avait été mordu par l’homme-loup Imre Wolfstein pendant une battue en pleine campagne d’Europe de l’est, le scénario de La Furie du loup-garou nous apprend qu’il revient d’une expédition scientifique dans les montagnes du Tibet où il aurait contracté la terrible malédiction. Ce film lui invente même une épouse, Karin Daninsky, incarnée par Veronica Lujan.

Tout repart donc sur de nouvelles bases, aux accents d’une voix off introductive annonçant sur un ton lugubre : « Quand le soleil se couche au-delà des montagnes lointaines et que la pleine lune brille dans le ciel, quelque part sur la terre, un homme se transforme en loup. » Rendu fou de jalousie en apprenant que sa femme le trompait, ce bon vieux Waldemar se transforme en loup-garou dès la lune venue, tue l’épouse infidèle et son amant puis s’électrocute dans les bois en empoignant un câble à haute tension. La scientifique Ilona Ellman (Perla Cristal) fait alors exhumer son cercueil, dans une ambiance embrumée sous haute influence des productions Hammer Films. En émule du docteur Frankenstein, cette savante illuminée qui ne s’embarrasse guère de considérations éthiques ou morales décide de le ranimer en utilisant l’électricité, avec l’aide de trois assistantes plus ou moins consentantes. Son but est de prouver qu’elle est capable de contrôler à distance l’esprit humain. Bien sûr, rien ne se passera comme prévu…

La foire d’empoigne

Commencé par le réalisateur Enrique Equiluz, qui n’aura eu le temps de ne tourner qu’une seule séquence, La Furie du loup-garou sera finalement mis en boîte par José Maria Zabalza, un metteur en scène « paresseux, alcoolique et grossier » d’après le témoignage de Paul Naschy ! On imagine des relations très orageuses entre les deux hommes, ce qui explique en partie les nombreux raccourcis faciles et les innombrables incohérences qui entravent La Furie du loup-garou. Bourré de faux-raccords et de séquences qui s’enchaînent bizarrement au mépris de toute continuité, le film souffre de l’utilisation très maladroite d’un cascadeur qui remplace Paul Naschy dans de nombreuses séquences. Non content de porter un maquillage différent, il ne se déplace pas du tout de la même manière. Selon les plans, le lycanthrope sautille donc hystériquement avec bestialité ou marche droit comme un piquet. Pour rallonger le montage, Zabalza n’hésite pas non plus à reprendre intégralement une séquence des Vampires du docteur Dracula et à l’intégrer artificiellement dans le montage. Portant une tenue différente de celle des autres séquences, Waldemar agresse ainsi un homme et sa fille dans leur bicoque d’un autre siècle. Bref rien ne va plus dans cette foire d’empoigne qui mélange les intrigues amoureuses de soap opera, les mutants bizarres (dont l’un se cache derrière un masque à la Fantôme de l’opéra), les hippies hilares enchaînés dans une crypte, un homme-plante, une louve-garou et un vilain qui endosse une armure de chevalier comme s’il sortait d’un sketch des Monty Pythons ! Très drôle au second degré, La Furie du loup-garou a sombré aujourd’hui dans un oubli légitime.

 

© Gilles Penso


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