LE RETOUR DU VAMPIRE (1958)

Parfait émule mexicain de Christopher Lee, German Robles incarne une seconde fois le redoutable comte Duval aux dents acérées…

EL ATAUD DEL VAMPIRO

 

1958 – MEXIQUE

 

Réalisé par Fernando Mendez

 

Avec German Robles, Abel Salazar, Ariadna Welter, Yerye Beirute, Alicia Montoya, Carlos Ancira, Guillermo Orea

 

THEMA VAMPIRES

Conforté par le succès des Proies du vampire, Fernando Mendez en signa une séquelle dès l’année suivante, reprenant naturellement ses trois têtes d’affiches, autrement dit l’altier German Robles, l’allègre Abel Salazar et la toute belle Ariadna Welter. Dès les premières images, situées dans une crypte embrumée au beau milieu de la Sierra Negra, cette séquelle frappe par un esthétisme qui n’a rien à envier à celui de l’épisode précédent. On y découvre le visage karloffien du comédien Yerye Beirute, incarnant un peu scrupuleux voleur de cadavre venu prêter main-forte à un médecin soucieux d’étudier le fonctionnement cellulaire des vampires. Le comte Duval est donc ramené dans son cercueil, depuis sa terre natale jusque dans les locaux du sanatorium Louis Pasteur, en plein centre-ville. Appâté par la précieuse amulette qui orne le cou du vampire, le voleur de cadavre revient au sanatorium en pleine nuit pour la dérober, ôtant au passage le pieu fiché dans le cœur du vampire. Ramené à la vie, ce dernier fait du brigand son esclave et se met à hanter les lieux, soucieux de planter ses crocs dans la gorge de la belle Marta afin d’en faire son éternelle compagne au royaume des non-morts. Il verra ses plans machiavéliques contrecarrés par le docteur Enrique, héros du film précédent et « rival amoureux » du suceur de sang, et par la vieille tante Maria Teresa, venue affronter son bourreau dans son éternelle robe de deuil.

La terreur atemporelle qu’exhalait la campagne mexicaine des Proies du vampire est ainsi remplacée par une atmosphère d’épouvante moderne, réaliste et clinique. Et force est de constater que les couloirs d’hôpital aseptisés n’entament en rien l’impact de chaque apparition du vampire Duval, ce dernier continuant régulièrement à se muer en chauve-souris pour terrasser ses victimes humaines et révélant de redoutables dons d’hypnotiseur. La transposition de l’intrigue dans un univers contemporain rappelle par certains aspects les partis pris de Tod Browning qui, fidèle aux intentions de Bram Stoker, situait la majeure partie de son Dracula dans le Londres des années 30.

L’ombre et la proie

Mais une autre référence vient ici à l’esprit : les chefs d’œuvre du duo Jacques Tourneur et Val Lewton (La Féline, L’Homme léopard). Notamment au cours d’une magistrale séquence de prise en chasse d’une victime féminine apeurée dans les grandes rues nocturnes de la ville, les ombres du chasseur et de sa proie s’étirant jusqu’à l’excès sur les bâtiments et les pavés. La réussite graphique de cette séquelle est donc indéniable. Ce que confirme le décor gothique dans lequel se situe le climax, un musée des horreurs faisant la part belle aux figures de cire grimaçantes et aux instruments de torture en tout genre (de la potence à la guillotine en passant par la Vierge de Nuremberg). Pour tempérer quelque peu le propos, Abel Salazar (à la fois interprète du docteur Enrique et producteur du film) apporte parcimonieusement quelques touches de légèreté. Comme lorsqu’il tente d’expliquer à un policier borné la différence entre une chauve-souris et un vampire, affirmant sans sourciller : « l’une a des ailes, l’autre une cape » !

 

© Gilles Penso


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